Qui a peur de Josette ?

Bonsoir à toutes et à tous.


Nous savons donc depuis hier qui est le "candidat mystère" dans le canton de Saint-Quentin nord : Josette Janssen, qui nous promet un numéro d'humoriste tout en faisant des remarques et propositions tout à fait sérieuses, dans la lignée d'un Coluche en 1980. Faut-il le regretter, craindre et condamner ? Je pense que non, pour quatre raisons :

1- En démocratie, il n'y a pas de sérieux ou pas sérieux, de grands ou petits candidats, mais des citoyens qui se présentent librement devant le suffrage universel, avec le ton et sous les formes qui leur plaisent. Il n'y a pas à décréter un profil type, un modèle idéal, une catégorie honorable. Ce sont les électeurs qui trancheront par leur vote, pas la classe politique dont la corporation ne peut évidemment que s'offusquer de l'irruption d'un trublion et histrion.

2- La République, depuis qu'elle existe, a connu ce genre de candidatures fantaisistes, dans toute sorte de scrutins. En a-t-elle été menacée ? Ses bases ont-elles tremblé ? Absolument pas, et jamais. Le danger vient de l'extrême droite, pas des humoristes. Et puis, la monarchie avait ses bouffons, pourquoi pas la République ? C'est finalement très sain, une sorte de soupape. La politique se prend trop au sérieux (j'en sais quelque chose) pour ne pas en rire gentiment. De toute façon, le moment venu, l'électorat saura redevenir grave et faire ses choix sans plaisanter.

3- La candidature de Coluche, pour ceux qui s'en souviennent, n'était pas seulement une vaste rigolade. Elle avait une fonction critique, elle souhaitait rassembler les exclus de la politique, elle était révélatrice d'un malaise de notre société. Il n'y a pas que la raison qui soit pertinente dans la vie ; le rire aussi est porteur de vérité. J'avoue qu'il m'arrive parfois de vouloir rigoler au lieu d'argumenter, tellement cette réaction me semble plus vraie, plus efficace.

4- Les humoristes prospèrent sur la faiblesse, la médiocrité des politiques. Si nos candidats sont à la hauteur, s'ils ont de véritables projets, s'ils intéressent et mobilisent les électeurs, madame Janssen sera très vite oubliée, comme Coluche en son temps, éclipsé au bout de quelques mois par la candidature de Mitterrand et l'affrontement avec Giscard. C'est le sort que je souhaite à notre Coluche local.


Bonne soirée.