Critique du capitalisme.
Je reviens sur Dubaï et Chongqing, dont je parlais en début de matinée, pour apporter trois nouvelles réflexions:
1- Je disais il y a quelques jours que l'Amérique et l'Europe attiraient les plus pauvres, et aucun autre continent ou pays. Je rectifie: Dubaï accueille une masse de travailleurs venus principalement d'Inde, qui cherchent à fuir la pauvreté au prix de l'exploitation. Nous sommes à peu près dans la même situation que la France de la Révolution industrielle au XIXème siècle, voyant ses paysans pauvres rejoindre les grandes villes et leurs usines.
2- La remarque précédente pourrait inciter à un relatif optimisme. Le capitalisme n'a-t-il pas produit des richesses qui ont fini par être réparties, sous l'action du mouvement ouvrier et de la social-démocratie? Oui, mais Dubaï et Chongqing en 2007 ne sont pas Paris ou San Francisco en 1850. L'Europe a subi les ravages humains du capitalisme industriel, mais le courant socialiste était présent, résistant et parfois puissant. L'Amérique a vu se développer un capitalisme sauvage dans un univers de violence, mais les principes républicains présidaient à la naissance de la jeune Amérique et le droit a fait sa place au milieu des coups de pistolets. Rien de tel dans la Chine communiste et hypercapitaliste ou dans les principautés islamiques. Le capitalisme ne trouve devant lui aucune force politique, culturelle ou morale qui pourrait le contester ou le réguler.
3- Le problème de l'exploitation humaine, ce n'est pas tant qu'elle existe (l'homme a toujours exploité l'homme) mais que les hommes l'acceptent et même la soutiennent parce qu'ils n'en ont pas conscience. Marx avait très bien compris de cela, à quoi il répond par la "conscience de classe" que le prolétariat devait développer en augmentant en nombre. C'était il y a un siècle et demi, nous n'en sommes plus là. Mais le concept d'une prise de conscience afin de lutter contre l'exploitation demeure pertinent.
Or Dubaï occasionne de beaux reportages touristiques mais peu de dénonciations politiques argumentées et efficaces, y compris de la part des tenants de l'anticapitalisme traditionnel. Soit ces derniers demeurent dans le cadre national de la critique du capitalisme et leur dénonciation est peu crédible (le capitalisme en France est régulé et en quelque sorte humanisé), soit ils attaquent le capitalisme mondial mais de façon indifférencié, ce qui fait oublier la spécificité de Dubaï et Chongqing.
Les premiers sont plutôt les communistes, les seconds sont plutôt les altermondialistes, l'extrême gauche se répartit entre les deux. Il faudrait que la social-démocratie rénovée s'efforce de critiquer intelligemment le capitalisme, d'en tracer les limites, les potentialités, les forces, les faiblesses, les contradictions, le devenir, bref reprendre le travail fait en son temps par Karl Marx, en reprenant les outils conceptuels que le philosophe a élaborés mais en les adaptant totalement à notre époque. Ce qui n'a strictement rien à voir avec l'anticapitalisme incantatoire, dogmatique, moral et impuissant.
Bon après-midi.
1- Je disais il y a quelques jours que l'Amérique et l'Europe attiraient les plus pauvres, et aucun autre continent ou pays. Je rectifie: Dubaï accueille une masse de travailleurs venus principalement d'Inde, qui cherchent à fuir la pauvreté au prix de l'exploitation. Nous sommes à peu près dans la même situation que la France de la Révolution industrielle au XIXème siècle, voyant ses paysans pauvres rejoindre les grandes villes et leurs usines.
2- La remarque précédente pourrait inciter à un relatif optimisme. Le capitalisme n'a-t-il pas produit des richesses qui ont fini par être réparties, sous l'action du mouvement ouvrier et de la social-démocratie? Oui, mais Dubaï et Chongqing en 2007 ne sont pas Paris ou San Francisco en 1850. L'Europe a subi les ravages humains du capitalisme industriel, mais le courant socialiste était présent, résistant et parfois puissant. L'Amérique a vu se développer un capitalisme sauvage dans un univers de violence, mais les principes républicains présidaient à la naissance de la jeune Amérique et le droit a fait sa place au milieu des coups de pistolets. Rien de tel dans la Chine communiste et hypercapitaliste ou dans les principautés islamiques. Le capitalisme ne trouve devant lui aucune force politique, culturelle ou morale qui pourrait le contester ou le réguler.
