Dubaï après la Suisse.
Bonjour à toutes et à tous.
Pendant longtemps, les riches ont eu leur paradis, la Suisse. La fortune du monde entier dormait tranquillement dans de solides coffre-fort. Le capitalisme donnait de lui une image irréprochable (je dis bien une image; la réalité, c'est autre chose). La Suisse, ses coucous, ses montagnes, sa propreté, sa démocratie sont rassurants et à certains égards séduisants. La Suisse est un vrai paradis puisque même les armées allemandes du IIIème Reich, avides de conquêtes, n'ont pas osé l'envahir. La Rome du capitalisme est restée un pays tranquille alors que la tragédie et l'horreur s'abattaient tout autour, en Europe et dans le monde.
Eh bien la Suisse n'est plus le paradis des riches, si j'en crois Philippe Val dans l'ouvrage que je commente depuis quelques jours: c'est Dubaï et Chongqing. Chongqing , Val m'apprend que c'est la première ville du monde, avec 32 millions d'habitants, un exemple de Chine communiste converti au capitalisme le plus sauvage. Dubaï, j'y suis allé en 2000! L'un de mes frères travaille là-bas dans la restauration. C'est un Emirat Arabe en pleine expansion économique, qui ignore la guerre et les drames du Moyen Orient.
Quelques mots sur ma vision de Dubaï, même si j'étais comme Fabrice à Waterloo; c'est dans les livres qu'on voyage, pas en faisant du tourisme. Par le hublot de l'avion, la nuit, les torchères des puits de pétrole annoncent la couleur et la richesse de l'émirat. Il fait très chaud sous un ciel très gris. Pas d'alcool sauf dans les établissements touristiques, pas de filles dénudées mais les yeux des habitants se figent et brillent quand passe une occidentale. Des chantiers un peu partout, des centres commerciaux comme chez nous mais plus vastes, plus beaux, et un côté Disneyland avec ses îles en forme de palmiers ou sa station de ski en plein désert!
Dubaï, c'est quoi? Le rêve d'un pur capitalisme dans le cadre d'un Etat musulman. Chongqing, c'est la même chose, dans le cadre d'un régime communiste. Dans la vieille Europe et la jeune Amérique, le capitalisme prospère, mais à l'étroit, encadré par la social-démocratie chez nous, et par la démocratie Outre-Atlantique. Il lui faut une expansion plus libre, paradoxalement dans des cadres plus sévères: l'islamisme et le communisme, qui pourtant étaient ses ennemis il n'y a pas si longtemps. Je laisse la parole à Philippe Val:
"Dubaï est une dictature féodale classique, appuyé sur un pouvoir religieux- le wahhabisme - sévère et puritain, mais prêt à fermer les yeux sur ce qui, parmi les interdits divins, est transformable en dollars (...) Un spectaculaire chantier urbain, avec des réalisations des plus grands architectes du monde entier, l'arrivée massive des investisseurs, l'implantation de commerces et d'industries liées aux technologie de pointe, la création de pôle universitaires et de centres de recherche, etc."
Côté face: "La mortalité dans les chantiers, les conditions de travail, le salaire des ouvriers, la place des femmes (...) La société est d'une extrême violence, mais cette violence ne semble pas gêner grand monde." (Les traitres et les crétins, pages 211 et 212)
Moralité: le libéralisme, indissociablement économique, politique et culturel, est devenu la limite du capitalisme, qui trouve au contraire chez ses pires ennemis les moyens politiques et culturels d'assurer son hégémonie.
Bonne matinée.
Pendant longtemps, les riches ont eu leur paradis, la Suisse. La fortune du monde entier dormait tranquillement dans de solides coffre-fort. Le capitalisme donnait de lui une image irréprochable (je dis bien une image; la réalité, c'est autre chose). La Suisse, ses coucous, ses montagnes, sa propreté, sa démocratie sont rassurants et à certains égards séduisants. La Suisse est un vrai paradis puisque même les armées allemandes du IIIème Reich, avides de conquêtes, n'ont pas osé l'envahir. La Rome du capitalisme est restée un pays tranquille alors que la tragédie et l'horreur s'abattaient tout autour, en Europe et dans le monde.
Eh bien la Suisse n'est plus le paradis des riches, si j'en crois Philippe Val dans l'ouvrage que je commente depuis quelques jours: c'est Dubaï et Chongqing. Chongqing , Val m'apprend que c'est la première ville du monde, avec 32 millions d'habitants, un exemple de Chine communiste converti au capitalisme le plus sauvage. Dubaï, j'y suis allé en 2000! L'un de mes frères travaille là-bas dans la restauration. C'est un Emirat Arabe en pleine expansion économique, qui ignore la guerre et les drames du Moyen Orient.
