Suis-je libéral?
En début de matinée, je me demandais: qui suis-je (politiquement)? En cette fin de matinée, et malgré les réponses apportées par Philippe Val, une autre question me taraude: suis-je libéral? Poser cette question lorsque qu'on est un homme de gauche, c'est faire preuve de mauvais goût. La "vraie" gauche se proclame antilibérale. Moi-même, j'ai beaucoup de reproches à adresser au libéralisme. Mais critiquer le libéralisme, est-ce être antilibéral? Et accepter l'économie de marché, est-ce être libéral?
Le mieux, évidemment, serait de ne pas répondre à la question, ou de s'en sortir par une pirouette, du genre "je suis antilibéral mais pas complètement" ou bien "je suis libéral mais à moitié". Les plus futés diront qu'ils sont ni libéraux, ni antilibéraux, pour avoir la paix. Les plus dialecticiens diront qu'il sont à la fois libéraux et antilibéraux, pour intriguer. L'intelligence humaine a d'infinies ressources, jusqu'à la bêtise.
Et moi, je réponds quoi, si l'on veut être honnête et répondre par oui ou par non? Bon, je vais faire mon outing politique: j'avoue, je suis libéral, c'est dit. Mais je sais tous les quiproquos, ambiguïtés, confusions, incompréhensions, dénaturations que ma déclaration risque d'entraîner, donc je m'explique. Je ne suis pas seulement libéral, je suis totalement libéral! Vous allez me dire que j'aggrave mon cas. Non, au contraire, je l'améliore. Ecoutez moi:
Un homme de droite n'est libéral que sur le plan économique, et encore pas entièrement, ou alors hypocritement. Combien de patrons, de commerçants, d'artisans, qui forment la base sociologique de la droite, sont favorables au protectionnisme, réclament des aides de l'Etat, tiennent jalousement à leur situation de monopole et recherchent la sécurité de la rente? Beaucoup.
Un homme de gauche est totalement libéral, c'est-à-dire en tout domaine: pas seulement économique mais politique et culturel. C'est-à-dire aussi en pleine cohérence avec le libéralisme porté à son terme: le libre marché exige des lois pour l'organiser. Oserais-je dire qu'au bout du marché, il y a le socialisme? Je laisse maintenant la parole, sur le même sujet, à Philippe Val:
"Quand nos brillants penseurs politiques Besancenot, Buffet et autres Bové se tiennent par la main pour entonner le cantique antilibéral - rengaine où s'épousent marxisme, christianisme et souverainisme, et, plus récemment, une touche d'islamisme -, on comprend bien qu'ils ne veulent pas dire qu'ils sont contre la liberté. Pourtant, ils veulent nous libérer du libéralisme politique sur lequel ont prospéré, notamment, les droits des femmes en particulier et quelques implications précieuses des droits de l'homme en général. Cette perte de sens du mot "libéral" est, précisément, insensée. Ce mot est précieux. Nous en avons besoin pour défendre des principes qui rendent possibles nos petits bonheurs quotidiens et qui conjurent de grands malheurs. Au lieu de faire un ennemi pratique du mot "libéral", il fallait se battre contre Madelin et ses copains pour tourner en ridicule l'utilisation à contresens qu'ils faisaient de ce mot." (Les traîtres et les crétins, page 258)
Bon après-midi, libéral ou pas.
Le mieux, évidemment, serait de ne pas répondre à la question, ou de s'en sortir par une pirouette, du genre "je suis antilibéral mais pas complètement" ou bien "je suis libéral mais à moitié". Les plus futés diront qu'ils sont ni libéraux, ni antilibéraux, pour avoir la paix. Les plus dialecticiens diront qu'il sont à la fois libéraux et antilibéraux, pour intriguer. L'intelligence humaine a d'infinies ressources, jusqu'à la bêtise.
Et moi, je réponds quoi, si l'on veut être honnête et répondre par oui ou par non? Bon, je vais faire mon outing politique: j'avoue, je suis libéral, c'est dit. Mais je sais tous les quiproquos, ambiguïtés, confusions, incompréhensions, dénaturations que ma déclaration risque d'entraîner, donc je m'explique. Je ne suis pas seulement libéral, je suis totalement libéral! Vous allez me dire que j'aggrave mon cas. Non, au contraire, je l'améliore. Ecoutez moi:
Un homme de droite n'est libéral que sur le plan économique, et encore pas entièrement, ou alors hypocritement. Combien de patrons, de commerçants, d'artisans, qui forment la base sociologique de la droite, sont favorables au protectionnisme, réclament des aides de l'Etat, tiennent jalousement à leur situation de monopole et recherchent la sécurité de la rente? Beaucoup.
Un homme de gauche est totalement libéral, c'est-à-dire en tout domaine: pas seulement économique mais politique et culturel. C'est-à-dire aussi en pleine cohérence avec le libéralisme porté à son terme: le libre marché exige des lois pour l'organiser. Oserais-je dire qu'au bout du marché, il y a le socialisme? Je laisse maintenant la parole, sur le même sujet, à Philippe Val:
"Quand nos brillants penseurs politiques Besancenot, Buffet et autres Bové se tiennent par la main pour entonner le cantique antilibéral - rengaine où s'épousent marxisme, christianisme et souverainisme, et, plus récemment, une touche d'islamisme -, on comprend bien qu'ils ne veulent pas dire qu'ils sont contre la liberté. Pourtant, ils veulent nous libérer du libéralisme politique sur lequel ont prospéré, notamment, les droits des femmes en particulier et quelques implications précieuses des droits de l'homme en général. Cette perte de sens du mot "libéral" est, précisément, insensée. Ce mot est précieux. Nous en avons besoin pour défendre des principes qui rendent possibles nos petits bonheurs quotidiens et qui conjurent de grands malheurs. Au lieu de faire un ennemi pratique du mot "libéral", il fallait se battre contre Madelin et ses copains pour tourner en ridicule l'utilisation à contresens qu'ils faisaient de ce mot." (Les traîtres et les crétins, page 258)
Bon après-midi, libéral ou pas.
1 Comments:
Un homme gauche doit se poser des questions, afin de devenir droit.
On est en droit d'être pour la libre entreprise, la machine à fabriquer de la richesse. Mais certains domaines sont sensibles, les armes, les drogues, et la vente de la bêtise en gros. Il faut pour ces domaines poser des limites, et le droit y convient. Il faut donc poser des règles, tout en ayant la liberté comme socle commun et comme référence de base. Avec le marché, correctement organisé, avec la création puis la redistribution obtenue par la négociation, on débouche sur le socialisme, le vrai, le beau, l'unique, l'irremplaçable, celui que la gauche attend, mais qu'elle est trop bête à atteindre toute seule car polluée par trop de crétinisme. Il faut donc suffisamment de traîtres éclairés pour y parvenir, qui mouillent leur chemise et attrapent des migraines à trop penser, mais c'est le prix à payer pour y parvenir.
By jpbb, at 3:02 PM
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