L'Aisne avec DSK

23 mars 2011

La vérité d'un soir.

Bonjour à toutes et à tous,


Chaque soirée électorale est un petit bijou de psychologie humaine. C'est à ce moment-là que les masques tombent, dans une activité, la politique, qui consiste à porter sans cesse un masque. Il y a une vérité, ces soirs-là, à laquelle personne n'échappe. Une forme de justice aussi. On apprend beaucoup dans ce genre d'occasion, beaucoup plus que dans les livres.

Une campagne a toujours quelque chose d'illusoire. Les militants se montent facilement la tête, les rumeurs sont leur pain quotidien. Les plus athées deviennent alors croyants : la victoire n'est jamais aussi belle qu'avant la défaite ! Les plus lucides s'aveuglent, volontairement ou pas. Mais militerait-on si on ne se faisait aucune illusion ? En tout cas, au soir des résultats, plus de mensonges : le roi est nu, la vérité est là. En démocratie, le peuple a toujours raison.

Dans ces soirées un peu folles quoique très calmes, les vainqueurs jouent la modestie, se forcent à l'humilité, rapetissent leur ego jusqu'à passer dans un chas d'aiguille. Mais au fond de leur froc, ils pissent de joie. Comme on les comprend ! Quand on fait de la politique, quoi de plus délectable, savoureux et jouissif que la victoire ? Mais il ne faut surtout pas le montrer : rester maître de soi, décent, bourgeois, banal dans ses déclarations. Et puis, la victoire est un acquis fragile. Il faut penser à demain, à d'autres possibles victoires. Pas question de se contenter de gagner une fois ! La politique en veut toujours plus.

Chez les perdants, on a du mal à cacher qu'on a perdu. Les bouches se taisent, ce sont les visages qui parlent, des gueules pas possibles qui s'afficheront dans le journal du lendemain. Déliquescence, liquéfaction : ces pauvres têtes ressemblent aux montres molles de Dali. Chez les candidates, il y a des glaciers de maquillage qui fondent : ce n'est pas la sueur de la campagne, ce sont les pleurs de la défaite, qui font parfois deux traînées noires de clown triste le long des joues. Chez les candidats, la chair du visage passe du blanc au gris et subit plus que de coutume la loi de l'attraction : les sourires tirent vers le bas, les paupières tombent sur les yeux.

La Bérézina, tout le monde a connu ça en politique. La plupart fuient, c'est le mouvement naturel des hommes et des bêtes quand la forêt prend feu. Fuir d'abord les journalistes avec leurs questions embarrassantes. La photo dans le journal, c'est bien joli quand c'est joli, rosé et pimpant, pendant la campagne, dopé à l'illusion. Mais le soir d'une déroute, non merci.

Après la fuite, il y a le déni. Si le corps lâche et trahit, le langage, lui, est maîtrisé et capable de beaucoup de magie. Par exemple dire, expliquer, démontrer que la défaite n'est pas vraiment une défaite, qu'on est quand même content au milieu des ruines fumantes. Les plus audacieux pousseront même le raisonnement et la dialectique jusqu'à transformer une grosse défaite en petite victoire qu'ils sont les seuls à voir. Ce miracle est provoqué par un merveilleux auxiliaire : les chiffres.

Ah les chiffres ! Pinaillez, chipotez, détaillez, vous en trouverez toujours qui vous consoleront, qui relativiseront, qui feront espérer en plein désespoir. Heureusement que les chiffres sont là pour satisfaire la lâcheté de ne pas voir la réalité, de ne pas accepter la vérité, de ne pas assumer la situation et les résultats. Qu'est-ce qu'on deviendrait sans eux ! Il resterait bien sûr les mots, mais avec eux c'est plus difficile : il faut faire des phrases, travailler, chercher. Et puis, les mots c'est de la dynamite, ça peut péter au nez. Les chiffres sont rassurants, faciles, menteurs pourvu qu'on sache un peu, juste un peu, les manipuler.

La vérité d'un soir, à l'issue d'une campagne électorale, est donc terrible. Mais c'est bien peu en comparaison des mensonges qui jalonnent une vie. Je suis bien sûr excessif, injuste et cruel. Mais il faut l'être pour se faire comprendre, comme le dessinateur qui noircit les traits d'une caricature. Et on a raison de l'être à l'égard de ceux qui aspirent ou se tiennent au pouvoir, car ils ne sont pas les plus à plaindre en ce monde. Et puis, j'en fais partie, je me dois donc d'être sans complaisance envers moi-même, cherchant seulement à faire sortir d'une réflexion un peu de vérité.


