L'Aisne avec DSK

09 juillet 2007

Compléments à ce qui précède.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'apporte 7 compléments à la réflexion sur la liberté et l'égalité:

1- Si l'on veut définir un "socialisme du réel", selon l'heureuse expression de DSK (Jospin, lui, parlait d'un "socialisme du possible"), il faut partir du réel, démarche entre nous soit dit parfaitement marxiste. Or le réel, ce n'est pas l'égalité, pure idée, mais la liberté, sensation intime, réalité vécue, pratique attestée. Donc le socialisme doit avoir pour fondement la liberté, et non plus l'égalité. La liberté à la base, l'égalité au sommet.

2- La liberté est un phénomène relatif. On est plus ou moins libre, jamais totalement mais toujours un peu. La liberté est réelle parce qu'elle est permanente. Même l'esclave peut éprouver une forme de liberté, ne serait-ce qu'en échappant à son maître. Rien de tel pour l'égalité. On est égaux ou pas, il n'y a pas de degrés d'égalité, on n'est pas plus ou moins égaux. Tout simplement parce que l'égalité n'est pas une réalité.

3- Qu'est-ce que l'égalité, que serait une société égalitaire? Difficile à dire puisque nous ne sommes pas, avec ce mot, dans le réel. J'ai dit que la gauche, historiquement, fondamentalement, fait reposer ses doctrines et ses actions sur l'égalité. C'est vrai pour une certaine gauche utopiste, "gauchiste", ce n'est pas vrai pour le marxisme authentique, aussi étrange qu'il y paraît. Marx décrit très peu la société sans classes qu'il annonce, et il ne se reconnaît pas dans les "partageux" et les "égalitaristes" de son temps, pour lui des idéalistes alors que sa ligne de pensée est rigoureusement réaliste. J'ajoute que le moteur historique de la lutte des classes, c'est beaucoup plus la liberté que l'égalité.

4- Pourquoi l'égalité est-elle dangereuse? Parce que c'est une idée! A vouloir rendre tout le monde égaux, on finit par couper des têtes, par déporter des catégories sociales, par massacrer ceux qui résiste à l'égalisation. La liberté est une réalité, elle ne tue personne.

5- Mais ma liberté ne peut-elle pas empiéter sur celle d'autrui et aller jusqu'à la supprimer? Car être libre, c'est faire ce qu'on veut, y compris d'autrui. Certes, mais ma liberté est bonne en soi, bonne pour moi, toujours positive pour l'homme libre. Le seul problème que pose la liberté, c'est son inégale répartition, lorsque les uns sont beaucoup plus libres que les autres au point que ceux-ci voient leur moindre liberté menacée et parfois niée par ceux-là. Donc il faut que chacun soit libre pour que tous le deviennent, il faut l'égalité dans la liberté. Libres donc égaux, égaux parce que libres.

6- Le capitalisme, c'est la liberté pour quelques-uns, les entrepreneurs, et les plus puissants d'entre eux. Le capitalisme est un mode de production, une forme de l'économie, qui ne se confond pas avec le libéralisme, qui est une philosophie, une politique et même par certains côtés une morale.

7- La liberté, dans sa réalité, est contagieuse. Elle se répand aisément. C'est la liberté qui a tué le communisme. Dans un monde où les idées et les hommes circulent, la liberté ne laisse indemne aucun système, dictatures classiques ou régimes communistes égalitaires.

Bonne soirée.

6 Comments:

  • J'avais publié un commentaire qui a disparu comment est ce possible?
    A t il déplu? :((
    MD

    By Blogger md, at 8:10 AM  

  • Aucun commentaire sur ce blog n'est supprimé. J'encourage les commentaires, ce n'est pas pour les effacer ensuite! et puis, je ne sais pas techniquement le faire. Donc, pas d'inquiétude...

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:32 AM  

  • Une explication peut-être pour le commentaire qui a "disparu": c'est le commentaire qui est allé au billet précédent...

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 9:34 AM  

  • Vous y tenez à Marx, comme quoi la religion va se nicher là où on ne l'attend pas. Le réel est-il seulement réel ou n'est-ce que l'observation d'une transition ? Je ramasse les copies ce soir à six heures, et pas de pinard au repas de ce soir pour ceux qui rendent en retard. Faut les tenir les moniteurs en colo. ;-)

    By Blogger jpb, at 11:34 AM  

  • Marx ne pouvait pas décrire la société sans classe, car il ne disposait pas d'une vision intégrant l'évolution technologique et ses conséquences à long terme. Je vais prendre quelques exemples:
    une fois que vous avez un ordinateur et une connexion adsl, toute la culture du monde est gratuite. Vous achetez des livres et des revues si cela vous chante, mais ce n'est plus une obligation pour progresser intellectuellement. En couplant l'aéro-générateur au monorail, vous circulez sur l'ensemble du territoire plus rapidement qu'avec le plus gros modèle de BMW. L'air est déjà gratuit, l'eau si vous récupérez celle qui tombe du ciel aussi, on peut donc facilement créer de l'abondance, donc au final du bien être pour tous. N'oublions pas que la richesse est d'abord construite sur la rareté, et l'accaparement de cette dernière par une minorité. Passer de la rareté à l'abondance détruit la pauvreté. Encore faut-il ne pas détruire le cadre écologique dans lequel on vit et ne pas transformer le monde en poubelle. Saint Marx ne pouvait pas le deviner. N'ayez pas peur, je le remplace aisément.

    By Blogger jpb, at 11:50 AM  

  • OK je l'ai retrouvé.
    Tu as raison de dire que ma vision est pessimiste. c'est surement mon passé qui me revient. mais cela confirme que la liberté n'est quand même pas si évidente que cela puisqu'elle ne prendre appui que sur des bases plus anciennes!
    MD

    By Blogger md, at 12:05 PM  

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