L'Aisne avec DSK

16 avril 2007

5h30, Craonne, Aisne.

Bonsoir à toutes et à tous.

Ce matin, je me suis levé à 03h45 pour être à Craonne à 05h30 et participer à la marche du souvenir. Il y a 90 ans, à cette heure-là, des dizaines de milliers d'hommes sont parties à l'assaut des lignes allemandes, des dizaines de milliers sont morts, pour la France, pour rien, l'ennemi n'ayant pas reculé. L'endroit est plus connu sous un autre nom, terrible et charmant, le Chemin des Dames.

Ils étaient des dizaines de milliers en 1917, nous étions ce matin un bon millier, de toute génération, à nous recueillir en mémoire de cette tragédie, sous la conduite de Noël Genteur, qui n'est pas un guide mais le témoin vivant de cette histoire. Je peux vous dire que l'émotion était présente, en lui et dans cette foule fidèle au passé, non par passéisme ou nostalgie, mais soucieuse d'en méditer les leçons, que Noël a très bien su rappeler: tolérance, humanité, paix.

La nuit, la brume, le matin, les oiseaux, la nature, le ciel: tant d'horreur hier, tant de beauté aujourd'hui. Je me laisse aller: mais de quoi les hommes sont-ils capables? Pourquoi l'absurdité, l'évidente injustice de la guerre? L'offensive ratée, meurtrière du général Nivelle, c'est aussi le XXème siècle qui commence dans ce coin merveilleux de l'Aisne: la mécanisation des conflits, la massification des combats, la fin du monde aristocratique, si bien montrée par Renoir dans "La grande illusion".

1917, l'année où tout bascule, la naissance du nouveau siècle, la grande révolution dans un vieil empire sous la neige, la réalisation d'une utopie à prétention scientifique qui basculera à son tour dans la tragédie. J'arrête là. Noël a terminé la marche en nous demandant de laisser sur place notre mélancolie. Il faut cependant construire le nouveau siècle à l'ombre et à la lumière du précédent.

8h30, nous prenons un café avec les amis du Conseil général et du parti: Michel Lefèvre, René Dosière, Yves Daudigny, Patrick Day, Philippe Mignot et quelques autres, qu'ils m'excusent de ne pas tous les citer. Oui, ce matin, très tôt, nous avons eu une belle et terrible leçon d'histoire politique.

Bonne et douce nuit.

1 Comments:

  • L'Empeureur Guillaume II avait fait construire une nouvelle gare à Metz et fortifié toute la région. Pour relier l'Allemagne à la partie annexée française, de nouvelles lignes de chemin de fer ont traversé la frontière, en particulier dans la vallée de la Moselle vers Thionville et depuis Merzig vers Metz en construisant tunnels et ouvrages d'arts divers. Cette dernière ligne est désaffectée, mais les tunnels subsistent, sombres couloirs qui menaient les troupes allemandes vers l'enfer de Verdun. Le Chemin des Dames n'était pas bastionné, par contre ici en Lorraine, l'architecture même dans la forme des gares rappelle cette même histoire. Si on rajoutte la ligne Maginot, cela fait beaucoup de choses à voir...

    Sur mon blog, la visite de la Feste Königsmacher pour vous donner une idée. Pendant longtemps on n'avait pas accès ici-même aux ouvrages militaires, la ligne Maginot était fermée au public du temps de la guerre froide.

    By Anonymous Anonyme, at 10:57 AM  

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