Social et libéral.
Libéral et social sont perçus généralement, surtout à gauche, comme antagoniques. Les tentatives de conciliation sont peu nombreuses et pas toujours heureuses. Giscard et Barre ont défendu un libéralisme social, en gros le centre droit, la démocratie-chrétienne si l'on veut, courant repris aujourd'hui par Bayrou. Et puis il y a eu le social libéralisme, terme utilisé par ses adversaires pour condamner toute social-démocratie à la française. Mais au PS, seul Jean-Marie Bockel s'est défini comme social-libéral, DSK conservant le terme de social-démocrate. Le social-libéralisme est en fait le nouveau travaillisme de Tony Blair, dont Ségolène Royal s'est par moments rapprochée. Monique Canto-Sperber, elle, tente de conceptualiser un socialisme libéral dans lequel libéral et social sont liés, ce dont elle fait la démonstration historique et théorique. Extrait:
"L'idée que la société doit garantir des biens publics fondamentaux considérés comme un dû social est une idée libérale. De même, l'idée d'une obligation mutuelle d'assistance contractée par les plus riches du fait même de leur participation à une société commune est également venue de la pensée libérale. En prolongement, l'idée libérale de la société ne conduit aucunement à admettre qu'une activité, celle de l'échange marchand, doive préempter la totalité de l'activité sociale et rendre toutes les autres activités commensurables à ses propres normes." (Faut-il sauver le libéralisme? page 25)
Bref:
1- Le libéralisme est à l'origine des services publics et de la Sécurité sociale, remplaçant la charité d'Ancien Régime. Que faut-il penser de cete idée iconoclaste? Je n'en sais rien, il faudrait comme Monique étudier de près les penseurs libéraux du XIXème siècle. Ce que je sais, c'est qu'il n'a pas fallu attendre l'instauration d'une société socialiste pour que nous ayons des services publics et une Sécurité sociale.
2- Société libérale et société marchande ne sont pas synonymes (c'est ce que je disais en début de matinée avec la distinction libéralisme et capitalisme, celui-ci étant le processus de marchandisation maximale). Le libéralisme a des normes politiques et sociales (la régulation, sans laquelle il n'y a pas de société possible) qui ne sont pas l'échange marchand, parce que le libéralisme n'est pas exclusivement économique (la sphère de l'économie n'est pas indépendante des autres, politique, sociale, culturelle, sinon ce serait inventer une nouvelle et curieuse transcendance). C'est là où Jospin n'avait pas complétement tort: on ne peut pas réduire la société de marché à l'économie de marché.
Cependant, les deux sont solidaires (voir le billet précédent). C'est ce lien qui est difficile et délicat à conceptualiser. Je ne peux pas dire qu'il y a indépendance de la société à l'égard de l'économie, cette séparation serait artificielle et introduirait, comme je viens de le signaler, une forme de transcendance incompréhensible. Je ne peux pas non plus parler d'autonomie, ce serait prétendre que l'économie dispose de ses propres lois alors que Canto-Sperber incline à penser que c'est la société qui donne à l'économie ses lois, du moins son cadre (la régulation). Le plus juste serait sans doute d'affirmer que l'économie est inclue dans la société (vision libérale... et socialiste?) et non pas la société dans l'économie (vision capitaliste ou ultralibérale).
A réfléchir...
Bonne fin de matinée.
"L'idée que la société doit garantir des biens publics fondamentaux considérés comme un dû social est une idée libérale. De même, l'idée d'une obligation mutuelle d'assistance contractée par les plus riches du fait même de leur participation à une société commune est également venue de la pensée libérale. En prolongement, l'idée libérale de la société ne conduit aucunement à admettre qu'une activité, celle de l'échange marchand, doive préempter la totalité de l'activité sociale et rendre toutes les autres activités commensurables à ses propres normes." (Faut-il sauver le libéralisme? page 25)
Bref:
1- Le libéralisme est à l'origine des services publics et de la Sécurité sociale, remplaçant la charité d'Ancien Régime. Que faut-il penser de cete idée iconoclaste? Je n'en sais rien, il faudrait comme Monique étudier de près les penseurs libéraux du XIXème siècle. Ce que je sais, c'est qu'il n'a pas fallu attendre l'instauration d'une société socialiste pour que nous ayons des services publics et une Sécurité sociale.
