L'Aisne avec DSK

23 février 2011

Mais c'est donc ça la politique ?


J'ai vu avant hier "Le Président", documentaire d'Yves Jeuland sur la dernière campagne régionale de Georges Frêche. Paix à son âme, mais c'est édifiant ! On se croirait dans un film de Jean-Pierre Mocky : l'entourage du président de Languedoc-Roussillon est composé de tronches pas possibles, avinés, cheulou, des obligés, des faire-valoir, partisans ou courtisans on ne sait plus très bien, une petite bande aux allures de mafia, des conseillers à l'utilité douteuse et à l'humour gras, mâchant chewing-gums à la façon des ruminants, aux regards parfois de bovidés, tripotant constamment leur téléphone mobile comme pour signifier que tout les emmerde mais qu'ils ont quand même intérêt à être là, papillonnant autour de Frêche. Il en ressort une image peu glorieuse de la politique.

Georges Frêche lui-même apparaît sous un jour pas vraiment sympathique, personnage vulgaire, quelquefois écoeurant dans son comportement, se curant ostensiblement les dents quand ses conseillers tentent ... de le conseiller, avalant goulûment une tranche de jambon, léchant l'oreille de l'un de ses colistiers ou bouffant des post-it (authentique !), passant le plus clair de son temps devant des piles de parapheurs à signer mécaniquement des documents qu'il ne lit même pas !

Et puis il y a le cynisme, les mensonges, la fausse sincérité, la manipulation des hommes, l'égocentrisme, la brutalité, d'autant plus surprenant que Frêche est faible, malade, fortement handicapé, s'aidant d'une canne ou d'une épaule voisine, avec des moments de folie qui lui traversent le visage, une inquiétante immobilité de statue, à l'image de celles qu'il veut à tout prix ériger dans sa ville de Montpellier, Mao et Lénine compris (on a, de peu, échappé à Staline !).

Mais c'est donc ça la politique ? C'est donc ça le socialisme ? Et ces types dont je ne voudrais même pas dans ma cuisine, ce sont des camarades, des socialistes ? J'ai du mal à m'en convaincre, je me fais une autre et une haute idée de la gauche, pas celle que m'inflige douloureusement ce documentaire. Pourtant, je dois nuancer et corriger mon jugement, une fois le choc des images passé : le grand écran inévitablement porte à la caricature, un visage prend alors l'énormité d'une gueule, les tics, les travers sont fortement accentués, sans doute injustement.

Surtout, il y a toute une dimension de la politique que le documentaire n'aborde pas (ce n'était pas le but) : la gestion de la ville et de la région, les réalisations de Georges Frêche. L'action publique, au bout du compte, c'est ça, pas les comportements, le style ou la personnalité des individus au pouvoir. Car on dira tout ce qu'on voudra de lui, on pourra le critiquer comme je le fais, rien n'effacera que Frêche s'est fait élire cinq fois consécutives maire de Montpellier. C'est ce que l'histoire et la population retiendront de lui, parce que c'est la seule chose qui importe en démocratie. Allez voir ce film, si vous n'en ressortez pas dégoûtés, c'est que vous êtes bons pour la politique !



Bon après-midi.

2 Comments:

  • Que François Hollande se soit discrètement engouffré sous un porche du quartier Monparnasse pour y rencontrer "l'homme qui sera candidat" mais qui n'a pas le droit de le dire, on s'en fiche autant que de notre première barboteuse.

    D'après mes sources parisiennes, François Hollande fait peur, il progresse de 5 points dans un sondage à paraître demain ou après-demain, alors le patron du FMI, qui lui baisse de 5 points et voit le château promis lui échapper, lui aurait demandé de se retirer avec la promesse de Bercy ou Matignon. Les petites magouilles continuent.

    By Anonymous Anonyme, at 8:59 PM  

  • 1- Vous vous en fichez mais vous en faites tout un commentaire.

    2- Vos sources sont peut-être empoisonnées, vérifiez avant de consommer.

    3- C'est vous qui jouez à vous faire peur.

    4- Une promesse n'est pas une magouille, c'est une promesse.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:40 PM  

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