L'avenir du libéralisme.
J'en termine cet après-midi, provisoirement, avec la pensée de Monique Canto-Sperber, mais pas avec l'ouvrage Faut-il sauver le libéralisme, puisque la seconde partie est consacrée à la réflexion d'un autre philosophe, lui aussi dans une perspective social-libérale, Nicolas Tenzer. Deux derniers extraits de la contribution de Monique:
"Dans une démocratie mondiale, aucun contre-pouvoir n'est possible. Il existe un lien conceptuel entre la pluralité des Etats et la préservation des conditions de la liberté, seul l'Etat, par définition limité et un parmi d'autres, peut assurer l'exercice concret des libertés. Il est une des conditions fortes d'un libéralisme international." (pages 81 et 82)
J'ai voulu finir par ce court passage parce qu'il rappelle quelques idées-clés de l'auteur: le libéralisme défini comme pluralité du réel, la liberté pensée plus en terme de conditions que de contenu, la liberté non pas abstraite mais concrète, le rôle paradoxal de l'Etat. J'ai choisi aussi ces lignes pour leur nouveauté, la définition d'un "libéralisme international", avec un refus que je ne partage pas, même si je comprends le raisonnement qui y conduit: la "démocratie mondiale" serait néfaste, le pluralisme (à ce niveau, nécessairement étatique, selon Monique) n'existerait pas, donc la démocratie non plus. Vous comprenez sans doute pourquoi je n'adhére pas à cette pensée. Je suis un fervent partisan de l'Europe supranationale (comment l'Europe peut-elle être autrement que supranationale?), je crois possible ce qui a commencé avec la construction européenne, c'est-à-dire le dépassement des nations. L'Europe est le rêve et l'embryon réel d'une "démocratie mondiale" pleinement démocratique.
Les derniers mots sont moins philosophiques et plus politiques:
"Les idées libérales associées aux idées sociales sont aujourd'hui une offre politique majeure. Ces idées sont à prendre. Le parti qui les assumera incarnera pour un temps le renouvellement politique. L'histoire nous dira si cette conciliation entre idées libérales et idées sociales se sera produite à gauche, au centre, voire au centre droit." (page 87)
Ce qui m'intéresse dans cette conclusion, c'est la confirmation d'une idée qui heurte les préjugés: l'avenir du libéralisme n'est pas à droite mais d'abord à gauche. Ce que je retiens aussi, c'est la forme de prémonition. Je vous rappelle que l'ouvrage a été publié en octobre 2006, rédigé sans doute, au plus tard, l'été dernier. Royal n'avait pas encore été choisi par le PS et Bayrou était loin de penser qu'il pouvait recueillir à la présidentielle 18% des voix.
Et pourtant, sans vouloir abuser de l'interprétation a posteriori, Ségolène à gauche est une tentative inachevée de cette conciliation entre libéralisme et socialisme, théorisée par DSK, qui reste pour moi le meilleur avenir de cette formule politique qui porte un autre nom, social-démocratie. Bayrou au centre, à la surprise de tous, a fait la même tentative, inaboutie, et à mon sens moins promise à un bel avenir. Reste le centre droit, dont on peut dire que Sarkozy, en partie, l'incarne: ses références aux grandes figures du socialisme, son estime pour Tony Blair, ses appels en direction de la classe ouvrière, son souci de protéger les salariés, sa préoccupation pour leur pouvoir d'achat, tout cela relève certes de la posture tactique mais aussi d'une intention réelle, une forme de populisme social, un travaillisme droitier qui lui aussi s'efforce, dans une version conservatrice, à concilier des idées libérales et des idées sociales. L'avenir dira vers où penchera notre pays: la social-démocratie, le centrisme social, le néopopulisme.
Bon après-midi.
"Dans une démocratie mondiale, aucun contre-pouvoir n'est possible. Il existe un lien conceptuel entre la pluralité des Etats et la préservation des conditions de la liberté, seul l'Etat, par définition limité et un parmi d'autres, peut assurer l'exercice concret des libertés. Il est une des conditions fortes d'un libéralisme international." (pages 81 et 82)
J'ai voulu finir par ce court passage parce qu'il rappelle quelques idées-clés de l'auteur: le libéralisme défini comme pluralité du réel, la liberté pensée plus en terme de conditions que de contenu, la liberté non pas abstraite mais concrète, le rôle paradoxal de l'Etat. J'ai choisi aussi ces lignes pour leur nouveauté, la définition d'un "libéralisme international", avec un refus que je ne partage pas, même si je comprends le raisonnement qui y conduit: la "démocratie mondiale" serait néfaste, le pluralisme (à ce niveau, nécessairement étatique, selon Monique) n'existerait pas, donc la démocratie non plus. Vous comprenez sans doute pourquoi je n'adhére pas à cette pensée. Je suis un fervent partisan de l'Europe supranationale (comment l'Europe peut-elle être autrement que supranationale?), je crois possible ce qui a commencé avec la construction européenne, c'est-à-dire le dépassement des nations. L'Europe est le rêve et l'embryon réel d'une "démocratie mondiale" pleinement démocratique.
Les derniers mots sont moins philosophiques et plus politiques:
"Les idées libérales associées aux idées sociales sont aujourd'hui une offre politique majeure. Ces idées sont à prendre. Le parti qui les assumera incarnera pour un temps le renouvellement politique. L'histoire nous dira si cette conciliation entre idées libérales et idées sociales se sera produite à gauche, au centre, voire au centre droit." (page 87)
Ce qui m'intéresse dans cette conclusion, c'est la confirmation d'une idée qui heurte les préjugés: l'avenir du libéralisme n'est pas à droite mais d'abord à gauche. Ce que je retiens aussi, c'est la forme de prémonition. Je vous rappelle que l'ouvrage a été publié en octobre 2006, rédigé sans doute, au plus tard, l'été dernier. Royal n'avait pas encore été choisi par le PS et Bayrou était loin de penser qu'il pouvait recueillir à la présidentielle 18% des voix.
Et pourtant, sans vouloir abuser de l'interprétation a posteriori, Ségolène à gauche est une tentative inachevée de cette conciliation entre libéralisme et socialisme, théorisée par DSK, qui reste pour moi le meilleur avenir de cette formule politique qui porte un autre nom, social-démocratie. Bayrou au centre, à la surprise de tous, a fait la même tentative, inaboutie, et à mon sens moins promise à un bel avenir. Reste le centre droit, dont on peut dire que Sarkozy, en partie, l'incarne: ses références aux grandes figures du socialisme, son estime pour Tony Blair, ses appels en direction de la classe ouvrière, son souci de protéger les salariés, sa préoccupation pour leur pouvoir d'achat, tout cela relève certes de la posture tactique mais aussi d'une intention réelle, une forme de populisme social, un travaillisme droitier qui lui aussi s'efforce, dans une version conservatrice, à concilier des idées libérales et des idées sociales. L'avenir dira vers où penchera notre pays: la social-démocratie, le centrisme social, le néopopulisme.
Bon après-midi.
1 Comments:
Pour le moment les peuples européens sont nationaux. Certains vivent sous la république, d'autres sous une royauté, difficile d'imaginer autre chose que le respect des nations. On peut donc imaginer une sur-couche fédérale dans certains domaines sans aller jusqu'à une fusion. Pour ma part, avec la méthode de contournent du PS par Désirs d'Avenirs, le néopopulisme n'est pas là où on l'imagine.
By jpbb, at 5:47 PM
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