L'inversion des valeurs.
La conversion de la gauche au libéralisme, entendue comme défense prioritaire et absolue de la liberté (et non pas réduction de son projet au seul libéralisme économique, auquel cas la gauche pourrait à juste titre être accusée de se fondre dans la droite), cette conversion exclut-elle l'idée d'égalité, pierre fondatrice du socialisme? Je ne le pense pas et ne le veux pas. La gauche ne se séparera jamais de ce qui forge son identité, la valeur d'égalité, et qui la distingue puissamment de la droite.
Mais le rapport entre liberté et égalité doit changer, être inversé. Partir de l'égalité, comme l'ont fait les communautés utopistes au XIXème siècle et le communisme au XXème siècle, c'est aboutir au mieux sur un échec (l'utopisme), au pire sur une tragédie (le communisme). Car de l'égalité surgit rarement la liberté. C'est l'erreur historique du socialisme, croire qu'il faut d'abord établir l'égalité entre les hommes, une société juste, et que la liberté individuelle suivra. Il faut préciser ici que si l'égalité est collective (je suis égal à quelqu'un), la liberté est personnelle (une collectivité n'est pas exactement libre, elle est indépendante). Le socialisme s'est donc trompé en pensant que la société égalitaire allait engendrer l'homme libre. Au contraire, elle a généralement produit des individus soumis.
Cette erreur se comprend dans le contexte de l'époque, l'âge industriel où la République n'existe pas ou depuis peu, où la liberté ne veut pas dire grand chose quand on a faim et subit l'exploitation, quand les pouvoirs exercent leur violence. Alors l'égalité paraît la priorité, que chacun au moins soit l'égal de l'autre, ni pauvres ni riches, ni exploités ni exploiteurs. Aujourd'hui, un et deux siècles après, la société a changé et le socialisme révolutionaire a échoué. Ce qui doit être premier, c'est la liberté, car de celle-ci surgira cette fois l'égalité (à ne pas confondre bien sûr avec l'uniformité ou l'homogénéité). Des hommes libres ne pourront que tisser entre eux des rapports d'égalité. Il faut que les individus soient libres pour que la société devienne égalitaire, et non l'inverse.
Vous vous souvenez peut-être, sur ce blog, il y a quelques jours, j'ai parlé du rapport entre les fins et les moyens. Le socialisme, c'est à dire le règne de l'égalité, la République sociale, est une fin, c'est la société idéale, parfaitement humaine. Le libéralisme, c'est à dire l'extension de la liberté, n'est qu'un moyen, au service d'un objectif, le socialisme, du moins quand on est un militant de gauche. En effet, la liberté n'a pas de valeur en soi: être libre, c'est être libre de faire quelque chose, c'est utiliser sa liberté à une fin quelconque. Un homme qui se prétend libre sans le prouver est un vaniteux, un frimeur. En revanche, l'égalité ne sert à rien d'autre qu'à elle même. Elle est un état, une situation, un constat. On dit: "je suis libre de", et la liberté n'a de sens que de cette façon. On se contente de reconnaitre: "je suis égal à" ou plutôt "nous sommes égaux", puisque l'égalité n'existe que dans la collectivité.
Voilà pour cette première ébauche d'une réflexion une peu philosophique mais aussi très politique, c'est à dire très concrète, à propos du socialisme et de la dialectique qu'il doit établir entre la liberté et l'égalité, dans l'inversion de ces valeurs telles qu'habituellement il les pense.
Bon après-midi.
Mais le rapport entre liberté et égalité doit changer, être inversé. Partir de l'égalité, comme l'ont fait les communautés utopistes au XIXème siècle et le communisme au XXème siècle, c'est aboutir au mieux sur un échec (l'utopisme), au pire sur une tragédie (le communisme). Car de l'égalité surgit rarement la liberté. C'est l'erreur historique du socialisme, croire qu'il faut d'abord établir l'égalité entre les hommes, une société juste, et que la liberté individuelle suivra. Il faut préciser ici que si l'égalité est collective (je suis égal à quelqu'un), la liberté est personnelle (une collectivité n'est pas exactement libre, elle est indépendante). Le socialisme s'est donc trompé en pensant que la société égalitaire allait engendrer l'homme libre. Au contraire, elle a généralement produit des individus soumis.
