A gauche et à droite.

Bonsoir à toutes et à tous.

A gauche, Gaëtan Gorce a fait une excellente suggestion de réforme du PS: supprimer la règle de la proportionnelle à la plus forme moyenne pour la représentation des courants. Ce système, comme toute proportionnelle forte, empêche que se dégage une majorité, donc la clarté et la stabilité dans la direction du parti. Sinon, la majorité se constitue (il en faut bien une pour gérer la boutique!) mais après tractations entre les courants, favorisant ainsi les purs jeux de pouvoir, allant parfois jusqu'à la réconciliation des contraires (Paris valait bien une messe, le PS vaut bien une compromission). Et tout cela en coulisses, sur le dos des militants qui voient leurs votes marchandés et finalement trahis. Oui, il faut mettre un terme à ce système électoral interne.

A droite, il est amusant (si l'on peut dire) de faire remarquer que le 13 juillet, veille de l'événement révolutionnaire, a été la date d'un événement contre-révolutionnaire: la quasi-totalité des droits de succession ont été abolis. C'est le 4 août à l'envers, la suppression pour presque tous c'est-à-dire l'avantage aux quelques privilégiés. Car jusqu'à ce jour, 89% des héritiers en ligne direct étaient exonérés de l'impôt. Ils seront désormais 95%. A qui cette mesure profite-t-elle, à votre avis? 20000 familles sont concernées, et pas les plus pauvres, qui hélas n'ont pas grand chose à transmettre à leurs enfants. L'abattement individuel pour les enfants passe de 50000 à 150000 euros. Jolie somme, n'est-ce pas? Ces cadeaux vont coûter 2,2 milliards d'euros. De l'argent en moins dans les caisses de l'Etat! Et qui va combler ce manque à gagner? Tout le monde, vous verrez!

A droite encore, j'ai entendu le ministre du Travail ce matin sur France-Inter défendre son projet de service minimum dans les transports. Il se veut "pragmatique", consensuel et soucieux des usagers. Les propos sont habilement enrobés. La vérité est tout autre: l'intention est fortement idéologique et n'a qu'un seul objectif, limiter le nombre de grèves en dissuadant les salariés de cesser le travail. Le projet oblige chaque gréviste à se déclarer tel 48 heures avant, sous peine de section disciplinaire. La menace est manifeste. Et quand le journaliste demande au ministre si ce délai ne va pas inciter les patrons à faire pression sur les salariés, il répond benoîtement: mais pourquoi? On se demande bien pourquoi, en effet, un patron ferait cela, dans quel intérêt! Ce serait à mourir de rire si la décision n'était pas si grave. Car le Premier ministre l'a dit: si ça marche dans les transports, pourquoi pas dans l'éducation? Et moi j'ajoute: pourquoi pas partout? Je souhaite une riposte syndicale énergique. Il y a mieux à faire en matière de travail que d'entraver la libre expression des revendications.

Pendant ce temps-là, un 6ème salarié de chez Peugeot vient de se suicider. Vous allez me dire que je fais un amalgame. Non, je fais un constat et je me pose des questions. Il y a des souffrances sociales qui sont devenues invisibles parce que psychologiques. Elles ne sont plus la peine physique d'autrefois mais n'en sont pas moins des violences faites aux hommes et aux femmes. Il nous faut les dénoncer, sans préjuger de leurs causes, assurément complexes. Faire de la politique, quand on se prétend de gauche, c'est trouver des solutions à la douleur sociale.

Bonne soirée.