L'Aisne avec DSK

10 juin 2007

Jusqu'à 120 ans.

Dans L'Union d'aujourd'hui, édition de Saint-Quentin, page 13, le professeur Lucien Israël, 81 ans, affirme que "nous sommes tous faits pour vivre jusqu'à 120 ans"! A condition de suivre certaines recommandations d'hygiène alimentaire et corporelle, dont je vous livre quelques exemples: "éviter de serrer sa cravate, de porter des chaussettes qui compriment les jambes et de surélever les pieds de son lit avec des petites cales." Et dans quelques années, le professeur nous assure que les médecins nous annonceront en souriant: "ce n'est pas grave, c'est un cancer", car celui-ci aura alors cessé d'être une "longue et douloureuse maladie".

A une heure du résultat des élections législatives, vous devez me trouver bien peu politique et assez superficiel. Erreur, je suis au coeur de la question politique. Le traitement que notre société saura accorder au grand âge, sa place parmi nous sera un problème majeur des prochaines décennies, et je regrette vivement que la tragédie de la canicule, qui a emporté 15000 de nos anciens, n'ait conduit à aucune réflexion approfondie. Quand on pense que le plus dérisoire événement génère une quantité d'ouvrages de toute sorte! Et là, rien ou quasi. Le socialisme, axé traditionnellement sur les "actifs", devra inclure dans son projet l'âge de la retraite, où l'on se montre bien souvent d'une extraordinaire activité!

En commentant ce matin l'article de DSK dans Le Nouvel Observateur, je soulignais combien l'entretien de la santé importait autant sinon plus que la perception de telle allocation. Les propos de Lucien Israël confirme que la santé n'est pas tant une question de moyens que de comportements. Mais pour inculquer ces comportements, les transformer en habitudes, il faut passer par l'éducation, l'information, la formation, et cela demande beaucoup d'argent. En vérité, ce qui est essentiel, ce n'est pas fondamentalement l'argent que recoivent directement les individus mais l'investissement public dans les structures collectives chargées d'encadrer les individus (école, hôpital, etc).

Je reviens sur le paradoxe de ce matin. DSK est beaucoup plus "socialiste" que bien des représentants de la gauche traditionnelle qui conçoivent avant tout le progrès par le soutien financier, personnel et direct aux plus modestes et aux défavorisés. Pour être concret, mieux vaut former quelqu'un à une alimentation saine qui le protégera des maladies cardio-vasculaires (et pour cela, il faut investir fortement dans la prévention) que de donner à chacun les moyens financiers de faire face à la maladie (c'est l'adage "mieux vaut être riche et bien portant...") sans la certitude d'y parvenir et surtout sans l'assurance de guérir.

La gauche radicale répondra sans doute que les cotisations sociales sont là pour garantir notre santé et la gratuité de son entretien. Je veux bien mais je ne vois pas pourquoi maintenir à plaisir, par principe, des dépenses très lourdes qui pourraient être évitées, l'argent étant réorienté vers les combats d'urgence, la lutte contre le cancer par exemple. Il me semble aussi que les possibilités financières, hélas, ne sont pas infinies, qu'il faut faire de choix, élaborer des stratégies, songer à des économies, ce qu'on appelle faire de la politique, mettre en place une politique de la santé.

A tout à l'heure pour le résultat des législatives.