Un gros paquet.

L'Assemblée Nationale examine cette semaine le "paquet fiscal", c'est à dire les avantages importants accordés par le gouvernement aux plus riches, à charge pour ceux-ci de faire redémarrer l'économie, l'emploi, le pouvoir d'achat, etc. Un très joli paquet encore amélioré aujourd'hui par l'abattement de 30% (il était à 20%) sur la résidence principale comptant dans le calcul de l'ISF. Vous vous souvenez de la petite histoire d'un grand malheur, celui d'un brave propriétaire de l'île de Ré qui se voit assujetti à l'ISF sans y prendre garde, la valeur du sol ayant augmenté avec le temps. La droite nous ressort le même argument, cette fois-ci avec les propriétaires d'Ile-de-France, le prix de l'immobilier dans la région ayant flambé.

Mais le plus stupéfiant dans tout cela, ce n'est pas tant qu'un gouvernement de droite applique une politique de droite qu'il a annoncée depuis plusieurs mois, c'est que les classes moyennes et une partie des classes populaires ne s'en scandalisent pas. J'écoutais ce midi RTL, "les auditeurs ont la parole", bon baromètre des humeurs françaises. A part quelques coups de gueule contre cette injustice fiscale, le ton est plutôt à l'indulgence, à la compréhension, sinon à l'adhésion.

Qu'est-ce qui fait que la redistribution fiscale, l'utilisation de l'impôt comme instrument de justice et d'égalité, ont perdu de leur ferveur auprès de l'opinion? Je vois trois raisons:

1- Avec le désir d'enfant, chacun veut léguer à ses descendants, qu'il a choisi d'avoir, le fruit de son travail, ses biens et son épargne. C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité que la procréation n'est plus une fatalité mais une volonté. L'enfant est devenu le prolongement de soi (ce qu'il n'est pas en réalité, mais ça, c'est un autre problème, philosophique). Il est alors considéré comme normal que l'argent aille intégralement aux enfants.

2- Depuis 50 ans, les conditions générales d'existence se sont largement améliorées. Comparez 1955 et 2007, le bouleversement en France est stupéfiant. On ne prend jamais assez en compte, surtout à gauche, cette donnée. Beaucoup de gens se sentent "riches" (ce qu'ils ne sont pas en réalité en comparaison avec les véritables fortunes). Ils vont au restaurant, en vacances, ont des loisirs, parfois une résidence secondaire, souvent plusieurs véhicules et autres biens de consommation. Bref, l'enrichissement relatif mais indéniable de la population a établi une sorte de solidarité inconsciente avec les plus riches, qui semblent moins éloignés du lot commun qu'il y a 50 ans. D'où l'indulgence à leur égard.

3- La dernière raison est culturelle. Regardez la télé, les magazines, les publicités, la plupart des films, ce sont les riches qui sont montrés en exemple, c'est leur mode de vie qui passe pour un modèle. "Tu seras un homme mon fils", disait autrefois le père à son rejeton. "Tu seras un riche mon fils", voilà ce que nous dit, de toutes ses forces, notre société.

Bonne fin d'après-midi.