1 refondation, 3 scénarios.
Bonjour à toutes et à tous.
L'entretien de Jean-Luc Mélenchon à l'Humanité de jeudi a peu suscité de commentaires et c'est dommage car le propos était pertinent et lourd de conséquences pour l'avenir du PS. Je résume la pensée de notre camarade:
1- La social-démocratie vers quoi le PS va est une "fumeuse orientation", donc néfaste.
2- L'aile gauche est devenue un "alibi", elle ne sert plus à rien.
3- Par conséquent, les authentiques socialistes doivent quitter le PS et constituer une nouvelle force avec les communistes.
Bien sûr, je ne partage pas les tenants et aboutissants de cette démonstration mais je salue son honnêteté intellectuelle, son courage politique et sa cohérence interne. La question est la suivante: quel est le meilleur scénario pour refonder le PS? Regardons ce qui se passe autour de nous en Europe et nous constaterons trois voies:
- Le scénario impossible (italien):
Chez nos voisins, ex-communistes et centristes se sont regroupés dans un vaste rassemblement de centre-gauche. En France, des appels ont été lancés en ce sens: le parti socialiste deviendrait le parti de toute la gauche, réunissant centristes de progrès, communistes rénovateurs, écologistes, altermondialistes et socialistes.
DSK, un temps, avait penché pour cette hypothèse. Elle serait souhaitable (la dispersion ne se justifie plus), elle me semble impossible. Le MoDem tient à son indépendance, les communistes ont une forte culture d'organisation, les Verts préfèrent rester entre eux, les altermondialistes privilégient la radicalité à la réforme.
En Italie, les conditions politiques sont totalement différentes. Les communistes y sont plus ouverts qu'en France, les centristes plus puissants (la démocratie chrétienne) et l'extrême gauche discréditée par la violence et le terrorisme, donc sans force attractive (il n'y a pas de Besancenot transalpin).
- Le scénario idéal (allemand):
C'est celui dessiné par Mélenchon. Le PS ne peut plus faire cohabiter en son sein deux orientations contradictoires, l'une social-démocrate (Royal et DSK), l'autre socialiste traditionnelle (Fabius). La clarification doit être radicale. En Allemagne, Oskar Lafontaine a quitté le SPD et créé un nouveau parti. Ce scénario serait parfait, il n'aura pas lieu. L'aile gauche du Parti n'aura pas la volonté et le courage politiques de partir. Elle doit son pouvoir, ses mandats au PS, elle veut les garder, elle restera, même marginalisée. Chevènement avait tenté l'aventure avec le MDC au début des années 1990, pour échouer.
En Allemagne, Lafontaine a pu s'appuyer sur les anciens communistes de RDA. En France, les communistes ne sont pas prêts à renoncer à leur parti pour composer avec les néofabiusiens.
- Le scénario probable (anglais):
Le PS se refondera de l'intérieur, par sa social-démocratisation et la marginalisation de son courant traditionnel, à la façon de Tony Blair modernisant le travaillisme. Trois conditions invitent à retenir ce scénario:
. Royal et DSK, chacun à leur manière, ont lancé cette modernisation, Fabius n'ayant séduit que 18% des adhérents lors de la désignation interne de la présidentielle.
. Sarkozy sera notre Thatcher, poussant les socialistes à réfléchir et à réagir s'ils ne veulent pas rester 10 ou 15 ans dans l'opposition.
. Le socialisme traditionnel est dans l'état du travaillisme anglais lorsque Blair s'est emparé du Labour, intellectuellement exsangue, politiquement dans l'impasse.
Bref, le Parti démocrate italien me plaît bien, le SPD allemand serait l'idéal, le New Labour est le plus réaliste. Et pour vous?
Bonne journée.
L'entretien de Jean-Luc Mélenchon à l'Humanité de jeudi a peu suscité de commentaires et c'est dommage car le propos était pertinent et lourd de conséquences pour l'avenir du PS. Je résume la pensée de notre camarade:
1- La social-démocratie vers quoi le PS va est une "fumeuse orientation", donc néfaste.
2- L'aile gauche est devenue un "alibi", elle ne sert plus à rien.
3- Par conséquent, les authentiques socialistes doivent quitter le PS et constituer une nouvelle force avec les communistes.
Bien sûr, je ne partage pas les tenants et aboutissants de cette démonstration mais je salue son honnêteté intellectuelle, son courage politique et sa cohérence interne. La question est la suivante: quel est le meilleur scénario pour refonder le PS? Regardons ce qui se passe autour de nous en Europe et nous constaterons trois voies:
- Le scénario impossible (italien):
Chez nos voisins, ex-communistes et centristes se sont regroupés dans un vaste rassemblement de centre-gauche. En France, des appels ont été lancés en ce sens: le parti socialiste deviendrait le parti de toute la gauche, réunissant centristes de progrès, communistes rénovateurs, écologistes, altermondialistes et socialistes.
