L'Aisne avec DSK

16 avril 2007

Pas de sensationnalisme.

Quelques amis (socialistes) m'avaient prévenu: il ne faut rater à aucun prix le numéro spécial de Marianne sur Nicolas Sarkozy, il y aura des révélations, du genre de celles que les médias, à la botte du candidat, nous cachent. Cette fois-ci, c'en sera fini de lui. On me promettait l'attaque finale et fatale, à une semaine du premier tour.

J'approuvais, pour ne pas décevoir, et puis, pourquoi ne pas les croire? Sauf que le type de journalisme pratiqué par l'hebdomadaire et sa ligne éditoriale ne m'ont jamais convaincu. Pourtant, j'appréciais beaucoup, il y a 25 ans, Les Nouvelles Littéraires de Jean-François Kahn. Le personnage me plaisait, son indépendance d'esprit, sa vraie réflexion, son positionnement original, progressiste en demeurant critique envers la gauche.

Et puis j'ai changé, lui aussi, même si nous naviguons tous deux dans les eaux de la social-démocratie. Qu'est-ce qui me déplaît dans Marianne? Le sensationnalisme politique, les gros titres accrocheurs qui ne tiennent pas vraiment leur promesse, la protestation facile dans laquelle hélas trop de gens se reconnaissent, de la gauche radicale au nouveau centre-droit. Car la vérité de JFK, c'est... François Bayrou. Ce qui devrait tout de même amener mes camarades socialistes à une certaine prudence.

Prenez ce numéro spécial Sarkozy, lancé avec les grosses ficelles de la presse à sensations, lisez l'éditorial de François Darras, page 4. Qu'est-ce qui fait selon lui le succès de Le Pen et Sarkozy? "Les folies et le laxisme intellectuel de la gauche petite-bourgeoise, immigrationniste et libertaire". Très exactement le ton et le fond que je n'aime pas, que je n'hésite pas à qualifier de démagogique et de populiste.

Le reste du numéro est à l'avenant. Absolument rien qu'on ne sache déjà sur Sarkozy, et la volonté constante de psychologiser. Thèse de l'hebdo: le candidat de l'UMP est faible, grossier, fou et dangereux, voilà pourquoi il ne faut pas voter pour lui. Pratiquement rien sur son programme qui, lui, est réellement dangereux. Le coup de la personnalité faible, instable et autoritaire, on nous l'a fait il y a 30 ans avec Chirac. Cet homme aussi était dangereux, cet homme a hélas présidé la France pendant 12 ans.

A mes amis socialistes, je conseille vivement de faire de la politique, pas de la psychologie, de se battre ces prochains et derniers jours projet contre projet, pas personne contre personne (d'autant qu'il s'agit pour JFK d'opposer le méchant Sarkozy et le brave Bayrou).

Bon après-midi.