Bonne journée de vérité.

19 Comments:

  • Quand vous évoquez le déni
    etes vous enfin apte à reconnaitre votre défaite en 2004 ou considérez vous toujours qu'elle était encourageante ?

    By Anonymous Anonyme, at 7:23 PM  

  • Serez vous sur la liste municipale que compte monter le candidat monnoyer apres son bon score de dimanche ?

    By Anonymous Anonyme, at 7:28 PM  

  • A 7:23 :

    Il est plus encourageant d'être battu au second tour avec 3 points qui vous séparent de l'UMP qu'être éliminé au premier tour par le FN. Je confirme donc.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:45 PM  

  • Encourageant en quoi ?
    battu pour battu,
    il n'y a que cela qui compte.

    By Anonymous Anonyme, at 7:47 PM  

  • A 7:28 :

    1- Quand on fait moins de 5 points, je ne considère pas ça comme un "bon score".

    2- Je ne vois pas pourquoi je serais sur une liste d'un parti qui n'est pas le mien.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:48 PM  

  • A 7:47 :

    Encourageant pour une future victoire. Battu au premier tour et battu au second tour, ce n'est pas la même chose.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:51 PM  

  • Un front national à 18,39% en 2004,ce n'est pas un front en 2011 à 25,94 %.Un taux de participation de 59,88% en 2004,ce n'est pas la m chose qu 'un taux de participation de 42,39% en 2011.
    Un parti socialiste à 22,77% en 2004,ce n'est pas la même chose qu'un P.S. à 23,50% en 2011(avec une progression en % d'exprimés sur 11 BUREAUX DE VOTE sur 14 à Saint-Quentin en 2011 par rapport à 2004)
    Et pourtant le P.S. ne sera pas au deuxième tour;paradoxal,non.

    By Anonymous Anonyme, at 8:42 PM  

  • Ce qui est la même chose, c'est que la droite gagne et que la gauche perd. Et si je vous comprends bien, plus le PS progresse, plus il perd ! Ce n'est pas un paradoxe, c'est un numéro comique.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:47 PM  

  • Sans intérêt de vous parler;vous n'êtes pas capable d'analyser des résultats électoraux;

    By Anonymous Anonyme, at 8:55 PM  

  • Ca c'est sur que vous avez bien préparé le terrain.
    On voit l'encouragement,
    on ne peut que regretter que votre parti ne vous ait pas désigné pour prendre cette branlée là.

    By Anonymous Anonyme, at 8:59 PM  

  • A 8:55 :

    Je ne vous oblige pas à me parler, mais moi je vous écoute et je constate que nous n'avons pas le même sens de l'analyse. N'en faites pas toute une histoire !

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:04 PM  

  • A 8:59 :

    Moi aussi je regrette de n'avoir pas été désigné. Quant à la "branlée", je vous laisse la responsabilité de ce mot.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:05 PM  

  • Je n'ai rien compris à ce message d'aujourd'hui ! Rien !

    Comme je suppose ne pas être le seul, et que d'habitude je comprends las autres messages que vous postez, je vous le signale.

    Qui est dans le déni ? Qui tripatouille les chiffres ? Qui pisse de joie ? Le gagnant UMP ? L'outsider FN qui va perdre ? Le PS qui s'est fait laminer ?

    C'était plus clair dans les messages précédents.

    By Anonymous Citoyen, at 10:45 PM  

  • Vous ne comprenez rien et vous supposez mal ! C'est embêtant tout de même. Relisez tout ça lentement et à tête reposée.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:04 PM  

  • la veritè d un soir electorale a st quentin ,c est de nouveau la deroute du ps locale que je regrette ,mais qui est normal vu l incompetence des candidats berlemont et de vous mème.

    By Anonymous Anonyme, at 10:35 AM  

  • Admettons, mais qui serait alors, pour vous, candidats socialistes "compétents" ?

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:54 AM  

  • Ah ça y est, j'ai relu et j'ai compris.

    Effectivement, c'était clair, en fait.

    By Anonymous Citoyen, at 11:03 PM  

  • Vous voyez, ce n'est pas si difficile.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:19 PM  

  • J'aime bien, a posteriori, faire remarquer à ceux qui ne m'ont pas cru que j'avais raison, alors il n'y a pas de raison que je ne signale pas aussi les moments où j'ai eu tort :-D

    By Anonymous Citoyen, at 9:07 AM  

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