Notre histoire socialiste.
Il y a des camarades qui me font rigoler. Lorsqu'ils s'inquiétent de me voir envisager un rapprochement avec les centristes, je me demande s'ils connaissent bien l'histoire du socialisme français. Pourtant, à les entendre, notre "identité" serait menacée par une telle alliance car la famille, pour eux, ce sont les frères communistes, et certains vont même jusqu'aux cousins d'extrême gauche. Tant qu'ils y sont, pourquoi pas les anarchistes? Ces soupirs et ces réprimandes cachent une confusion intellectuelle de grande ampleur, une inculture politique assez stupéfiante.
Pourquoi? Parce que la plupart, militants et cadres intermédiaires du Parti, âgés de 50 ou 60 ans, tranches dominantes chez les socialistes installés dans l'appareil, ont vécu leur jeunesse et leur formation politique dans la mythologie de l'Union de la Gauche. Ils ont défilé, dans ces années 70 qui les ont à tout jamais marqués, au cri d' "union, action , Programme commun". Et quand les communistes, très vite, ont été les premiers à briser cette mythologie, en 1977, les socialistes ont décidé, selon l'étrange formule de François Mitterrand, d'être "unitaires pour deux" (sic). Il y a eu cinq années, 1972-1977, sorte d'âge d'or de ce que la droite va appeler, pour le discréditer, le "socialo-communisme", qui influence encore, même inconsciemment, beaucoup de responsables socialistes qui ont gardé la nostalgie de cette époque.
Il s'agit d'une pure et simple mythologie, je le répète. Son grand homme, c'est Mitterrand; sa Bible, c'est le Programme commun; sa stratégie, c'est l'Union de la Gauche; sa bataille principale, c'est la campagne présidentielle de 1974. Mais quelle est la réalité derrière la mythologie? C'est que Mitterrand, foncièrement anticommuniste, ne se rapproche du PCF que pour une raison purement stratégique, sans aucune sentimentalité politique: il faut se servir des communistes pour s'emparer du pouvoir. Toute mythologie finit par s'écrouler: en 1981, les socialistes gagnent parce que les communistes sont tellement affaiblis et tellement éloignés alors du PS (Marchais ne cesse de le critiquer) qu'ils ne représentent plus aucun danger, la majorité des français acceptant ainsi de porter la gauche au pouvoir.
J'invite mes camarades à regarder en face leur propre histoire. En 1936, le Front populaire n'est pas l'union des socialistes et des communistes. Il n'y a pas un seul communiste au gouvernement! Blum dirige avec la SFIO et les radicaux. Le PCF pousse à l'action dans les luttes, les occupations d'usines, il ne s'accorde pas sur un programme avec les socialistes. La SFIO, justement: elle a été, jusqu'à sa disparition, férocement anticommuniste. Guy Mollet, gardien de l'orthodoxie, soutenait que les communistes n'étaient pas à gauche mais "à l'Est". Je me souviens, dans mon enfance, d'un vieux militant SFIO qui ne parlait jamais des communistes mais des "cosaques". Bref, l'idée que l'identité socialiste ne peut que se ressourcer du côté communiste est de fabrication récente, d'intention stratégique, historiquement inexacte et idéologiquement erronée. Il vaut mieux le savoir avant de commencer toute refondation de notre projet.
Bonne soirée.
Pourquoi? Parce que la plupart, militants et cadres intermédiaires du Parti, âgés de 50 ou 60 ans, tranches dominantes chez les socialistes installés dans l'appareil, ont vécu leur jeunesse et leur formation politique dans la mythologie de l'Union de la Gauche. Ils ont défilé, dans ces années 70 qui les ont à tout jamais marqués, au cri d' "union, action , Programme commun". Et quand les communistes, très vite, ont été les premiers à briser cette mythologie, en 1977, les socialistes ont décidé, selon l'étrange formule de François Mitterrand, d'être "unitaires pour deux" (sic). Il y a eu cinq années, 1972-1977, sorte d'âge d'or de ce que la droite va appeler, pour le discréditer, le "socialo-communisme", qui influence encore, même inconsciemment, beaucoup de responsables socialistes qui ont gardé la nostalgie de cette époque.
Il s'agit d'une pure et simple mythologie, je le répète. Son grand homme, c'est Mitterrand; sa Bible, c'est le Programme commun; sa stratégie, c'est l'Union de la Gauche; sa bataille principale, c'est la campagne présidentielle de 1974. Mais quelle est la réalité derrière la mythologie? C'est que Mitterrand, foncièrement anticommuniste, ne se rapproche du PCF que pour une raison purement stratégique, sans aucune sentimentalité politique: il faut se servir des communistes pour s'emparer du pouvoir. Toute mythologie finit par s'écrouler: en 1981, les socialistes gagnent parce que les communistes sont tellement affaiblis et tellement éloignés alors du PS (Marchais ne cesse de le critiquer) qu'ils ne représentent plus aucun danger, la majorité des français acceptant ainsi de porter la gauche au pouvoir.
J'invite mes camarades à regarder en face leur propre histoire. En 1936, le Front populaire n'est pas l'union des socialistes et des communistes. Il n'y a pas un seul communiste au gouvernement! Blum dirige avec la SFIO et les radicaux. Le PCF pousse à l'action dans les luttes, les occupations d'usines, il ne s'accorde pas sur un programme avec les socialistes. La SFIO, justement: elle a été, jusqu'à sa disparition, férocement anticommuniste. Guy Mollet, gardien de l'orthodoxie, soutenait que les communistes n'étaient pas à gauche mais "à l'Est". Je me souviens, dans mon enfance, d'un vieux militant SFIO qui ne parlait jamais des communistes mais des "cosaques". Bref, l'idée que l'identité socialiste ne peut que se ressourcer du côté communiste est de fabrication récente, d'intention stratégique, historiquement inexacte et idéologiquement erronée. Il vaut mieux le savoir avant de commencer toute refondation de notre projet.
Bonne soirée.
2 Comments:
Enfin, un socialiste lucide...
Mitterrand s'est servi des Communistes, et les Communistes ont cru que c'était la porte ouverte pour le Grand Soir, Mitterrand savait que ce ne serait que la grande chute.
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Anonyme, at 9:15 PM
C'est vrai que l'histoire socialiste n'est marquée par aucune idylle longue avec le PCF, mais vous commettez une erreur à propos du Front populaire. Initialement, le Front populaire, c'est la SFIO et le PCF, éventuellement renforcés ici et là par des radicaux ou des sociaistes indépendants. C'est ainsi que s'est présenté le Front (qui s'appelait alors Rassemblement populaire) aux cantonales de 1934 et aux municipales de 1935.
Le PCF n'a fait aucune difficulté lors de l'élaboration du programme de Front populaire, bien au contraire, il était partisan d'un programme aussi modéré que possible, pour ne pas effrayer les électeurs du Parti radical. Cette position, de même que la non participation, était dictée par Moscou, il faut le dire. Le PCF n'a rien fait pour encourager les grèves et les occupations d'usine en 1936, bien au contraire.
Bref, rappeler l'histoire, oui, mais sans approximations.
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Anonyme, at 9:18 PM
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