L'Aisne avec DSK

14 juillet 2007

La dernière révolution.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai animé hier, au multiplexe de Saint-Quentin, la deuxième séance de mon ciné-philo lancé en juin. Le film d'animation Persepolis est une petite merveille qui se prête aisément à la réflexion. Je retiendrais de ce film le thème de la révolution, islamiste, ratée ou réussie, tout dépend de quel point de vue on se place, mais révolution de toute façon tragique, violente, sanglante. Et il me vient en tête que cette révolution est sans doute la dernière, la fin d'un cycle commencé au XVIIIème siècle, la fin de l'idée révolutionnaire.

Cet événement mérite que la gauche s'y attarde, elle qui n'a jamais vraiment fait le deuil de la révolution. Au siècle des Lumières, deux révolutions inaugurent le cycle, l'américaine et la française, toutes les deux bourgeoises, libérales et égalitaires. Au XIXème siècle, la révolution devient petite-bourgeoise et anarchisante, celle des boutiquiers et des artisans, le petit peuple des villes, dont l'heure de gloire en France sera la Commune de Paris. Au XXème siècle, la révolution est prolétarienne et marxisante, 1917 étant le prototype. En ce début de XXIème siècle, la République n'est plus à conquérir en occident, l'anarchisme est un souvenir et le communisme fait figure de contre-exemple.

La dernière révolution est celle d'Iran, en 1979, saluée à l'époque par quelques intellectuels en mal de... révolution, dont Michel Foucault. La dernière a cruellement confirmé les précédentes: la révolution tue la liberté, installe la terreur et débouche sur la guerre (Iran-Irak, huit années de conflits, un million de morts!), comme si elle était prisonnière de son origine, la violence. Par une ironie de l'Histoire que Hegel et Marx avaient bien repéré, cette dernière révolution termine la boucle, comme la révolution d'un planète autour du soleil revient à son point initial: au départ anti-religieuse, la révolution devient en fin de parcours religieuse. Une idée meurt en se contredisant et se niant elle-même.

Aujourd'hui, la révolution, même chez les révolutionnaires déclarés, est la métaphore d'un changement radical. Le problème, c'est qu'on ne pense pas avec des métaphores mais avec des concepts, précis, explicatifs et pertinents. Réelle ou imagée, l'idée de révolution est devenue stérile pour la gauche. Du coup, la distinction traditionnelle réforme/révolution est insatisfaisante et inopérante. Tout le monde est réformiste, même Besancenot. Là aussi, la gauche devra entrer dans le travail conceptuel qui permettra d'éclaicir ses idées et de rebâtir sa doctrine.

Bon après-midi, bonne fête du 14 juillet (vive la révolution?).

3 Comments:

  • On peut baser la révolution soit sur un cycle historique donc lié au temps, soit lié à l'évolution des techniques et de la technologie, et passer d'une époque à une autre époque. Le feu, la domestication du cheval, l'agriculture, la roue, la machine à vapeur, l'électricité et toutes les inventions qui ont suivies, voir l'INPI, ont à chaque fois révolutionné la vie de l'homme, lui donnant un plus grand contrôle et lui permettant d'améliorer les productions par le biais de synergies diverses. La révolution islamique est une régression, tout comme celles qui ont tenté de plaquer un modèle prédéterminé sensé contenir l'essence de l'histoire.

    Les régressions tuent la liberté, installent la terreur et débouchent sur la guerre, il suffit de le constater.

    Besancenot n'est pas un réformiste, il veut plaquer un modèle crétin sur le réel. C'est un facteur illusionné qui tente d'entraîner des hallucinés de la révolte à sa suite pour prouver qu'une régression peut être révolutionnaire. Confondre la marche avant et la marche arrière ne plaide donc pas en sa faveur.

    By Blogger jpbb, at 5:30 PM  

  • Il faut certes distinguer révolution politique et révolution économique. Et la plus grande révolution des temps modernes, plus radicale que 1789, plus durable que 1917, c'est au XIXème siècle la Révolution industrielle.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 6:52 PM  

  • La révolution électronique permise par l'invention de l’effet transistor découvert en 1947 par les américains John Bardeen, William Shockley et Walter Brattain, chercheurs de la compagnie Bell Téléphone pour lequels ils ont reçu le prix Nobel de physique en 1956 a permis à l'aide des règles logiques et d'algèbre de Boole de pouvoir représenter l'information à l'aide du code binaire, suite de paquets de 1 et zéro et d'en automatiser le traitement. Nous vivons actuellement cette révolution, et nul ne sait jusqu'où elle nous mènera. Sans doute à délivrer l'homme du travail prolétaire et à se consacrer au développement de son esprit.

    By Blogger jpbb, at 9:53 AM  

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