L'Aisne avec DSK

17 avril 2007

Le sens des mots.

Bonsoir à toutes et à tous.

François Bayrou a annoncé la formation, en cas de victoire, d'un "Parti démocrate" rassemblant les bonnes volontés de droite et de gauche. Si les mots ont un sens, et ils doivent en avoir un en politique, cette mesure me fait constater un aveu, une confirmation et une contradiction:

- Un aveu puisque Bayrou reconnait une faiblesse. Avec la seule UDF, il ne peut pas gouverner, il lui faut autre chose, d'où ce Parti démocrate. Sauf que la construction d'un parti ne se décide pas du jour au lendemain. Il y a une dimension qu'on ne souligne pas assez chez Bayrou: son aventurisme, sa fragilité politique, sa solitude. Pas d'équipe, pas de personnalités autour de lui.

- Une confirmation puisqu'un Parti démocrate n'est pas un parti social-démocrate. Là encore, les mots ont un sens, ils ne sont pas innocents. La social-démocratie est une branche du mouvement ouvrier, socialiste, essentiellement européen. Le Parti démocrate n'existe que dans un seul pays, les Etats-Unis, où il est le rassemblement des forces progressistes. Les authentiques sociaux-démocrates ne peuvent donc que voter Ségolène Royal, candidate d'un parti socialiste.

- Une contradiction puisque Bayrou fait campagne contre la bipolarité droite-gauche alors que le Parti démocrate, en Amérique, est la formation qui représente à peu près toute la gauche et s'oppose au Parti républicain qui, lui, regroupe les courants de droite. Dans les grandes démocraties contemporaines, le clivage droite-gauche, conservateurs-réformistes, parti de l'ordre et parti du mouvement, structure complètement la vie politique.

Dimanche, pour que votre vote est un sens, il faudra redonner du sens aux mots.

Bonne nuit.

1 Comments:

  • Je vois une contradiction profonde dans votre analyse, les mots n'ont pas de sens par eux même, ils ne sont que coquilles vides définies sur lesquelles par habitude nous attachons un certain nombre d'axes sémantiques, variables en nombre et en coloration selon les personnalités de chacun.

    Bayrou propose une recomposition du paysage politique qui ne peut se faire que par le biais d'un aggiornamento du PS. Il convient de se débarrasser des scories marxistes pour arriver à un parti social-démocrate tel qu'il existe dans les autres partis européens. Il serait temps, nous sommes les derniers, et Michel Rocard l'a très bien prêché.

    De son coté, Bayrou transforme d'UDF en parti démocrate économique. Quand nous additionnons alors ces deux partis renouvelé, on obtient alors un parti démocrate de centre gauche, capable d'être le pivot de la vie politique française. Voilà je crois sa vision. Elle interfère avec l'élection en cours, et évidement bouleverse le timing du moment, d'où les divers cris d'ofraie entendus.

    Les authentiques sociaux-démocrates ne peuvent donc que voter tout comme les autres français que pour la personne qu'ils estiment la plus capable d'endosser l'habit présidentiel. Nous ne sommes pas sous un régime totalitaire, nous disposons de la liberté de conscience, d'élections secrètes dans un isoloir, et les consignes de votes semblent participer d'une culture stalinienne.

    Je suis trop respectueux du citoyen et du militant pour lui dire qui voter. C'est son problème et sa responsabilité. C'est son droit et son devoir de le faire en toute conscience. C'est la limite sur laquelle bute toute propagande partisane, quel que soit le pari considéré.

    Derrière les mots, le sens qui est dans la tête de chaque sujet.

    By Anonymous Anonyme, at 11:02 AM  

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