L'Aisne avec DSK

13 juin 2007

Les souffrances sociales.

La refondation du socialisme, à mon avis, devra commencer par repérer les nouvelles souffrances sociales. Je dis "sociales" parce que les souffrances strictement personnelles relèvent de la médecine, pas de la politique. Qu'est-ce qu'un socialiste sinon quelqu'un qui prend en compte les souffrances de la société? Etre de droite, c'est voir les mêmes choses, la même réalité, sous un autre angle, celui de l'efficacité économique, par exemple.

Attention, nous aussi, socialistes, devons prôner la performance économique, et c'est un strauss-kahnien qui vous parle. Mais encore faut-il savoir pourquoi. Pourquoi, voilà le petit mot et la grande question que les socialistes doivent se poser aujourd'hui. Et je crois que le commencement et la finalité du socialisme, c'est la prise de conscience de la souffrance sociale dans le but de la réduire et même de l'éliminer.

Karl Marx ne fait rien d'autre en son temps. Il étudie l'apparition d'une nouvelle classe sociale, les ouvriers de la grande industrie qu'il nomme prolétariat, souligne leur souffrance sociale, l'exploitation, et lui donne une explication, le profit capitaliste. Dans la société contemporaine, tout bien sûr a changé mais les souffrances sociales existent toujours. Quelques exemples qui sont autant de pistes de réflexion:

- La société de consommation attise les désirs d'achat, de possession, en des aspirations qui sont infinies, jamais satisfaites, produisant une terrible frustration. Comment la famille modeste peut-elle résister à l'enfant qui, lui aussi veut, "de la marque", sinon en lui cédant, en se précipitant dans l'endettement?

- L'univers du travail, dont on sait qu'il est devenu avec Sarkozy une "valeur", pousse à l'activité forcené, jusqu'au suicide, cas évidemment extrêmes mais réels. Plus ordinairement, le stress empoisonne l'existence au travail et la vie toute entière. Même les "cols blancs" sont atteints, vissés sur l'écran de l'ordinateur qui fatigue les yeux, "prend" la tête et abime le dos. Je sais, cette réalité peut sembler idyllique par rapport au prolétaire décrit par Marx. Mais une souffrance est une souffrance, qu'elle que soient sa forme ou son ampleur.

- L'idéal de l'homme moderne, autonome, volontaire et rationnel, entre en contradiction avec bien des réalités humaines. Et de la contradiction jaillit la souffrance. L'élève qui ne réussit pas en classe parce qu'il atteint ses limites intellectuelles ou parce qu'il ne parvient pas à s'adapter au système scolaire, celui-là et sa famille vont souffrir à force de voir solliciter une volonté qui ne peut pas aboutir malgré les efforts. Combien de vieux retraités, de femmes seules, de jeunes exclus souffrent de ne pas trouver leur place dans la société, de ne pas correspondre aux clichés en vigueur de la réussite sociale?

Les socialistes qui parviendront à établir ses nouvelles et anciennes souffrances sociales, qui sauront leur donner un sens, les apaiser par une explication et surtout les guérir à travers une perspective politique inédite mais toujours socialiste, ces socialistes auront oeuvré à notre refondation. C'est ce qu'a fait Marx en son temps, je le redis, en rationalisant le vieux socialisme utopiste et en donnant à la souffrance ouvrière un débouché politique, la révolution prolétarienne et la société communiste. La suite de l'histoire, au XXème siècle, c'est autre chose... Mais retenons la méthode, la démarche.

Bonne journée.

8 Comments:

  • Donc si la droite au pouvoir arrive à éliminer la souffrance sociale, il n’y aura plus de socialistes.

    By Anonymous Anonyme, at 5:32 PM  

  • Le génocide des socialistes en somme ? Vous êtes un personnage ambitieux mais vos commentaires sarcastiques ne font que souligner votre mépris des gens. JPB : la force de proposition très très tranquille.

