L'idée de régulation.
Bonjour à toutes et à tous.
Lionel Jospin, pour qualifier son socialisme, a souvent mis en avant l'idée de "régulation": le libéralisme, de son point de vue, est une économie débridée, "sauvage", qu'il faut assujettir à des régles. De même, des socialistes ont pu parler de mondialisation régulée ou "maîtrisée". L'idée de régulation n'est pas nouvelle. On la trouve dans la théorie économique, mais la philosophie politique ne l'a guère approfondie. Le problème (mais en est-ce vraiment un?), c'est que la régulation appartient moins au socialisme qu'au libéralisme. Je cite Monique Canto-Sperber:
"Le pur laisser-faire est un dévoiement du libéralisme. D'abord parce qu'il restreint le libéralisme au seul domaine économique et donne une fausse idée de ce qu'est le marché. Il méconnaît en particulier que l'activité économique comporte nécessairement une dimension sociale. Surtout, parce qu'il ignore qu'il n'y a pas d'exercice réel de la liberté qui ne soit constamment contraint dans des limites strictes destinées à sauvegarder la liberté d'autrui (...) Les régulations devraient oeuvrer à une mise en ordre de l'activité économique dont la visée plus ou moins explicite serait un fonctionnement libre du marché, mais aussi un fonctionnement équitable, apte à fournir au plus grand nombre de réels moyens d'action." (pages 53 à 56)
Le besoin de régulation découle directement de l'état de liberté. Laissez libres quelques individus, ils en viendront vite à la conclusion qu'il leur faut des régles, non pas pour mettre un terme à leur liberté, mais au contraire pour la protéger. Il n'y a que la liberté purement individuelle, solitaire, celle de Robinson avant de rencontrer Vendredi, qui n'a pas besoin de régles. Et encore, Robinson s'invente un calendrier, des horaires, des obligations...
Mais si le libéralisme appelle la régulation, le marché, selon Canto-Sperber, ne s'autorégule pas. Il faut intervention de la puissance publique. C'est ce que je disais hier: le marché est dans la société, et non la société à l'intérieur du marché. D'où la nécessité de ce qu'il faut bien appeller le socialisme, qui désigne littéralement le souci de "faire société". Le libéralisme réclame le socialisme.
Bonne matinée.
Lionel Jospin, pour qualifier son socialisme, a souvent mis en avant l'idée de "régulation": le libéralisme, de son point de vue, est une économie débridée, "sauvage", qu'il faut assujettir à des régles. De même, des socialistes ont pu parler de mondialisation régulée ou "maîtrisée". L'idée de régulation n'est pas nouvelle. On la trouve dans la théorie économique, mais la philosophie politique ne l'a guère approfondie. Le problème (mais en est-ce vraiment un?), c'est que la régulation appartient moins au socialisme qu'au libéralisme. Je cite Monique Canto-Sperber:
"Le pur laisser-faire est un dévoiement du libéralisme. D'abord parce qu'il restreint le libéralisme au seul domaine économique et donne une fausse idée de ce qu'est le marché. Il méconnaît en particulier que l'activité économique comporte nécessairement une dimension sociale. Surtout, parce qu'il ignore qu'il n'y a pas d'exercice réel de la liberté qui ne soit constamment contraint dans des limites strictes destinées à sauvegarder la liberté d'autrui (...) Les régulations devraient oeuvrer à une mise en ordre de l'activité économique dont la visée plus ou moins explicite serait un fonctionnement libre du marché, mais aussi un fonctionnement équitable, apte à fournir au plus grand nombre de réels moyens d'action." (pages 53 à 56)
Le besoin de régulation découle directement de l'état de liberté. Laissez libres quelques individus, ils en viendront vite à la conclusion qu'il leur faut des régles, non pas pour mettre un terme à leur liberté, mais au contraire pour la protéger. Il n'y a que la liberté purement individuelle, solitaire, celle de Robinson avant de rencontrer Vendredi, qui n'a pas besoin de régles. Et encore, Robinson s'invente un calendrier, des horaires, des obligations...
Mais si le libéralisme appelle la régulation, le marché, selon Canto-Sperber, ne s'autorégule pas. Il faut intervention de la puissance publique. C'est ce que je disais hier: le marché est dans la société, et non la société à l'intérieur du marché. D'où la nécessité de ce qu'il faut bien appeller le socialisme, qui désigne littéralement le souci de "faire société". Le libéralisme réclame le socialisme.
Bonne matinée.
2 Comments:
Il faut permettre à toutes les compétences de s'exprimer à leur juste valeur pour optimiser la quantité de richesses produites. Le drame, ce n'est pas de gagner le smig à Carouf, c'est de rester au smig derrière la caisse toute une vie. L'état doit intervenir pour pousser à la création de richesse, car il a le responsabilité d'en redistribuer une part envers les nécessiteux du moment. Pas seulement laisser faire, mais faire plus et faire mieux. D'une part envers les entreprises existantes, d'autre part envers de futures entreprises basées sur l'innovation. Nous sommes sur une courbe exponentielle pour la production de richesses au niveau mondial, inutile de perdre du temps. La pente de cette courbe doit être raidie par l'action de l'état investissant à la même hauteur que la société civile dans l'ensemble du capital risque. Cela doit être mené au niveau européen. Que les socialistes le revendiquent, que Nicolas Sarkozy le mette en place permettrait aux socialistes de figurer une opposition crédible auprès de l'opinion publique. Après la déroute ségoléniste, il faut du neuf.
By jpb, at 9:40 AM
Pour être plus clair, on peut réguler sur un mode répressif, donc limiter le libre jeu des personnes, on peut également jouer sur le mode incitatif, permettre de pouvoir faire plus, agrandir l'aire de jeu, tout en spécifiant les règles spécifiques à ce nouvel espace. Là est une nouvelle vision qui permet de dépasser les contradictions dans lesquelles la gauche patauge actuellement. Évidement les crétins vont ruer dans les brancards et crier à la trahison de la grande tradition de gauche, râler et ne rien faire. Laissons les râler et faisons, qu'on puisse nous juger sur les actes. Seule façon d'être crédibles sur le long terme auprès du citoyen.
By jpb, at 9:46 AM
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