L'Aisne avec DSK

08 avril 2007

La "philosophie" de Sarkozy.

Sarkozy s'exprime dans "Philosophie magazine" et Bayrou lui répond dans "Psychologie". Le débat présidentiel prendrait-il de la hauteur? Pas sûr. Ce que le candidat de l'UDF trouve de "glacant" chez le candidat de l'UMP, c'est qu'il suggère que la pédophilie et le suicide des jeunes pourraient être d'origine génétique. L'archevêque de Paris s'en mêle et va dans le sens de la rébrobation.

Ma première réaction, c'est que Sarkozy ne devrait pas parler de ce qu'il ne connait pas. Plus généralement, il faut laisser certaines questions à la science, en l'occurence à la génétique, la psychologie, et aussi à la philosophie et à la morale. La politique n'a pas à se prononcer sur tout et n'importe quoi. L'économie ou la diplomatie, par exemple, relèvent de son champ de compétence. En d'autres domaines, la prudence s'impose.

Certes, les politiques font des lois qui concernent des sujets qui ne sont pas directement politiques et la pédophilie est un problème de société qu'il est de leur devoir de traiter. Mais la parole et le choix politiques ne peuvent intervenir qu'après des conseils avisés et une délibération d'experts ou de "sages". Ce n'est manifestement pas l'attitude adoptée par Nicolas Sarkozy, sans doute piégé par son propre personnage, l'homme d'action qui a réponse à tout et qui, du coup, peut commettre de grosses gaffes et tenir des propos qui nourrissent la polémique et le scandale.

Ma deuxième réaction est que Nicolas Sarkozy ne commet peut-être pas une gaffe, ne trahit pas son ignorance mais au contraire exprime un point de vue fort inquiétant , qui est constant dans la droite la plus authentique: la justification de certains maux par la biologie. Au XIXème siècle, les penseurs réactionnaires donnent une assise physiologique aux inégalités et à certains comportements. Le fou, le vagabond, le criminel auraient ça "dans le sang". A l'inverse, la gauche et la sociologie naissante s'intéressent au milieu, à l'éducation, à l'influence de la société.

En authentique homme de droite, Sarkozy pense que certaines déviances sont inscrites dans la nature. En homme moderne, il remplace le sang par le gène. Analyse erronée, rien de plus, me direz-vous? Mais les conséquences sont graves, car on sort de la philosophie pour entrer dans la politique. Le point de vue de Sarkozy justifie l'exclusion et la répression: si les tendances pédophiles et suicidaires sont dans les gènes, on ne peut plus grand chose, du moins en termes de prévention et d'éducation. Conception pessimiste et fataliste de la droite sur la nature humaine, à quoi il faut opposer la conception optimiste et progressiste de la gauche, qui pense que rien n'est figé, dans l'individu comme dans la société, que tout peut encore changer, que nous ne sommes pas condamnés au pire, qu'il faut lutter pour le meilleur.

Finalement, ce débat parti d'une polémique peut s'élever à une certaine hauteur de vue!

Bon après-midi.

1 Comments:

  • Tout comme Sarkozy, vous avez tort et raison à la fois. Il n'y a pas que les gènes qui soient impliqués, l'environnement l'est également:

    http://www.rfi.fr/fichiers/Mfi/ScienceTechnologie/924.asp

    Cela peut jouer fondamentalement pour l'autisme par exemple, en simulant fortement les enfants testés positif dès leur plus jeune âge pour leur permettre de se développer malgré leur handicap.

    Mais dans ce cas, c'est justifier la position de Bayrou. Je suppose que ce n'était pas au départ le but du message... ;-))

    By Anonymous Anonyme, at 10:00 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home