L'horreur anticapitaliste.
Je reviens à l'instant du cinéma (c'est les vacances!) et je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager mon enthousiasme pour Hostel 2, un petit bijou d'horreur et de gore anticapitaliste. Mais oui, ce genre existe et n'a pas la reconnaissance intellectuelle qu'il mérite. Je vous raconte (sauf la fin, bien sûr):
- Le lieu: la Slovaquie, c'est-à-dire pour un réalisateur américain le symbole de la "vieille Europe" en son coeur le plus mystérieux (les Carpates, les vampires, Dracula!), le symbole aussi de la décomposition du communisme (l'usine abandonnée et rouillée où vont se dérouler des horreurs).
- L'action: des hommes d'affaires richissimes s'offrent pour ultime excitation et plaisir de jeunes américaines qu'ils torturent et tuent après les avoir achetées aux enchères. Le seul élément rationnel dans le film, c'est l'argent. Le capitalisme rend fou et meurtrier, les capitalistes sont les modernes barbares , voilà le message.
- Les victimes: les jeunes et jolies américaines ne soulèvent pas vraiment la compassion. Ce sont des "pétasses", terme repris plusieurs fois et dernier mot du film (à la fin du générique, donc ne partez pas avant!). L'occident décadent est en quelque sorte victime de lui-même, obsédé qu'il est par l'argent et le sexe, les deux débouchant sur le sadisme et la pulsion de mort.
Vous avez sans doute vu Les chasses du comte Zarof, un classique du cinéma fantastique des années 30, avec la même trame, le gore en moins (Zarof sur son île chassait le gibier humain). A cette époque, la classe dirigeante internationale était encore l'aristocratie, dont le déclin politique et social s'est considérablement accéléré avec la Première guerre mondiale (sur ce sujet, revoyez La grande illusion de Renoir). Zarof incarne cette dégénérescence, tout comme les bourreaux dans Hostel, qui sont cette fois des membres de la bourgeoisie affairiste et non plus des nobles.
Je ne sais pas si ce délicieux et terrible petit film est prophétique, du moins est-il un intéressant révélateur social. Le capitalisme a conscience de ce qu'il est, des pulsions morbides qu'il libèrent, des fantasmes régressifs et transgressifs qu'il entretient. Mais justement, cette prise de conscience, cette mise en scène de sa propre perversité, cette catharsis comme aurait dit Aristote, ne le sauvent-elles pas? Bref, le capitalisme guérirait du capitalisme, horizon alors indépassable de notre époque. Il serait à la fois la maladie et le remède.
Hostel 2 est-il un brûlot anticapitaliste ou une énième façon pour le capitalisme de se moquer de lui-même et désamorcer ainsi toute vraie critique? Allez voir et dites moi.
Bon après-midi (au cinéma peut-être?).
- Le lieu: la Slovaquie, c'est-à-dire pour un réalisateur américain le symbole de la "vieille Europe" en son coeur le plus mystérieux (les Carpates, les vampires, Dracula!), le symbole aussi de la décomposition du communisme (l'usine abandonnée et rouillée où vont se dérouler des horreurs).
- L'action: des hommes d'affaires richissimes s'offrent pour ultime excitation et plaisir de jeunes américaines qu'ils torturent et tuent après les avoir achetées aux enchères. Le seul élément rationnel dans le film, c'est l'argent. Le capitalisme rend fou et meurtrier, les capitalistes sont les modernes barbares , voilà le message.
- Les victimes: les jeunes et jolies américaines ne soulèvent pas vraiment la compassion. Ce sont des "pétasses", terme repris plusieurs fois et dernier mot du film (à la fin du générique, donc ne partez pas avant!). L'occident décadent est en quelque sorte victime de lui-même, obsédé qu'il est par l'argent et le sexe, les deux débouchant sur le sadisme et la pulsion de mort.
Vous avez sans doute vu Les chasses du comte Zarof, un classique du cinéma fantastique des années 30, avec la même trame, le gore en moins (Zarof sur son île chassait le gibier humain). A cette époque, la classe dirigeante internationale était encore l'aristocratie, dont le déclin politique et social s'est considérablement accéléré avec la Première guerre mondiale (sur ce sujet, revoyez La grande illusion de Renoir). Zarof incarne cette dégénérescence, tout comme les bourreaux dans Hostel, qui sont cette fois des membres de la bourgeoisie affairiste et non plus des nobles.
Je ne sais pas si ce délicieux et terrible petit film est prophétique, du moins est-il un intéressant révélateur social. Le capitalisme a conscience de ce qu'il est, des pulsions morbides qu'il libèrent, des fantasmes régressifs et transgressifs qu'il entretient. Mais justement, cette prise de conscience, cette mise en scène de sa propre perversité, cette catharsis comme aurait dit Aristote, ne le sauvent-elles pas? Bref, le capitalisme guérirait du capitalisme, horizon alors indépassable de notre époque. Il serait à la fois la maladie et le remède.
Hostel 2 est-il un brûlot anticapitaliste ou une énième façon pour le capitalisme de se moquer de lui-même et désamorcer ainsi toute vraie critique? Allez voir et dites moi.
Bon après-midi (au cinéma peut-être?).
3 Comments:
Enfin un film qui va plaire à la gauche...
On peut remplacer les acteurs principaux par des assoiffés de pouvoir tels que Mao, Staline ou autres sans avoir besoin de réécrire le scénario non ? et proposer comme message général le marxiste rend fou et meurtrier, les marxistes sont les modernes barbares obsédés qu'ils sont par le désir du pouvoir et le sexe, les deux débouchant sur le sadisme et la pulsion de mort....
En fait tout système moral prétendant incarner la vérité révélée.
Cela peut également marcher avec d'autres catégories, il faut trop chaud pour que je me penche sur la question.
Le vrai problème est l'éradication de la pauvreté, intellectuelle et matérielle. Peu importe la façon d'y parvenir du moment qu'elle reste éthique et écologiste. Je n'ai nul goût à consacrer uniquement mon temps à la critique de l'autre en tant que bouc émissaire. C'est notre responsabilité que de dégager une solution fiable et de la faire partager à la majorité.
By jpbb, at 3:06 PM
Un système politique peut-il exister sans se désigner des adversaires et des ennemis? Il ne me semble pas. Toute démarche politique est un combat, qui ne se poursuit qu'avec des combattants. Sinon, sans conflits majeurs, nous serions entrés dans le monde de la pure gestion, de l'administration des hommes et des choses, monde de la technique. Ce qui est certainement souhaitable. Mais nous n'en sommes pas encore là.
By Emmanuel Mousset, at 4:22 PM
Autrement dît peut-on faire de la politique sans être paranoïaque ? Les crétins vous diront que non. Je pense que le but de la politique c'est le bien commun, paranoïaque schizophrènes délirants, traîtres divers et crétins compris. La négociation et le compromis ne peuvent s'exercer qu'avec l'autre, celui qui ne pense pas comme nous, qui est différend de nous. Pas la peine d'en faire un ennemi, tout au plus un interlocuteur respectable, sinon on n'est pas socialiste réformiste.
L'Europe est basée sur ce principe afin de vivre en paix et d'obtenir le progrès économique, alors pourquoi repartir vers de vieilles lunes ?
By jpbb, at 6:02 PM
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