Faire le job.

Bonjour à toutes et à tous.


C'était hier à 15h00 l'inauguration de la traditionnelle Fête de la Chandeleur, sur la place de l'Hôtel de Ville, à Saint-Quentin. Pour un politique, c'est l'endroit où il faut être, même s'il ne s'y passe rien. L'Aisne Nouvelle avait dépêché un journaliste et un photographe pour immortaliser l'événement, la fameuse coupure de ruban tricolore. Les ciseaux sont chargés de le transformer en petits morceaux distribués aux élus, comme l'hostie aux catholiques. La présence de Jean-Claude Decroix, chef officieux du protocole, que le docteur Huguet appelle "Monsieur le Grand Chambellan", solennisait la cérémonie. Il ne se passe rien mais un incident diplomatique est si vite arrivé !

C'est le côté ingrat, apparemment inutile, de la politique : se taper une inauguration ! Et pourtant, si beaucoup d'adjoints sont là, si les deux candidats sortants de l'UMP aux cantonales sont présents, si Xavier Bertrand, qui a sûrement mieux à faire, a rejoint la petite troupe à la fin, ce n'est pas pour rien. Ils font le job. D'abord, c'est dans le cahier des charges d'un élu que d'assister aux événement officiels. Ensuite, la Chandeleur est une fête traditionnelle et populaire, même s'il n'y avait pas grand-monde encore en ce début d'après-midi. On croise des gens, on discute un peu, on se montre.

Ce n'est pas que ça mais c'est ça aussi la politique : montrer qu'on est là, qu'on existe. Demain ou après-demain, dans la presse, plusieurs milliers de Saint-Quentinois verront la photo, s'amuseront à reconnaître les visages de ceux qui sont là, à leur donner des noms. C'est peut-être dérisoire mais ce n'est pas indifférent. J'ai compris depuis longtemps, même si ça ne me plaît pas nécessairement, que la politique est autant le domaine des petites choses que des grandes idées.

Colette Blériot se précipite d'un stand à un autre, la pêche aux canards ou le tir à la carabine, comme une gamine. Elle joue parfaitement son rôle, très naturelle. Avec un peu de chance, elle sera mardi dans le "Petit Carillonneur", rubrique très lue de L'Aisne Nouvelle, et ce sera bon pour elle. A moins que ce ne soit Jérôme Lavrilleux qui lui dame le pion, le photographe cherchant à le prendre devant l'effigie de Robocop. Ce sera bon pour lui aussi. Mais la photo originale est un art journalistique difficile.

Qu'est-ce qui se passe quand il ne se passe rien ? Qu'est-ce qu'on fait lorsqu'on n'a rien à faire ? On cause entre adversaires politiques, on se tient au courant. Ce n'est plus la pêche aux canards mais aux nouvelles. Et ça ressemble parfois à du tir à la carabine. Les élus de droite me demandent avec étonnement pourquoi je ne suis pas candidat aux cantonales. Par malice, naïveté ou sincérité ? Je m'en sors par une boutade, la plaisanterie, le second degré. La politique ne s'accorde pas toujours avec la vérité.

A la fin, Xavier Bertrand entraîne tout son monde prendre un verre dans la brasserie L'Imprimerie. La visite pour moi s'arrête là, à sa dimension publique. Mais, au fait, qu'est-ce que je fais ici, puisque je suis ni élu, ni candidat ? C'est que je crois que la gauche doit aussi être présente, car c'est ainsi qu'on finit par gagner, par ce travail ingrat, dérisoire de terrain, élu ou pas, candidat ou pas. Comment croyez-vous que Xavier Bertrand a fait avant d'en arriver là où il est ? Et la méthode lui a si bien réussi qu'il continue alors qu'il aurait les moyens d'arrêter. Un adversaire peut aussi être un maître.


Bon dimanche.