La laïcité sans barbe.
Parmi les concepts que la gauche devra revisiter en vue de sa refondation, il y a, on l'oublie trop souvent, la laïcité. Laurent Fabius en parle de temps en temps mais pour des raisons plutôt tactiques, la laïcité étant un identifiant de l'aile gauche du PS. André Laignel a longtemps été notre Monsieur Laïcité mais on ne l'entend plus guère. Reste Jean Glavany, qui mène un travail louable sur ce sujet mais il n'est pas une personnalité de premier plan, un "éléphant" comme on dit.
Pour la base militante, la laïcité est trop souvent l'affaire des vieilles barbes aux réflexes pavloviens: "à bas les curés, non à l'école privée!' Evidemment, avec de tel slogan, on ne va pas très loin et on ne sert pas vraiment la laïcité. A vrai dire, le camp laïque s'est difficilement remis de sa défaite de 1984 face à l'enseignement privé, l'échec de son rêve de toujours, l'unification du système scolaire. Il y a certes eu le sursaut de 1993, quand Bayrou a voulu supprimer la loi Falloux. Mais les riches heures du combat laïque, on le sent, sont derrière nous. D'autant que la droite s'en est elle aussi emparée. C'est Chirac qui a imposé la loi contre les signes religieux à l'école.
Et pourtant, qui peut affirmer que notre société et notre monde n'ont pas un besoin urgent et profond de laïcité? J'en donne quelques preuves:
- L'intégrisme islamisme et son corollaire, le terrorisme, menacent gravement l'ordre et la sécurité du monde.
- Les sociétés modernes sont investies par des sectes de toute sorte, notamment évangélistes.
- L'esprit rationnel, scientifique, critique est en recul devant la montée des fausses sciences, des paramédecines et des charlatanismes en tout genre.
Bref, la laïcité a de beaux jours devant elle, et beaucoup de travail. A condition qu'elle se débarrasse des vieilles barbes. Rien de tel qu'une petite lecture de Philippe Val:
"Les fondamentalistes, les intégristes, les aristocrates, les dominants persuadés de la légitimité de leur supériorité sont tous hostiles au commentaire, qui, obligatoirement, discutera un jour ou l'autre le bien-fondé de leur pouvoir. Une société se laïcise, et, sans aucun doute, les critères qui rendent possible le bonheur individuel se multiplient, à mesure que les textes sacrés et les mythes deviennent de la littérature." (Les traitres et les crétins, page 89)
Associer la laïcité à la littérature, au bonheur et à la contestation du pouvoir, voilà une approche jubilatoire propre à nous réconcilier avec ce concept!
Bon après-midi.
Pour la base militante, la laïcité est trop souvent l'affaire des vieilles barbes aux réflexes pavloviens: "à bas les curés, non à l'école privée!' Evidemment, avec de tel slogan, on ne va pas très loin et on ne sert pas vraiment la laïcité. A vrai dire, le camp laïque s'est difficilement remis de sa défaite de 1984 face à l'enseignement privé, l'échec de son rêve de toujours, l'unification du système scolaire. Il y a certes eu le sursaut de 1993, quand Bayrou a voulu supprimer la loi Falloux. Mais les riches heures du combat laïque, on le sent, sont derrière nous. D'autant que la droite s'en est elle aussi emparée. C'est Chirac qui a imposé la loi contre les signes religieux à l'école.
Et pourtant, qui peut affirmer que notre société et notre monde n'ont pas un besoin urgent et profond de laïcité? J'en donne quelques preuves:
- L'intégrisme islamisme et son corollaire, le terrorisme, menacent gravement l'ordre et la sécurité du monde.
- Les sociétés modernes sont investies par des sectes de toute sorte, notamment évangélistes.
- L'esprit rationnel, scientifique, critique est en recul devant la montée des fausses sciences, des paramédecines et des charlatanismes en tout genre.
Bref, la laïcité a de beaux jours devant elle, et beaucoup de travail. A condition qu'elle se débarrasse des vieilles barbes. Rien de tel qu'une petite lecture de Philippe Val:
"Les fondamentalistes, les intégristes, les aristocrates, les dominants persuadés de la légitimité de leur supériorité sont tous hostiles au commentaire, qui, obligatoirement, discutera un jour ou l'autre le bien-fondé de leur pouvoir. Une société se laïcise, et, sans aucun doute, les critères qui rendent possible le bonheur individuel se multiplient, à mesure que les textes sacrés et les mythes deviennent de la littérature." (Les traitres et les crétins, page 89)
Associer la laïcité à la littérature, au bonheur et à la contestation du pouvoir, voilà une approche jubilatoire propre à nous réconcilier avec ce concept!
Bon après-midi.
posted by Emmanuel Mousset at
12:30 PM
2 Comments:
Hou là là, Philippe Val est très fort pour vendre du papier. La laïcité, c'est la libre pratique de l'exercice religieux pour tous et son respect. Ce n'est pas la lutte contre les religions, c'est permettre leur expression dans un cadre républicain. C'est le droit pour chacun d'exercer sa libre conscience et d'adhérer ou pas à une religion particulière. A par la Bible comme littérature, ce livre qui constitue la mémoire juive et la Coran, ils sont le reflet d'une histoire et d'un réel qui touchent une grande partie de l'humanité. L'échec des communistes à éradiquer le religieux a fait flop. Ceci dit, je respecte le mécréant athée, c'est son droit absolu dans le cadre de la laïcité également, tant qui ne fait pas de prosélytisme barbant.
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jpb, at 6:25 PM
Comment croire en la possibilité d'une société laîque quand les jours fériés et les vacances sont calés par rapport aux fêtes religieuses catholiques ( Noël, Pâques, la Toussaint, le 15 Août,...), quand le port des chaînes, des médailles, des croix, des mains de fatma, des foulards,.. est toléré dans l'enceinte de l'école dès lors qu'il n'est pas ostentatoire, quand on accepte la diffusion de tracts sectaires à la sortie des établissements scolaires (donc hors de la compétence des chefs d'établissements), quand des personnes frappent chez vous pour raconter la Bible...
Ne serait-il pas plus simple d'enseigner la "religion"? de revenir à des établissements confessionnels mais là se pose le problème de ceux qui n'ont pas les moyens de choisir leur lieu d'enseignement ou qui ne croient pas ! C'est le serpent qui se mord la queue!!
MD
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md, at 9:33 PM
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