Quelques mots sur ma vision de Dubaï, même si j'étais comme Fabrice à Waterloo; c'est dans les livres qu'on voyage, pas en faisant du tourisme. Par le hublot de l'avion, la nuit, les torchères des puits de pétrole annoncent la couleur et la richesse de l'émirat. Il fait très chaud sous un ciel très gris. Pas d'alcool sauf dans les établissements touristiques, pas de filles dénudées mais les yeux des habitants se figent et brillent quand passe une occidentale. Des chantiers un peu partout, des centres commerciaux comme chez nous mais plus vastes, plus beaux, et un côté Disneyland avec ses îles en forme de palmiers ou sa station de ski en plein désert!
Dubaï, c'est quoi? Le rêve d'un pur capitalisme dans le cadre d'un Etat musulman. Chongqing, c'est la même chose, dans le cadre d'un régime communiste. Dans la vieille Europe et la jeune Amérique, le capitalisme prospère, mais à l'étroit, encadré par la social-démocratie chez nous, et par la démocratie Outre-Atlantique. Il lui faut une expansion plus libre, paradoxalement dans des cadres plus sévères: l'islamisme et le communisme, qui pourtant étaient ses ennemis il n'y a pas si longtemps. Je laisse la parole à Philippe Val:
"Dubaï est une dictature féodale classique, appuyé sur un pouvoir religieux- le wahhabisme - sévère et puritain, mais prêt à fermer les yeux sur ce qui, parmi les interdits divins, est transformable en dollars (...) Un spectaculaire chantier urbain, avec des réalisations des plus grands architectes du monde entier, l'arrivée massive des investisseurs, l'implantation de commerces et d'industries liées aux technologie de pointe, la création de pôle universitaires et de centres de recherche, etc."
Côté face: "La mortalité dans les chantiers, les conditions de travail, le salaire des ouvriers, la place des femmes (...) La société est d'une extrême violence, mais cette violence ne semble pas gêner grand monde." (Les traitres et les crétins, pages 211 et 212)
Moralité: le libéralisme, indissociablement économique, politique et culturel, est devenu la limite du capitalisme, qui trouve au contraire chez ses pires ennemis les moyens politiques et culturels d'assurer son hégémonie.
Bonne matinée.
4 Comments:
Riche, c'est relatif. Difficile de définir une politique sur un concept aussi flou. Dans un cadre manichéen, cela facilite les choses, blanc-noir, chaud-froid, yin-yang. Cela n'a pas la précision d'un code binaire, riche c'est juste la façon de parler d'une personne qui s'imagine pauvre. Mais c'est un langage qui permet d'assembler la populace, salauds de riches en train de nous sucer le sang, prolétaires de tous pays unissez vous sous ma bannière, et en tant que leader, n'oubliez pas de m'offrir des havanes à mon anniversaire...
By jpb, at 10:44 AM
Il faut bien utiliser le vocabulaire qui existe, avec bien sûr toutes les précautions qui s'imposent. Il ne faut pas en rester aux mots. L'essentiel, c'est l'idée dans laquelle les mots s'intégrent et qu'ils expriment. Riches et pauvres, chacun voit intuitivement ce que ces termes désignent. Ou alors, il va falloir contester chaque mot utilisé. Ouvrier, par exemple, ça veut dire quoi? Là aussi, on peut contester. Bref, retenons le sens d'une idée, pas d'abord sa forme, même s'il faut travailler cette forme, affûter des concepts précis ou reprendre et rénover ceux qu'ont déjà pensé les philosophes (d'où mon intérêt pour l'oeuvre de Marx).
By Emmanuel Mousset, at 1:52 PM
Bien évidement que l'on ne peut utiliser que les outils dont on dispose, cela n'empêche pas d'en fabriquer de nouveaux. Le problème des idées, c'est qu'elles ont besoin des mots pour s'exprimer. Je pense que vous faites une erreur fondamentale, que le sens des mots soit identique pour tous. Chacun a son propre dictionnaire coloré de son vécu. Chacun son histoire, même si l'on peut catégoriser à grand trait, il y a autant de personnes que d'ouvriers, chacun est unique. Je préfère pour ma part partir de la personne, de son histoire, de son vécu. J'ai donc une approche plus psychanalytique de l'autre. Freud contre Marx, c'est là quand ? :-)
Ensuite on rajoute une couche.
Partir des définition est didactique, la science pour les nuls, mais quand il faut se coltiner à la chose, explorer et inventer, tout est bon, les définitions ne sont que des béquilles. Il faut ensuite avancer sur un terrain miné et inconnu. Cela implique de jeter par dessus bord tout l'inutile. Je n'ai jamais été séduit par le catéchisme du bourgeois Marx et de sa vision bornée. L'histoire n'existe pas à priori, et elle peut partir dans n'importe quelle direction selon les hommes. Sachons en trouver une bonne sans avoir à trucider la moité de la planète.
By jpb, at 3:19 PM
Pour les non initiés, le commentaire précédent contient un jeu de mot désignant un grand psychanalyste français amateur de noeuds papillon.
By Emmanuel Mousset, at 3:42 PM
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