Qui doit aller en prison?
Bonsoir à toutes et à tous.
En ce jour où Rachida Dati, ministre de la Justice, s'est exprimée devant le Parlement pour défendre son projet de loi contre la récidive, je voudrais vous dire ceci:
Parcourant l'actualité locale ou nationale et sa rubrique des faits divers et la chronique judiciaire, combien de fois ne me suis-je pas dit qu'on envoie en prison des esprits faibles ou malades, que la prison rendra encore plus faibles et malades. Bien sûr, je n'ignore pas que la Justice a pour fonction de protéger la société et que la prison est encore la façon la plus simple et la plus rapide d'écarter les esprits faibles et malades lorsqu'ils s'avérent dangereux et parfois criminels. Mais va-t-on ainsi les guérir de leur faiblesse et de leur maladie? Non. Victor Hugo a eu ce mot que tout ministre de la Justice devrait avoir inscrit devant lui, sur son bureau: "La prison est l'école du crime." Ce n'est pas qu'une belle formule d'écrivain, c'est une triste réalité.
Ne devrait aller en prison que l'individu qui a fauté ou tué en toute connaissance de cause, en pleine capacité de ses moyens intellectuels, dans une parfaite lucidité. La prison devrait être réservée aux gens malhonnêtes et raisonnables. Eux seuls tireraient profit de leur séjour à l'ombre, pouvant méditer sur leurs méfaits et les conséquences. Surtout, moralement, eux seuls méritent vraiment, parce que totalement conscients de leurs faits et gestes, cette peine terrible qu'est la privation de liberté. Les faibles et les malades (l'homme jaloux tuant l'amant de sa femme, le pervers pris par ses pulsions, le voleur tenté de subtiliser des biens qui le séduisent,...) ne méritent pas qu'on les emprisonne, inconscients qu'ils sont, du moins en partie, de ce qu'ils font. Un homme prisonnier de ses passions ou de ses pulsions ne doit pas être, en plus, prisonnier de la société.
En revanche, pas de pitié pour l'homme d'affaire escroc, le cambrioleur organisé, le politicien corrompu, le vendeur de drogue, le tueur professionnel, ... Je répète: la passion et la pulsion sont des causes atténuantes qui devraient faire échapper à l'emprisonnement, la raison est une cause aggravante qui devrait conduire illico au trou. Le problème évidemment, c'est que la nature humaine est faite de raison, de passion et de pulsion entremêlées. C'est donc le travail de la Justice, utilement éclairée par la psychologie, de trancher, de faire la part de chacune et de conclure. Ce qui est certain, c'est qu'une prison qui ne contiendrait que des malfaiteurs raisonnables, réfléchis, conscients de leurs actes, volontaires dans leurs gestes, cette prison-là renfermerait peu de monde, car ce sont surtout des faibles et des malades qui croupissent derrière les barreaux.
Une dernière question se pose donc, et non des moindres: que faire, dans l'hypothèse que je défends, des faibles et des malades, s'ils ne vont plus en prison? Ils sont au moins aussi dangereux que les êtres de raison, l'intelligence et la conscience en moins. Je n'ai pas la réponse. Il y a quelques timides alternatives à la prison qui existent, mais pour des délits mineurs. Ce que je sais, c'est qu'il faudrait que nous arrive, si possible de gauche, un réformateur audacieux, un politique courageux, un visionnaire puissant, un génie de l'éducation et de la justice, qui inventerait ce dont la société a besoin, une autre sanction que la prison, une protection véritable, efficace et durable contre les crimes et délits, l'effacement ou la limitation de la récidive et donc la guérison complète du malfaiteur et du criminel. Cet homme-là deviendrait immédiatement un grand homme, un bienfaiteur de l'humanité. Et il serait alors prouvé qu'un réformateur pacifique peut autant marqué l'histoire qu'un révolutionnaire violent.
La gauche est en mal d'idées pour se refonder. Qu'elle pense à la formule de Hugo, qu'elle emprunte la piste de réflexion que je viens de tracer.
Bonne soirée.
En ce jour où Rachida Dati, ministre de la Justice, s'est exprimée devant le Parlement pour défendre son projet de loi contre la récidive, je voudrais vous dire ceci:
Parcourant l'actualité locale ou nationale et sa rubrique des faits divers et la chronique judiciaire, combien de fois ne me suis-je pas dit qu'on envoie en prison des esprits faibles ou malades, que la prison rendra encore plus faibles et malades. Bien sûr, je n'ignore pas que la Justice a pour fonction de protéger la société et que la prison est encore la façon la plus simple et la plus rapide d'écarter les esprits faibles et malades lorsqu'ils s'avérent dangereux et parfois criminels. Mais va-t-on ainsi les guérir de leur faiblesse et de leur maladie? Non. Victor Hugo a eu ce mot que tout ministre de la Justice devrait avoir inscrit devant lui, sur son bureau: "La prison est l'école du crime." Ce n'est pas qu'une belle formule d'écrivain, c'est une triste réalité.
