Le mensonge et le divorce.
En parcourant le blog de Jean-Luc Mélenchon, honnête fabiusien, je tombe sur sa tribune du 30 juin 2007 parue dans Marianne et m'étrangle presque. Jugez par vous-mêmes. Après les préliminaires de rigueur contre la social-démocratie qui n'a rien compris et tout raté, comme si Jean-Luc sentait que ça ne suffisait pas, le coup fatal est porté: "En Amérique latine, la social-démocratie peut même faire tirer sur la foule des mécontents de sa politique: 3000 morts au Venezuela, 100 en Argentine, 100 en Bolivie..." Les points de suspension laissent rêveur, c'est-à-dire en plein cauchemar, car la liste est supposée longue des crimes imputés à la social-démocratie. On la savait traître, la voilà tueuse. Je ne sais pas à quels événements fait mention Mélenchon, je sais qu'il faut en vouloir beaucoup à la d'habitude paisible social-démocratie pour en arriver là. Jusqu'à présent, seuls certains trotskystes assimilaient la social-démocratie et le meurtre politique, se référant au comportement de la social-démocratie allemande pendant la Première guerre mondiale.
Jean-Luc ne s'arrête pas en si sinistre chemin. Il sort un argument choc, une tactique éprouvée, le renvoi dos-à-dos (et dos au mur, car il s'agit idéologiquement de fusiller): la social-démocratie "affiche une faillite d'égale ampleur à celle qu'a vécue le communisme d'Etat." Avec cette phrase, plus besoin d'aller chercher dans l'actualité ce qui s'est passé en Amérique latine et que j'évoquais précédemment, puisque la tournure d'esprit, le sophisme, la dialectique propres à Jean-Luc Mélenchon éclatent dans cette dernière réflexion, dans ce théorème: social-démocratie = communisme ou social-démocratie // communisme.
Faut-il prendre la peine de le réfuter? Oui puisque c'est dit, écrit et peut-être cru. La social-démocratie, avec tous ses défauts et peut-être quelques rares crimes, est toujours présente aujourd'hui. Ses mécanismes de redistribution fonctionnent encore même s'ils sont à rénover, son Etat-Providence est en crise mais suscite encore l'admiration. Rien de tel avec le communisme, qui s'est soit sabordé soit renié. La fin du XXème a donné raison aux sociaux-démocrates du début du XXème siècle, lorsqu'ils ont interprété le marxisme dans un sens réformiste (on appelait cela le "révisionnisme"), contre les communistes orthodoxes et Lénine.
La probité intellectuelle de Mélenchon est totale, j'ai déjà eu l'occasion de le dire sur ce blog, mais son hostilité à la social-démocratie est la plus forte. Il y a des passions qui tournent la tête et détraquent la raison. Sa lucidité est pourtant fort grande: "si le PS doit devenir un parti de centre gauche assumé, un parti social-démocrate, la vie commune ne sera plus possible (...) Mieux vaut le divorce que le mensonge." Oui, mille fois oui, en amour comme en politique. Mais que Jean-Luc se tourne vers son leader, Fabius, qu'il lui pose aussi clairement cette alternative, et il verra, j'en suis sûr, que le mensonge l'emportera sur le divorce. Car jamais, quoi qu'il arrive, Fabius et ses amis ne quitteront le PS. La probité intellectuelle n'est pas une vertu nécessairement partagée.
Bonne fin d'après-midi.
Jean-Luc ne s'arrête pas en si sinistre chemin. Il sort un argument choc, une tactique éprouvée, le renvoi dos-à-dos (et dos au mur, car il s'agit idéologiquement de fusiller): la social-démocratie "affiche une faillite d'égale ampleur à celle qu'a vécue le communisme d'Etat." Avec cette phrase, plus besoin d'aller chercher dans l'actualité ce qui s'est passé en Amérique latine et que j'évoquais précédemment, puisque la tournure d'esprit, le sophisme, la dialectique propres à Jean-Luc Mélenchon éclatent dans cette dernière réflexion, dans ce théorème: social-démocratie = communisme ou social-démocratie // communisme.
Faut-il prendre la peine de le réfuter? Oui puisque c'est dit, écrit et peut-être cru. La social-démocratie, avec tous ses défauts et peut-être quelques rares crimes, est toujours présente aujourd'hui. Ses mécanismes de redistribution fonctionnent encore même s'ils sont à rénover, son Etat-Providence est en crise mais suscite encore l'admiration. Rien de tel avec le communisme, qui s'est soit sabordé soit renié. La fin du XXème a donné raison aux sociaux-démocrates du début du XXème siècle, lorsqu'ils ont interprété le marxisme dans un sens réformiste (on appelait cela le "révisionnisme"), contre les communistes orthodoxes et Lénine.
La probité intellectuelle de Mélenchon est totale, j'ai déjà eu l'occasion de le dire sur ce blog, mais son hostilité à la social-démocratie est la plus forte. Il y a des passions qui tournent la tête et détraquent la raison. Sa lucidité est pourtant fort grande: "si le PS doit devenir un parti de centre gauche assumé, un parti social-démocrate, la vie commune ne sera plus possible (...) Mieux vaut le divorce que le mensonge." Oui, mille fois oui, en amour comme en politique. Mais que Jean-Luc se tourne vers son leader, Fabius, qu'il lui pose aussi clairement cette alternative, et il verra, j'en suis sûr, que le mensonge l'emportera sur le divorce. Car jamais, quoi qu'il arrive, Fabius et ses amis ne quitteront le PS. La probité intellectuelle n'est pas une vertu nécessairement partagée.
Bonne fin d'après-midi.
2 Comments:
Rien à voir donc avec la candidate pacsée du PS celle allusion au mensonge et au divorce ? ;-)
By jpbb, at 9:58 AM
Ce blog ne parle que de politique, de vie publique, pas de vie privée.
By Emmanuel Mousset, at 10:27 AM
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