L'Aisne avec DSK

17 avril 2007

Logique d'une brave dame.

Bonjour à toutes et à tous.

Je vous ai déjà conseillé d'écouter RTL entre 13h00 et 14h30, l'émission Les auditeurs ont la parole, hautement instructive sur l'état de l'opinion et l'esprit de nos concitoyens. Hier, une dame donne son avis sur la présidentielle. Je me permets de décomposer en trois temps son "raisonnement":

- Les candidats sont "tous les mêmes". S'ensuit une critique bien connue de la classe politique. Après tout, pourquoi pas. Cette dame est peut-être anarchiste, rejetant toute forme de pouvoir et d'autorité. A moins qu'elle ne soit d'extrême droite, au nom du "tous pourris" et du rejet de la République.

- La dame a cependant "une grande admiration" pour une candidate. Nous voilà tout de même rassurés. L'auditrice fait un choix et ne se contente pas de renvoyer tout le monde dos-à-dos. Cette candidate, c'est celle qui n'a jamais varié dans son discours, celle qui dit les mêmes choses depuis plus de trente ans, alors que les autres, selon la dame, change tout le temps.

Heureusement que la dame a précisé "la candidate", car j'en connais un autre qui rabâche depuis encore plus longtemps les mêmes insanités, Le Pen bien sûr. Mais la dame, vous vous en doutez, songe à Laguiller. L'animateur lui demande cependant s'il n'y a pas que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. La dame ne se laisse pas démonter par l'argument. Non, la constance des opinions est pour elle une vertu politique.

- L'histoire pourrait s'arrêter là s'il n'y avait une chute, le troisième temps que je vous ai annoncé. A la question pour qui allez-vous voter dimanche, notre brave dame répond sans hésiter: Bayrou. Pardon? Vous avez bien entendu, Bayrou. Et pourquoi? Parce que les autres se chamaillent comme des enfants dans une cour de récréation alors que lui veut rassembler tout le monde (dixit la dame). Nous revenons en quelque sorte à la prémisse du raisonnement qu'on peut ainsi schématiser: tous les mêmes, sauf Arlette, donc Bayrou!

Moralité: la dame choisit de tous les candidats le plus inconstant puisqu'il a rompu avec son propre camp et elle admire, par ailleurs, la constance en politique. Comprenne qui pourra.

Mon maître Jean Macé, fondateur de la Ligue de l'enseignement, a voulu que l'éducation populaire, au XIXème siècle, sorte le citoyen de l'ignorance pour l'amener à la connaissance. Une nouvelle étape reste à franchir: de la connaissance à la cohérence. Car on peut être anarchiste ou antirépublicain, trotskyste, centriste, mais il y a quelque chose qu'on ne peut pas, être les trois ou quatre à la fois.

A tous les indécis, ce message pour dimanche: vous savez tout des candidats, de leur programme, vous êtes même surinformés. Il ne vous reste qu'une étape, un effort, un devoir: au moment de voter, soyez cohérents.

Bon après-midi.

4 Comments:

  • Bien sûr Emmanuel, mais cohérent avec quoi ?

    Au début, je voulais voter DSK.

    Je rentre en politique, et je me rends compte qu'il y a trois candidats qui s'attirent les suffrages des Français. Ils ne sont évidement pas du même parti, mais en tant que personne humaine, ils font le poids.

    Sur quel critère les départager ?

    J'ai été les voir tous les quatre en meeting, et au final, je ne sais plus pour qui voter.

    Si encore un avait repris ouvertement ma proposition, je l'aurai suivi. Mais aucun n'a prononcé le mot magique Schuman-Kanfen.

    Devrais-je m'acheter une pièce à trois faces ?

    By Anonymous Anonyme, at 11:13 PM  

  • Il faut être cohérent avec soi-même, ses idées et son engagement. Un adhérent ou un sympathisant du Parti socialiste se doit de voter socialiste, c'est à dire pour la personne démocratiquement désignée par le Parti.

    Ou alors, c'est "n'importe quoi", comme disent les jeunes. La vérité est une chose difficile et je ne prétends pas que les socialistes détiennent la vérité absolue. Mais ils ont leur vérité, leur part de vérité, ce qui est déjà beaucoup.

    Ce qui en revanche est assez simple, c'est d'être cohérent avec soi-même. C'est la seule chose que j'exige impérativement des autres en politique.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:28 PM  

  • Ah Emmanuel, tu remues le couteau dans la plaie.

    J'ai d'abord milité pour DSK, car incontestablement, il m'apparaissait le meilleur esprit politique dont on dispose, et je n'ai pas varié d'opinion à son sujet. Il est au PS, mais il est d'abord et avant tout réformiste et social-démocrate.

    Ayant confiance en cette personne, j'ai donc adhéré, juste avant que Ségolène Royal soit désignée. Je n'a pas participé à ce vote, car j'aurais dû disposer de 6 mois de présence au PS pour le faire. Je ne peux donc pas être engagé par un vote auquel je ne pouvais pas participer, c'est la base de l'accord démocratique entre un individu et la collectivité.

    C'est un cas de figure bizarre qui a cependant des antécédents.

    Par exemple, cela s'est traduit en Alsace Moselle par le fait que l'on a conservé des lois qui ont été abrogées en France pendant l'annexion, et que l'on dispose ainsi d'un droit local spécifique auquel nous sommes très attachés, car il constitue une partie de notre mémoire. Cela fait que les curés sont payés comme des fonctionnaires. Et il n'est pas question que cela change, même si on est athé jusqu'à l'os pour certains rares Lorrains. Pour dire que l'identité ne se négocie pas.

    Donc ma cohérence ne correspond pas à la tienne. Pas plus qu'il n'existe une vérité, il n'existe une cohérence valable pour tous.

    Avant d'être un militant, je suis un citoyen, car c'est à partir de la Répubique et de la loi d'association de 1901 que sont fondés les partis.

    J'ai donc un conflit entre le citoyen et le militant, mais le citoyen l'emporte nécéssairement, ou sinon c'est la schizophrénie qui me guette... ;-)

    En fin de compte le vote étant secret, je ne vais pas dire pour qui je vais voter et ce sera donc une hitoire personelle entre ma conscience et moi-même. Voilà où se situe ma cohérence. ;-)

    By Anonymous Anonyme, at 5:55 PM  

  • DSK a fait hier un point-presse dont je retiens une formule qui peut conclure notre présent débat: "Quand on est de gauche, on vote à gauche".
    Comme quoi la raison est une belle chose mais le bon sens n'est pas mal non plus.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 3:16 PM  

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