Ne devrait aller en prison que l'individu qui a fauté ou tué en toute connaissance de cause, en pleine capacité de ses moyens intellectuels, dans une parfaite lucidité. La prison devrait être réservée aux gens malhonnêtes et raisonnables. Eux seuls tireraient profit de leur séjour à l'ombre, pouvant méditer sur leurs méfaits et les conséquences. Surtout, moralement, eux seuls méritent vraiment, parce que totalement conscients de leurs faits et gestes, cette peine terrible qu'est la privation de liberté. Les faibles et les malades (l'homme jaloux tuant l'amant de sa femme, le pervers pris par ses pulsions, le voleur tenté de subtiliser des biens qui le séduisent,...) ne méritent pas qu'on les emprisonne, inconscients qu'ils sont, du moins en partie, de ce qu'ils font. Un homme prisonnier de ses passions ou de ses pulsions ne doit pas être, en plus, prisonnier de la société.
En revanche, pas de pitié pour l'homme d'affaire escroc, le cambrioleur organisé, le politicien corrompu, le vendeur de drogue, le tueur professionnel, ... Je répète: la passion et la pulsion sont des causes atténuantes qui devraient faire échapper à l'emprisonnement, la raison est une cause aggravante qui devrait conduire illico au trou. Le problème évidemment, c'est que la nature humaine est faite de raison, de passion et de pulsion entremêlées. C'est donc le travail de la Justice, utilement éclairée par la psychologie, de trancher, de faire la part de chacune et de conclure. Ce qui est certain, c'est qu'une prison qui ne contiendrait que des malfaiteurs raisonnables, réfléchis, conscients de leurs actes, volontaires dans leurs gestes, cette prison-là renfermerait peu de monde, car ce sont surtout des faibles et des malades qui croupissent derrière les barreaux.
Une dernière question se pose donc, et non des moindres: que faire, dans l'hypothèse que je défends, des faibles et des malades, s'ils ne vont plus en prison? Ils sont au moins aussi dangereux que les êtres de raison, l'intelligence et la conscience en moins. Je n'ai pas la réponse. Il y a quelques timides alternatives à la prison qui existent, mais pour des délits mineurs. Ce que je sais, c'est qu'il faudrait que nous arrive, si possible de gauche, un réformateur audacieux, un politique courageux, un visionnaire puissant, un génie de l'éducation et de la justice, qui inventerait ce dont la société a besoin, une autre sanction que la prison, une protection véritable, efficace et durable contre les crimes et délits, l'effacement ou la limitation de la récidive et donc la guérison complète du malfaiteur et du criminel. Cet homme-là deviendrait immédiatement un grand homme, un bienfaiteur de l'humanité. Et il serait alors prouvé qu'un réformateur pacifique peut autant marqué l'histoire qu'un révolutionnaire violent.
La gauche est en mal d'idées pour se refonder. Qu'elle pense à la formule de Hugo, qu'elle emprunte la piste de réflexion que je viens de tracer.
Bonne soirée.
3 Comments:
Quand on est être raisonnable, on respecte la loi, et donc en prison, il n'y en a guère. La prison est le pendant symbolique au crime, un moyen de payer. Ce qu'on peut reprocher à la prison, c'est son coté concentrationnaire, son manque d'espace, et la type de peine. Plutôt que de condamner dans le temps, indiquer un moyen: enfermer les personnes jusqu'à ce qu'elles obtiennent le niveau requis pour pouvoir se réinsérer réellement dans la société. Donc éduquer en prison et ne relâcher que quand le prisonnier a réussi l'examen prouvant qu'il a changé et qu'il peut à nouveau retrouver la communauté des citoyens libres.
By jpbb, at 10:09 AM
Marquer l'histoire, en concevant un système qui transforme le criminel en citoyen c'est reprendre l'école. Par définition l'enfant est un pervers polymorphe, et ce n'est que par l'éducation et le vécu que l'on arrive sur le temps à le transformer en adulte sage avec une suite d'échecs et de succès. Redonner une seconde chance, c'est aussi également accepter de courir le risque de la récidive.
By jpbb, at 10:41 AM
Au lieu que la prison soit l'école du crime, il faudrait qu'elle devienne l'école de la vertu par le savoir et la réflexion. Beau programme! Je sais que certains prisonniers profitent de leur séjour derrière les barreaux pour s'inscrire à l'Université. Rien d'ailleurs de plus efficace qu'une confortable prison pour étudier. Pourquoi pas un cursus spécial détenus, dans lequel le droit serait bien sûr une discipline dominante? Autre approche de cette école inédite: utiliser les savoir-faire des détenus. Il y a des compétences mal employées, qui deviendraient socialement utiles pourvu qu'on les oriente dans la bonne direction.
La Ligue de l'enseignement de l'Aisne, que je préside, propose des activités culturelles (artistiques) aux prisonniers. Et j'ai prévu d'organiser un café philo dans le centre pénitentiaire de Laon. Il faudrait sans doute relier tout ce projet au réseau des Universités Populaires.
By Emmanuel Mousset, at 12:37 PM
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