L'Aisne avec DSK

18 mars 2011

La vérité est au nord.

Bonjour à toutes et à tous,


Dans l'édition d'hier de L'Aisne Nouvelle, Eric Leskiw a analysé le scrutin cantonal de Saint-Quentin-nord, comme il l'avait fait samedi pour Saint-Quentin-centre, en donnant la parole aux sept candidats. Quelles leçons tirer de cette campagne, avant que la vérité ne sorte du vote des électeurs dimanche soir ?

1- Jérôme Lavrilleux, conseiller général UMP sortant, est très attaqué sur ses absences, travaillant à Paris. Je ne crois pourtant pas que l'argument sera décisif. D'abord parce qu'il est surtout absent des séances du Conseil général (en l'assumant), mais régulièrement présent sur le terrain. C'est ce que l'électeur retient. Non, sa défaite ne se fera pas par défaut, d'autant que le canton est historiquement de droite : ce sera la conséquence (ou pas) d'une confrontation politique, argument contre argument, qui aura été efficace ou non, autour du bilan et des projets du Conseil général de l'Aisne, que l'UMP conteste, que le Parti socialiste défend.

2- On dit souvent que les élections cantonales n'intéressent pas la population. Mais c'est à nous, militants, de l'intéresser, par notre pédagogie, et ce scrutin n'est pas plus ingrat ou difficile qu'un autre scrutin : le Conseil général a un rôle social qui concerne à peu près tout le monde, son travail est de proximité, il englobe bien des problèmes de la vie quotidienne. Là-dessus, la gauche départementale a énormément de choses à dire parce qu'elle a énormément fait de choses et qu'elle a des perspectives, une vision pour l'Aisne. Si Jérôme Lavrilleux doit être battu, ce sera sur ce terrain-là, pas sur celui de ses absences, qui n'est pas négligeable mais secondaire, qui marque le microcosme politique mais qui ne frappe pas particulièrement le citoyen lambda.

3- Il se dit beaucoup dans Saint-Quentin que les bisbilles Bertrand-Copé pourraient nuire à Lavrilleux, celui-ci ayant pris partie pour l'un contre l'autre. Que des militants UMP n'aillent pas dimanche voter pour leur candidat, c'est certain. Mais ils ne voteront pas socialiste pour autant. Et puis, le sort d'une élection, quelle qu'elle soit, n'a jamais dépendu des décisions des militants. Surtout, la droite saint-quentinoise, nonobstant ses différends internes, ne peut pas s'offrir le luxe d'une défaite dont l'impact serait national (le ministre du Travail et de la Santé désavoué sur ses propres terres !). Là encore, pas d'illusion et pas de victoire par défaut : c'est la force de conviction d'un candidat qui permet de gagner, pas les faiblesses de l'adversaire.

4- Côté socialiste, nous avons incontestablement une fenêtre de tir qui s'offre à nous, une occasion à ne pas rater : la droite gouvernementale est en situation difficile, les remous autour de la carte scolaire nous sont profitables (Saint-Quentin sera probablement la ville la plus touchée par les suppressions de classe). Je ne reviens pas sur le choix de Carole Berlemont, sur lequel je me suis déjà exprimé. Elle a essentiellement en sa faveur le contexte national, qui est porteur, aidé par une opportunité locale, la position singulière et vulnérable de Jérôme Lavrilleux (ce qui n'était pas le cas il y a sept ans). Mais la sociologie du canton rend sa victoire moins évidente que celle de Stéphane Andurand (voir mon billet consacré à Saint-Quentin-centre).

5- La grosse incertitude et la grosse inquiétude, c'est le score de l'extrême droite, qui peut considérablement gêner la gauche, en attirant sur le FN les voix populaires. Son candidat est un chômeur, sa suppléante est une vendeuse, ils militent tous les deux pour la vidéo-surveillance. En 2 004, au premier tour, 417 voix seulement m'avaient séparé du Front National. Avec la vogue médiatique en faveur de Marine Le Pen, il ne faudrait pas que l'extrême droite comble l'écart et dépasse le PS. Certes, il y a très peu de chances que nous soyons disqualifiés pour le second tour et très peu de chances que le FN s'y maintienne en deuxième place, les reports de voix venant gonflé automatiquement la candidature socialiste. Mais un premier tour avec un PS au troisième rang serait tout de même pénalisant pour nous.

6- La candidature de notre "partenaire" lambertiste est égale à elle-même, quand on lit les propos de Michel Aurigny :"On ne se présenterait pas si on avait une gauche qui faisait son boulot (...) On ne peut pas s'en sortir s'il n'y a pas une rupture avec la gauche et la droite". Ca pourrait être du Bayrou si ce n'était pas de l'extrême gauche. Toujours est-il que ça nous pique des voix dont nous avons bien besoin face au FN. Je serai très attentif à ce que fera notre "partenaire" du Parti Ouvrier Indépendant (j'arrive difficilement à rester sérieux quand j'écris le nom de cette formation ...) dans l'entre-deux tours.

7- Un autre qui va nous piquer des voix, mais qui est missionné pour ça : Antonio Ribeiro, de la Gauche Moderne. L'électorat sait-il que ce candidat est passé de gauche à droite et que son parti, malgré le nom qu'il affiche, est proche de l'UMP ? J'en doute. Le nom et l'étiquette marqueront, pas le reste. Je ne suis même pas certain que les militants de droite anti-Lavrilleux voteront Ribeiro : les transfuges ne sont jamais très bien perçus. Notons cette formule immortelle, qui pourrait être là aussi du Bayrou mal dégrossi : "Certaines de nos idées sont un peu de gauche, mais il y a du bon à gauche comme à droite". Ribeiro ne va pas jusqu'à faire ses courses à l'extrême droite, c'est déjà ça de gagné ...

8 - Rien de particulier à dire sur les deux derniers candidats, communiste et écologiste, Maria Le Meur et Jean-Philippe Daumont.

9- Et Josette Janssens, qui faisait gros titre et pleine page dans la presse il y a quelques semaines, qui suscitait l'irritation et la désapprobation des autres candidats, qu'est-elle donc devenue ? Tout passe tout lasse en politique. Même les noms que j'ai évoqués dans ce billet, combien seront encore là dans quelques mois, quelques années ? En politique, il faut vouloir l'éternité ou rien !


Bonne journée.

2 Comments:

  • Vous comptez obtenir pour votre parti les voix des classes moyennes de Saint-Quentin ?

    Vous avez voulu le conflit entre classes populaires et classes moyennes : débrouillez-vous maintenant avec.

    By Anonymous Anonyme, at 7:30 PM  

  • Je veux surtout que les classes populaires cessent de voter FN pour voter PS. Et c'est comme ça que la gauche gagnera. Les classes moyennes suivront. Elles ont toujours suivi.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 7:34 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home