L'Aisne avec DSK

07 juillet 2007

L'esprit des lois.

On dit que les français ont du mal à s'y retrouver en économie. Je crois que c'est encore plus vrai en matière de justice, dont le vocabulaire, les us et coutumes sont étrangers à beaucoup. Ce qu'ils retiendront de la réforme de Sarkozy et Dati, c'est la répression, et c'est à coup sûr ce qui plaira, l'opinion étant ce qu'elle est. Et la gauche devra avoir le courage de ne pas céder à l'opinion mais de l'éclairer: la répression est une conséquence qui ne guérit pas de la cause, la répression qui est une forme de violence entraine la violence (regardez la société américaine, répressive et très violente), la répression est la solution de facilité.

La gauche doit être, à l'inverse, ambitieuse et exigente, elle doit s'attaquer aux racines de la délinquance, par la prévention, l'éducation, la surveillance, l'emploi et le logement. C'est évidemment autre chose que de brandir la matraque ou remplir des prisons déjà surpeuplées, où l'on ressort encore plus délinquant qu'on n'était entré. Oui, la gauche doit tenir sur ce sujet le discours de la vérité, de la fermeté et de l'efficacité, qui ne sont pas où la droite les met.

En attendant de revenir aux responsabilités, il faut faire notre travail d'opposants, dénoncer ce que le gouvernement propose, qui est inutile et dangereux. Ses mesures contre les récidivistes sont au nombre de deux:

- Les peines planchers sont des attributions automatiques de peines. Là, il faut rappeler que tout automatisme est contraire à l'esprit des lois. La justice est une affaire humaine rendue par des hommes, les juges, qui doivent avoir la liberté d'adapter la loi à la situation, de l'appliquer, comme le dit si bien le vocabulaire. Le juge n'est pas un robocop, justicier de métal. Et puis rappelons que le récidiviste se moque de la loi, plancher ou pas.
Bien sûr, il y aura de possibles dérogations, à la demande motivée du juge. Mais l'exception n'est là que pour confirmer la règle, ou alors il n'y a plus de règle.

- Les mineurs pourront être jugés comme des adultes, mesure qui existe déjà mais qui serait généralisée. En 1945, dans une époque qui n'était pas tendre, tranquille ou laxiste, le législateur a trouvé sage de juger les mineurs comme des mineurs et les adultes comme des adultes. C'est une sagesse qui n'a pas vieilli. Vous me direz que les enfants ont changé. Pas tant que ça. Ils sont même moins adultes aujourd'hui qu'hier. Mais si j'ai tort, il suffit d'abaisser l'âge de la majorité. Je crains cependant que cela ne suffise pas, quand on voit des gamins de douze-treize ans semer la terreur. Ne croyez pas que la répression va les dissuader. Seule l'éducation peut les changer. CQFD.

Bonne journée.