L'Aisne avec DSK

15 avril 2007

Le syndrome des 48 heures.

Bonjour à toutes et à tous.

Cette campagne électorale aura eu une particularité inédite, systématisant une tendance devenue désormais une règle, que Jean-Louis Bianco a ainsi édictée, pour la regretter: un thème électoral a une durée de vie publique, médiatique et politique de 48 heures. Rappelez-vous l'affaire du drapeau, censée ramener dans la campagne le débat sur les valeurs, les repères, la nation. Terminée. Rappelez-vous les évènements de la Gare du Nord. C'était, enfin ou hélas selon les uns et les autres, le retour du thème de l'insécurité. Il n'en a rien été, nous sommes passés à autre chose, les indemnités des grands patrons, la génétique de la pédophilie, que sais-je encore...

Ce syndrome des 48 heures est alarmant. Il n'y a plus, à proprement parler, de "thèmes de campagne" comme dans les scrutins présidentiels précédents. On se souvient que 2002 avait été dominée par la sécurité, qu'en 1995 Jacques Chirac avait imposé la "fracture sociale", que François Mitterrand avait séduit en 1988 avec sa "France unie", que 1981 avait vu le bilan de Giscard et son rejet au coeur des débats, que 1974 polémiquait largement autour du Programme commun de la gauche. J'arrête là, à ce que me rappelle ma mémoire personnelle. 2007? Tout et rien, aucun sujet spécifique n'émerge durablement.

Certains sociologues parlent de "zapping". Mais comment, dans ces conditions, l'activité politique peut-elle encore exister? Je ne crois pas les hommes politiques responsables de cette situation, mais notre société, ce qu'elle est devenue en ce début de XXI ème siècle. Pour ma part, j'aurais aimé que le travail, sa création et sa rémunération, soient au centre de la campagne. Sarkozy et Royal ont essayé, le système dans lequel nous sommes entrés a été le plus fort.

Il faudra bien s'adapter à ce nouveau principe de réalité, j'ai presque envie de dire: de virtualité, tellement la réalité est devenue instable, fluide, évanescente. Une seule question politique devrait nous guider dans cette "complexité" moderne où un événement en chasse un autre, où plus rien ne fait réellement événement: de quoi souffrent les femmes et les hommes?

Bonne soirée.

2 Comments:

  • Les hommes et les femmes souffrent d'une maladie mortelle transmissible qui a pour nom la vie. ;-)

    L'important est donc de survivre dans notre environnement, puis de vivre notre maladie du mieux possible. Pour cela il faut disposer de quelques euros pour aller faire ses courses, donc de se former et de travailler pour que le système perdure en s'améliorant.

    Le travail en lui même n'est pas un but, il permet juste de ne pas s'ennuyer dans un monde qui resterait figé. Éventuellement il a une valeur d'échange. Mais dans une économie de la connaissance, quand tout le monde étudie, tout le monde doit encaisser. La mécanisation produit énergie et richesse. L'homme n'en a plus alors que la gestion à exercer. Beaucoup d'étude et peu de travail dans le sens classique du terme, labeur et transpiration, mais beaucoup plus d'imagination et de concertation. La vie change...

    By Anonymous Anonyme, at 9:00 PM  

  • La vie est certes liée à la mort mais je n'irais pas jusqu'à soutenir que c'est une maladie, encore moins que la vie est une souffrance! Non, la vie est bonheur et santé, son affaiblissement est tristesse et maladie.

    Je ne parlais pas, dans mon billet, de la souffrance individuelle, physique ou métaphysique, mais de la souffrance sociale, collective, qui n'est plus comme jadis en France la famine, la peste ou la guerre, mais l'absence de travail ou le malboulot (comme on a parlé de "malbouffe"), le travail fragilisé, peu ou injustement rémunéré, mal réparti.

    J'entends bien que "le travail en lui-même n'est pas un but" mais depuis deux siècles, depuis l'avènement de la civilisation moderne, le travail est la valeur centrale de notre société, à la différence des sociétés d'autrefois, aristocratiques, cléricales et guerrières. Réduisons le travail, changeons le travail, libérons le travail, partageons le travail, ce sera toujours autour de cette notion que les socialistes devront mener leurs débats et leurs combats.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:41 AM  

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