DSK marxiste?
Bonsoir à toutes et à tous.
DSK a donné une tribune au Nouvel Observateur de cette semaine, dont je vous fais un résumé commenté, très personnel bien sûr, comme il est de rigueur sur ce blog.
Pour Dominique, notre défaite, il l'a souvent dit, vient de loin. Non pas du 21 avril 2002, comme le répètent ceux qui restent à la surface des événements et ne retiennent que les plus impressionnants. Le 21 avril 2002 n'est pas une origine, c'est une conséquence, qui resurgit en 2007, même si le coup est moins puissant. Mais une conséquence de quoi? Du travers suivant: "Notre analyse de la société continue de s'inspirer d'une vague lecture marxiste, héritée des années 1960..."
Je suis heureux de la précision, moi qui me définis comme marxiste social-démocrate. Nous n'avons pas pâti d'une lecture "marxiste" mais d'une lecture "vague", incomplète, erronée de Marx. Pourvu que nous devenions ses lecteurs attentifs au lieu de suivre ses commentateurs infidèles des années 60 et nous serons des sociaux-démocrates authentiques et conséquents. Mais je ne veux pas vous embêter avec des considérations de philosophie politique.
DSK, avant tout économiste, explique notre défaite par une raison tirée de la sociologie (comme Marx en son temps se fait observateur de la réalité sociale): "En 2002 et en 2007, nous avons d'abord buté sur notre inaptitude à analyser la nouvelle réalité sociologique française". Je ne veux pas abuser du paradoxe mais DSK ne serait-il pas le dernier vrai marxiste en France (ou le premier d'une nouvelle génération)? Cette nouvelle réalité sociologique, elle porte un nom: la "fragmentation sociale", qui masque la persistance et même l'aggravation des "inégalités traditionnelles".
A partir de ce constat, DSK dénonce trois "écueils": le "front de classes" anticapitaliste, qui laisse croire à des intérêts convergents entre classes moyennes, populaires et exclus, à la façon de Lionel Jospin en 2002; le soutien anarchique à tous les mouvements sociaux et toutes les revendications individuelles, à la façon d'Olivier Besancenot; le recours à la "démocratie participative" comme fin en soi, à la façon de Ségolène Royal. Que propose alors DSK? Trois pistes de rénovation:
- Un Etat social rénové, par l'adaptation de notre modèle social (et non pas la défense systématique des acquis), par une protection européenne envers la mondialisation, par la reconnaissance que certains patrons sont des "acteurs du progrès social" et non pas des "ennemis de classe". A mes yeux, dans ce premier point, DSK est le plus novateur et le plus en rupture avec le socialisme traditionnel.
- Un nouveau "compromis social" qui sache définir des priorités.
- La recherche utopique mais pragmatique de "l'égalité réelle", non plus en matière juridique comme le fait la droite depuis 1789, non pas seulement en matière économique comme le pense la gauche traditionnelle, mais en matière sociale et culturelle, c'est à dire par rapport à la santé, l'éducation, les loisirs, etc. Sur ce point, DSK renoue avec l'ancienne tradition égalitaire de la gauche du XIX ème siècle, qu'il porte à un degré plus élevé.
Voilà pour mon regard encore une fois très personnel sur l'article de Dominique, que je vous demande à votre tour de méditer.
Bonne soirée et bonne réflexion.
DSK a donné une tribune au Nouvel Observateur de cette semaine, dont je vous fais un résumé commenté, très personnel bien sûr, comme il est de rigueur sur ce blog.
Pour Dominique, notre défaite, il l'a souvent dit, vient de loin. Non pas du 21 avril 2002, comme le répètent ceux qui restent à la surface des événements et ne retiennent que les plus impressionnants. Le 21 avril 2002 n'est pas une origine, c'est une conséquence, qui resurgit en 2007, même si le coup est moins puissant. Mais une conséquence de quoi? Du travers suivant: "Notre analyse de la société continue de s'inspirer d'une vague lecture marxiste, héritée des années 1960..."
Je suis heureux de la précision, moi qui me définis comme marxiste social-démocrate. Nous n'avons pas pâti d'une lecture "marxiste" mais d'une lecture "vague", incomplète, erronée de Marx. Pourvu que nous devenions ses lecteurs attentifs au lieu de suivre ses commentateurs infidèles des années 60 et nous serons des sociaux-démocrates authentiques et conséquents. Mais je ne veux pas vous embêter avec des considérations de philosophie politique.
DSK, avant tout économiste, explique notre défaite par une raison tirée de la sociologie (comme Marx en son temps se fait observateur de la réalité sociale): "En 2002 et en 2007, nous avons d'abord buté sur notre inaptitude à analyser la nouvelle réalité sociologique française". Je ne veux pas abuser du paradoxe mais DSK ne serait-il pas le dernier vrai marxiste en France (ou le premier d'une nouvelle génération)? Cette nouvelle réalité sociologique, elle porte un nom: la "fragmentation sociale", qui masque la persistance et même l'aggravation des "inégalités traditionnelles".
A partir de ce constat, DSK dénonce trois "écueils": le "front de classes" anticapitaliste, qui laisse croire à des intérêts convergents entre classes moyennes, populaires et exclus, à la façon de Lionel Jospin en 2002; le soutien anarchique à tous les mouvements sociaux et toutes les revendications individuelles, à la façon d'Olivier Besancenot; le recours à la "démocratie participative" comme fin en soi, à la façon de Ségolène Royal. Que propose alors DSK? Trois pistes de rénovation:
- Un Etat social rénové, par l'adaptation de notre modèle social (et non pas la défense systématique des acquis), par une protection européenne envers la mondialisation, par la reconnaissance que certains patrons sont des "acteurs du progrès social" et non pas des "ennemis de classe". A mes yeux, dans ce premier point, DSK est le plus novateur et le plus en rupture avec le socialisme traditionnel.
- Un nouveau "compromis social" qui sache définir des priorités.
- La recherche utopique mais pragmatique de "l'égalité réelle", non plus en matière juridique comme le fait la droite depuis 1789, non pas seulement en matière économique comme le pense la gauche traditionnelle, mais en matière sociale et culturelle, c'est à dire par rapport à la santé, l'éducation, les loisirs, etc. Sur ce point, DSK renoue avec l'ancienne tradition égalitaire de la gauche du XIX ème siècle, qu'il porte à un degré plus élevé.
Voilà pour mon regard encore une fois très personnel sur l'article de Dominique, que je vous demande à votre tour de méditer.
Bonne soirée et bonne réflexion.
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