2- Société libérale et société marchande ne sont pas synonymes (c'est ce que je disais en début de matinée avec la distinction libéralisme et capitalisme, celui-ci étant le processus de marchandisation maximale). Le libéralisme a des normes politiques et sociales (la régulation, sans laquelle il n'y a pas de société possible) qui ne sont pas l'échange marchand, parce que le libéralisme n'est pas exclusivement économique (la sphère de l'économie n'est pas indépendante des autres, politique, sociale, culturelle, sinon ce serait inventer une nouvelle et curieuse transcendance). C'est là où Jospin n'avait pas complétement tort: on ne peut pas réduire la société de marché à l'économie de marché.
Cependant, les deux sont solidaires (voir le billet précédent). C'est ce lien qui est difficile et délicat à conceptualiser. Je ne peux pas dire qu'il y a indépendance de la société à l'égard de l'économie, cette séparation serait artificielle et introduirait, comme je viens de le signaler, une forme de transcendance incompréhensible. Je ne peux pas non plus parler d'autonomie, ce serait prétendre que l'économie dispose de ses propres lois alors que Canto-Sperber incline à penser que c'est la société qui donne à l'économie ses lois, du moins son cadre (la régulation). Le plus juste serait sans doute d'affirmer que l'économie est inclue dans la société (vision libérale... et socialiste?) et non pas la société dans l'économie (vision capitaliste ou ultralibérale).
A réfléchir...
Bonne fin de matinée.
4 Comments:
Rechercher les oppositions semble être la méthode intellectuelle pour caractériser le monde à gauche. Rien ne permet de dire au vu des résultats que cette méthode soit performante. Dans l'élaboration d'un modèle scientifique, quel qu'il soit, on reste bien conscient que l'on ne manipule qu'un modèle, avec ses limites, et qu'il ne s'agit jamais d'une traduction exacte du réel mais juste d'une grossière approximation. C'est la raison pour laquelle on affine sans cesse les modèles, afin de coller au plus près de la réalité. Cela explique que malgré toute la puissance des modèles informatiques actuels et toutes les mesures faites, on soit incapable de prédire le temps qu'il fera au delà de quelques jours dans le domaine météorologique. Alors prévoir l'évolution de l'ensemble des sociétés comme le prétend Marx avec comme simple méthode cette opposition simpliste indique seulement avec le recul du temps une aveugle prétention infondée. La dialectique a ses limites.
By jpb, at 11:21 AM
Marx n'est ni un prophète, ni un voyant, ni un météorologue. Ses ouvrages ne parlent pas de l'avenir du communisme mais du présent du capitalisme. Il en tire certes des lignes d'évolution, mais ce ne sont pas des prévisions. Ceci dit, le mal vient des marxistes proclamés qui ont laissé croire que l'oeuvre du maître était une boule de cristal.
By Emmanuel Mousset, at 3:29 PM
Mais en même temps l'oeuvre du maître a permis d'affirmer que sa pensée était la vérité historique révélée, et toute la gauche s'est accrochée à cette branche qui a permis essentiellement de fournir un pivot à partir duquel on a rassemblé en vue de la prise de pouvoir. Peu importe au final la pertinence de la pensée, elle reste opératoire à partir du moment où elle permet de rassembler la troupe. Mais le temps a ait son oeuvre, creusant la crevasse entre une pensée qui se prétendait révolutionnaire et qui a mal vieillie. Le réformisme porte en lui même l'obligation d'adapter ses outils aux circonstances du moment. Si on pense refonder une opposition au pouvoir actuel en reprenant les vielles recettes qui ont failli, autant aller adhérer chez Bayrou.
By jpb, at 4:51 PM
Le marxisme s'est fossilisé en idéologie alors que son élan initial le portait vers le réel, en réaction aux idéologies de son temps, de gauche comme de droite, libérale, anarchiste, utopiste.
By Emmanuel Mousset, at 1:27 PM
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