L'Aisne avec DSK

09 février 2011

Strauss-kahnologie.

Bonjour à toutes et à tous.


Dans les prochaines semaines et prochains mois, je pressens qu'une science nouvelle va se développer, avec ses amateurs et ses professionnels, ses virtuoses et ses faussaires : la strauss-kahnologie. C'est un savoir à la croisée de la traduction des langues et de l'analyse des comportements. L'objet d'étude de cette science : DSK, ses proches et ses partisans. Sa finalité : découvrir s'il sera ou non candidat en 2 012.

La leçon inaugurale de cette nouvelle science a eu lieu ce matin, dans les commentaires autour d'une simple phrase d'Anne Sinclair, son épouse : "Pour ce qui me concerne, je ne souhaite pas qu'il fasse un second mandat (à la tête du FMI)". Autrefois, dans la théologie byzantine, quelques mots suffisaient à faire basculer le cours du monde, parfois à déclencher des guerres. Nous n'en sommes pas encore là, mais plus très loin.

Anne Sinclair est depuis toujours une femme engagée à gauche : quoi de plus normal qu'elle souhaite voir DSK, notre meilleur candidat, se tourner vers la France plutôt que vers le FMI ? N'importe quel militant socialiste un peu raisonnable ne peut être que sur cette ligne-là. Mais ça ne nous apprend rien sur les pensées de son présidentiable de mari ! Avez-vous remarqué quand même qu'Anne Sinclair ne se faisait pas appeler Anne Strauss-Kahn ?

Et puis, Strauss est trop rationnel pour être dans une culture du signe, du symbole, de l'allusion à décrypter. S'il a quelque chose à dire, y compris une hésitation ou une incertitude, il le dira directement, sans passer par l'intermédiaire de son épouse. Je connais un peu, depuis une petite dizaine d'années, le monde des strauss-kahniens : chacun est libre et responsable de soi, notre fidélité est intellectuelle, notre complicité purement politique et Strauss est le seul dépositaire de sa parole. Il n'y a pas chez nous de porteurs d'eau ou de porte-flingues, d'allégeance personnelle ou de phénomènes de cour, contrairement à d'autres cercles politiques. Cette liberté existait déjà chez les rocardiens, à la différence du petit monde très hiérarchisé, concentrique, évoluant autour de Mitterrand.

Enfin, la vérité est toujours plus simple qu'on ne le croit : Strauss-Kahn pour le moment travaille ; quand le temps viendra, quand le calendrier du Parti socialiste l'imposera, il se décidera, au vu des données politiques qu'il aura alors en sa possession, et qui peuvent évoluer au fil des mois. DSK n'a pas programmé son ambition présidentielle. Il ne sacralise pas le pouvoir, ne fait pas de sa conquête une épreuve initiatique. Il jugera en fonction de son utilité, de ce qu'il peut apporter à la gauche et à la France. Il n'y a pas besoin de strauss-kahnologie pour cela : cette fausse science est à Strauss-Kahn ce que l'astrologie est à l'astronomie, l'alchimie à la chimie et la parapsychologie à la psychologie.


Bonne journée.