3- Le problème de l'exploitation humaine, ce n'est pas tant qu'elle existe (l'homme a toujours exploité l'homme) mais que les hommes l'acceptent et même la soutiennent parce qu'ils n'en ont pas conscience. Marx avait très bien compris de cela, à quoi il répond par la "conscience de classe" que le prolétariat devait développer en augmentant en nombre. C'était il y a un siècle et demi, nous n'en sommes plus là. Mais le concept d'une prise de conscience afin de lutter contre l'exploitation demeure pertinent.
Or Dubaï occasionne de beaux reportages touristiques mais peu de dénonciations politiques argumentées et efficaces, y compris de la part des tenants de l'anticapitalisme traditionnel. Soit ces derniers demeurent dans le cadre national de la critique du capitalisme et leur dénonciation est peu crédible (le capitalisme en France est régulé et en quelque sorte humanisé), soit ils attaquent le capitalisme mondial mais de façon indifférencié, ce qui fait oublier la spécificité de Dubaï et Chongqing.
Les premiers sont plutôt les communistes, les seconds sont plutôt les altermondialistes, l'extrême gauche se répartit entre les deux. Il faudrait que la social-démocratie rénovée s'efforce de critiquer intelligemment le capitalisme, d'en tracer les limites, les potentialités, les forces, les faiblesses, les contradictions, le devenir, bref reprendre le travail fait en son temps par Karl Marx, en reprenant les outils conceptuels que le philosophe a élaborés mais en les adaptant totalement à notre époque. Ce qui n'a strictement rien à voir avec l'anticapitalisme incantatoire, dogmatique, moral et impuissant.
Bon après-midi.
5 Comments:
Ben oui, il faudrait faire mieux que Marx, et ne pas partir de la misère. Partir de la situation actuelle, et l'améliorer. C'est strictement social démocrate. Le capitalisme n'est pas assez vaillant pour procurer le bien être pour tous, sachons le moderniser. C'est en faisant de la surenchère que l'on y arrivera, pas en se bornant à une dénonciation vindicative qui n'appartient qu'aux extrémistes de gauche. Je n'ai pas plus de sympathie pour ceux de droite d'ailleurs en bon démocrate. :-)
DSK a toute ma sympathie s'il travaille au FMI à éradiquer la misère, et ce en plein système capitaliste, en son coeur même. Pour transformer les pauvres en riches, il faut être un super traître.
By jpb, at 3:29 PM
Certes, jpb, mais nous autres strauss-kahniens sommes un peu embêtés: DSK au FMI, qui va mener le combat pour la social-démocratie au sein du PS? On ne peut pas être au four et au moulin, au FMI et au PS!
Je sais bien que notre camarade Huchon a trouvé la solution: DSK au FMI n'en sera que plus fort dans quelques années quand il reviendra dans la politique intérieure française. Je veux bien, mais est-ce possible d'avoir une influence sur cette politique intérieure en la quittant? Je reste sceptique. Ce qui ne change pas mon point de vue: DSK a eu raison d'aller au FMI.
By Emmanuel Mousset, at 9:39 PM
« Les entreprises des secteurs "innovants", quant à elles, ont moins embauché, sans doute du fait du contexte financier plus difficile de ces entreprises qui dégagent peu de profits les premières années. »
http://www.latribune.fr/info/Les-jeunes-entreprises-disparaissent--les-emplois-restent----~-IDDD415CA423656154C12573150060247A
Cela va permettre à DSK de s'immerger dans le bain capitalistique au coeur d'une capitale fédérale, et de dégager des solutions pour appuyer le clonage d'un mécanisme amélioré à Kanfen afin de créer de la richesse, nourriture à donner généreusement aux pauvres pour qu'ils deviennent riches.
Quand au PS, il doit s'adapter à cette nouvelle donne. DSK a indiqué que cela le pompait grave de jouer avec les virgules au BN et que ce n'est qu'en se frottant au réel qu'on a une chance de le faire bouger.
Nous avons la France, l'Europe et le Monde. Trois endroits sur lesquels peser. Le PS est tout à fait marginal dans cette histoire, et pour ma part, je m'y endors.
By jpb, at 10:31 AM
A jpb qui s'endort au PS, cette phrase de David Hume, à méditer pour cet après-midi, avant ou après la sieste: "Le sommeil de la raison engendre des monstres".
By Emmanuel Mousset, at 3:39 PM
Le drame du PS c'est que la raison l'a depuis longtemps quitté, au point d'avoir une Ségolène comme candidate au seul motif qu'elle avait fait un bon score dans les sondages. Nous ne sommes pas inclus dans ce bain de bêtise, nous soutenions DSK...
By jpbb, at 3:07 PM
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