L'Aisne avec DSK

19 avril 2007

L'arrogance tranquille.

Bonjour à toutes et à tous.

S'il est élu, François Bayrou nommera un premier ministre "de centre gauche", parce que lui vient "du centre droit". Ah bon? Tout cela sent le gadget. D'abord, le premier ministre est issu de la majorité parlementaire issue des législatives. Que serait une majorité de "centre gauche"? Je ne vois pas. Ce que je connais, ce sont des majorités de droite autour de l'UMP ou de gauche autour du PS.

Ensuite, le "centre gauche", c'est quoi? Classiquement, le centre gauche, c'est le PRG, les radicaux de gauche, alliés encore et depuis toujours des socialistes, et pas de l'UDF. Le seul "radical de gauche" qui à ma connaissance se soit rapproché de la droite, c'est Bernard Tapie, mais pour rallier Sarkozy. Bayrou ne peut donc pas penser à un premier ministre PRG. Alors à qui?

Enfin, quand Bayrou donne des noms pour constituer son fameux gouvernement d'union nationale, il cite Boorlo et DSK. C'est bien gentil mais le petit problème, c'est que ni l'un ni l'autre ne soutiennent Bayrou. Le premier milite pour Sarkozy et le second pour Royal. Faire appel à des gens qui rejettent votre démarche, il fallait y penser!

DSK a remis hier les pendules à l'heure, en s'amusant et s'irritant que Bayrou l'embrigade régulièrement dans des constructions politiques farfelues. Faut-il que le candidat de l'UDF soit à court d'entourage pour qu'il s'en constitue un avec des personnalités qui n'ont rien demandé? Il y a tout de même une hypothèse où DSK pourrait être éventuellement premier ministre de Bayrou, mais oui! Si la gauche l'emportait aux législatives et si nous nous trouvions dans une situation de cohabitation, hypothèse qui n'est évidemment pas à souhaiter.

Une dernière chose sur François Bayrou. Hier à Bercy, il s'en est pris, sans le nommer, à Giscard, tout de même fondateur de l'UDF et chantre en France du centre, mais qui soutient Sarkozy et dénonce, avec raison, les "majorités impuissantes" auxquelles aboutirait la victoire de Bayrou. Celui-ci l'a rangé parmi les "élus épuisés". Je me souviens de la campagne de 2002, des propos tenus en privé (Bayrou, c'est en public, lors d'un meeting!) par Jospin sur Chirac "usé, vieilli" et de la polémique qui s'en suivit. Là, rien, pas un commentaire, pas une indignation.

François Bayrou, narquois, s'en prend à tous, droite, gauche et leurs extrêmes, médias y compris, médias surtout, qui pourtant ne cessent de le mettre en avant. Tous mauvais, tous fautif, sauf lui et quelques uns, quelques rares. Sous des airs bonasses, il y a de l'arrogance tranquille chez cet homme-là.

Bonne matinée.