DSK, un temps, avait penché pour cette hypothèse. Elle serait souhaitable (la dispersion ne se justifie plus), elle me semble impossible. Le MoDem tient à son indépendance, les communistes ont une forte culture d'organisation, les Verts préfèrent rester entre eux, les altermondialistes privilégient la radicalité à la réforme.
En Italie, les conditions politiques sont totalement différentes. Les communistes y sont plus ouverts qu'en France, les centristes plus puissants (la démocratie chrétienne) et l'extrême gauche discréditée par la violence et le terrorisme, donc sans force attractive (il n'y a pas de Besancenot transalpin).
- Le scénario idéal (allemand):
C'est celui dessiné par Mélenchon. Le PS ne peut plus faire cohabiter en son sein deux orientations contradictoires, l'une social-démocrate (Royal et DSK), l'autre socialiste traditionnelle (Fabius). La clarification doit être radicale. En Allemagne, Oskar Lafontaine a quitté le SPD et créé un nouveau parti. Ce scénario serait parfait, il n'aura pas lieu. L'aile gauche du Parti n'aura pas la volonté et le courage politiques de partir. Elle doit son pouvoir, ses mandats au PS, elle veut les garder, elle restera, même marginalisée. Chevènement avait tenté l'aventure avec le MDC au début des années 1990, pour échouer.
En Allemagne, Lafontaine a pu s'appuyer sur les anciens communistes de RDA. En France, les communistes ne sont pas prêts à renoncer à leur parti pour composer avec les néofabiusiens.
- Le scénario probable (anglais):
Le PS se refondera de l'intérieur, par sa social-démocratisation et la marginalisation de son courant traditionnel, à la façon de Tony Blair modernisant le travaillisme. Trois conditions invitent à retenir ce scénario:
. Royal et DSK, chacun à leur manière, ont lancé cette modernisation, Fabius n'ayant séduit que 18% des adhérents lors de la désignation interne de la présidentielle.
. Sarkozy sera notre Thatcher, poussant les socialistes à réfléchir et à réagir s'ils ne veulent pas rester 10 ou 15 ans dans l'opposition.
. Le socialisme traditionnel est dans l'état du travaillisme anglais lorsque Blair s'est emparé du Labour, intellectuellement exsangue, politiquement dans l'impasse.
Bref, le Parti démocrate italien me plaît bien, le SPD allemand serait l'idéal, le New Labour est le plus réaliste. Et pour vous?
Bonne journée.
6 Comments:
Franchement je vais me recentrer sur des projets réels, quitter le champ des illusions et des mots. Le pouvoir ne m’a jamais intéressé, séduire et naviguer sans carte non plus. Qu’une fois une vison précise en tête on essaie de l’expliciter, d’entraîner des gens et qu’on veuille l’appliquer me semble cohérent. Mais sur du vide, à part bâtir du vide ?
Finalement j’en reviens au fondamental, régulièrement l’élu repasse devant les électeurs avec les autres prétendants. Tant qu’il fait l’affaire, ça passe, quand il ne répond plus aux critères définis par les citoyens, il part. La démocratie, c’est simple comme un bulletin de vote.
By Anonyme, at 1:10 PM
"La démocratie, c'est simple comme un bulletin de vote", oui mais j'ajouterais: c'est compliqué comme le pouvoir. Car quand on s'intéresse à la politique ou qu'on fait de la politique, il faut se préoccuper du pouvoir. Ou alors on reste un commentateur sans être un acteur. Et le pouvoir, c'est difficile de le conquérir, il faut des idées, un projet, une stratégie et des alliés. Et ce n'est pas évident à utiliser et à conserver, le pouvoir.
By Emmanuel Mousset, at 5:24 PM
Il ne faut pas avoir peur de re-créer tous les cinq ans de nouveaux partis pour repartir à la bataille. Un homme, des idées, une équipe, un projet, une stratégie et des alliés.
Garder un vieil emballage vide qui a fait son temps ne constitue pas une bonne base. Il en faut pas avoir peur...
By Anonyme, at 6:00 PM
Mélenchon a bien raison d'avoir raison; depuis que hollande "gère" le PS, il y a en fait deux partis socialistes : pour faire très simple et se mettre à la portée des socialistes à 20 €, il y a un parti de gauche (genre Mélenchon)et l'autre de droite (genre ségo dont la facilité d'expression lui permet de téléphoner à Bayrou, caution de la gauche de la droite)
il vaut mieux que cette gauche et cette droite quittent le PS chacune de son côté, de sorte qu'il ne reste plus au PS qu'un centre co-dirigé par le nouveau couple bayrou/hollande, dopé à l'asparine.J'ai un peu mal à la tête, et vous ?
By Anonyme, at 9:56 PM
Le mal de tête nuit à l'action politique. Le remède n'est pas l'aspirine mais une saine et claire réflexion qui débouche sur des positions très tranchées et non pas sur des compositions aléatoires et hasardeuses.
By Emmanuel Mousset, at 9:36 AM
Franchement jpb vous avez raison il faut vous recentrer sur des projets réels et quitter le champ des illusions et des mots.Adieu.
By Anonyme, at 10:08 PM
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