Cette erreur se comprend dans le contexte de l'époque, l'âge industriel où la République n'existe pas ou depuis peu, où la liberté ne veut pas dire grand chose quand on a faim et subit l'exploitation, quand les pouvoirs exercent leur violence. Alors l'égalité paraît la priorité, que chacun au moins soit l'égal de l'autre, ni pauvres ni riches, ni exploités ni exploiteurs. Aujourd'hui, un et deux siècles après, la société a changé et le socialisme révolutionaire a échoué. Ce qui doit être premier, c'est la liberté, car de celle-ci surgira cette fois l'égalité (à ne pas confondre bien sûr avec l'uniformité ou l'homogénéité). Des hommes libres ne pourront que tisser entre eux des rapports d'égalité. Il faut que les individus soient libres pour que la société devienne égalitaire, et non l'inverse.
Vous vous souvenez peut-être, sur ce blog, il y a quelques jours, j'ai parlé du rapport entre les fins et les moyens. Le socialisme, c'est à dire le règne de l'égalité, la République sociale, est une fin, c'est la société idéale, parfaitement humaine. Le libéralisme, c'est à dire l'extension de la liberté, n'est qu'un moyen, au service d'un objectif, le socialisme, du moins quand on est un militant de gauche. En effet, la liberté n'a pas de valeur en soi: être libre, c'est être libre de faire quelque chose, c'est utiliser sa liberté à une fin quelconque. Un homme qui se prétend libre sans le prouver est un vaniteux, un frimeur. En revanche, l'égalité ne sert à rien d'autre qu'à elle même. Elle est un état, une situation, un constat. On dit: "je suis libre de", et la liberté n'a de sens que de cette façon. On se contente de reconnaitre: "je suis égal à" ou plutôt "nous sommes égaux", puisque l'égalité n'existe que dans la collectivité.
Voilà pour cette première ébauche d'une réflexion une peu philosophique mais aussi très politique, c'est à dire très concrète, à propos du socialisme et de la dialectique qu'il doit établir entre la liberté et l'égalité, dans l'inversion de ces valeurs telles qu'habituellement il les pense.
Bon après-midi.
2 Comments:
Je comprends que je n'arriverai pas à accrocher à ta notion de liberté.Comme tu l'écris à la suite d'un commentaire, la liberté n'est pas une mais multiple. Et où que j'aille et quoique je fasse j'ai toujours un maître : mon histoire et mon passé! c'est ce maître qui conditionne mon futur. Je ne suis pas libre d'aller où je veux (la propriété privée m'en empêche), je ne suis pas libre de travailler où et commme je veux (les patrons, les règles économiques, les formations sont là pour me le rappeler), je ne suis pas libre de penser (mon éducation et l'enseignement que j'ai reçus où non en sont des freins). La liberté n'existe que par rapport à un cadre que les autres ont défini bien souvent malgré moi. C'est bien un point sur lequel nous sommes égaux puisque personne n'est libre.
MD
By
md, at 5:59 AM
Il est philosophiquement possible de soutenir que l'homme n'est pas libre. J'ai presque envie de dire q'on peut philosophiquement soutenir n'importe quelle thèse, c'est la grande différence entre la philosophie et la science. Tout va dépendre des finalités qu'on assigne à sa philosophie.
Partir de l'hypothèse que l'homme n'est pas libre, que corroborent de nombreuses observations, c'est s'enfermer dans un schéma très pessimiste, s'interdire toute action, par exemple politique. Et si la seule égalité concevable, c'est l'absence de liberté partagée par tous les hommes, nous passerions du pessimisme au désespoir.
Je crois que la liberté est en germe en nous, plus ou moins développée selon les individus, et il dépend de nous de la cultiver.
By
Emmanuel Mousset, at 9:43 AM
Enregistrer un commentaire
<< Home