    By Anonymous Anonyme, at 6:21 PM  

  • Il y a la carte et le territoire. Les mots et le réel. Les concepts et la réalité qu’ils tentent de traduire. Le langage fait partie du réel, mais est inclus dans le réel. On ne peut donc à partir des mots qu’obtenir une représentation plus ou moins floue du réel. La méthode scientifique suppose qu’ayant une représentation dans le sens d’une loi, on l’applique tout autour du point de réel sur lequel on a pu la déterminer. Dès fois ça marche, et on obtient un certain nombre de résultats, dès fois ça foire, car il y a une discontinuité située au niveau du réel, et il faut repartir sur une nouvelle hypothèse pour redéfinir un nouveau modèle. C’est évidement pour illustrer le propos de Karl Marx. Un beau jour il vit des ouvriers sortir en masse d’une usine, le lendemain il publiait “Le Capital”. Les ouvriers sont devenus techniciens, suffisamment payés pour vivre correctement dans les usines par rapport à ceux que Marx avait vu. Ils se sont embourgeoisés, TV, voiture, vacance etc. et leurs enfants ont en général un meilleur niveau culturel qu’eux. il y a eu progrès objectif. Je pense que la souffrance fait partie du réel, et qu’elle est au cœur de l’existence humaine. On doit évidement en gommer un certain nombre, au nom de la fraternité, et tous nous devons y participer. Mais Emmanuel, vous le savez bien, les grandes douleurs sont secrètes... ;-)

    Ce travail de représentation du réel, désir du philosophe Karl Marx était donc trop ambitieux dès lors qu’il lui a assigné une finalité plus grande que le réel dont il l’avait tiré. Sa philosophie ne pouvait pas être plus grande que le réel, l’inclure au sens mathématique du terme. C’était donc voué à l’échec dès le départ. Être plus pragmatique, avancer par petits pas, modestement et sans vouloir d’un grand soir, c’est moins exaltant...

    By Anonymous Anonyme, at 7:11 PM  

  • Non jpb(Jean pierre Becker)n'est pas diabolique ou satanique,il est simplement très con,insupportablement con. Il est dans ce domaine insurpassable.Existe il un moyen de supprimer automatique ment ses commentaires consternants de bétise et de médiocrité.

    By Anonymous Anonyme, at 8:55 PM  

  • - L'élimination de la souffrance sociale serait le résultat d'une société devenue idéale, c'est à dire, pour Marx, la société sans classe, puisque c'est l'exploitation, la domination qui génèrent la souffrance sociale. Donc, dans ce type de société (réalisable?), il n'y a plus ni socialistes ni réactionnaires, ni pauvres ni riches. Mais nous n'en sommes pas arrivés là, même si les progressistes que nous sommes doivent rappeler que le scandale de l'esclavage, qui était la norme dans les sociétés de l'antiquité, est devenu l'exception dans les sociétés modernes.

    - Sur Marx et le rapport entre la philosophie (la raison) et la réalité, je rappellerai cette formule de Hegel, l'inspirateur de Marx: "tout ce qui est rationnel est réel, tout ce qui est réel est rationnel". Bref, la réalité s'offre et s'ouvre aux explications humaines (rejet de la superstition, du surnaturel). Y a-t-il dans cette position philosophique un abus intellectuel qui conduirait à condamner toute prétention à expliquer le réel dans sa totalité? Je ne pense pas, du moins dans la pensée de Marx, pour la raison suivante: sa conception du réel est historique et dialectique, donc ouverte. Seul le réel clos sur lui-même peut susciter des doutes et des critiques.

    Que le lecteur non philosophe me pardonne pour ce développement qui peut paraitre un peu ésotérique mais j'ai voulu répondre à JPB.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:16 PM  

  • D'un prof de philo à un autre prof de philo.je ne vois pas bien ou est la réponse à jpb mais tous comptes faits la question était elle meme insipide.

    By Anonymous Anonyme, at 9:56 PM  

  • Le réel n’est pas connu, et il ne semble pas se laisser dévoiler. Le jour ou vous pourrez me décrire réellement ce qu’est un photon, on aura fait un pas de géant. Einstein s’y est cassé les dents.
    L’affirmation de Hegel est donc bonnement insensée. Ne pouvant avoir accès à l’intimité du réel, nous ne pouvons pas le caractériser, donc à fortiori en lier logiquement une relation biunivoque. Le bref vous appartient donc. Justifier de l’habillage de l’historicité et de la dialectique est donc juste un maquillage grossier.
    Toute la problématique de la confusion entre la représentation et la part de réalité qu’elle tente de décrire et que si l’on confond les deux niveaux, on tombe dans la folie. Les mots ne sont que des conventions qui décrivent des paysages que l’on ne découvre jamais vraiment.

    By Anonymous Anonyme, at 10:31 PM  

  • "Un socialiste c'est quelqu'un qui prend en compte les souffrances de la société."
    Sacré Bourdieu, il n'y avait même pas pensé, sinon il serait mort de rire en pensant au socialisme comme plan de carrière de ségo la fanfrelle!

    By Anonymous Anonyme, at 10:37 PM  

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