L'Aisne avec DSK

25 août 2007

La vérité des anars.

Revenons au Marx d'Attali, qui nous rappelle que l'idéologie dominante à gauche tout au long du XIXème siècle et jusqu'à la fin de la 1er guerre mondiale, ce n'est pas le communisme mais l'anarchisme, depuis totalement marginalisé. Le grand adversaire philosophique de Marx, c'est l'anarchiste Proudhon, et son grand adversaire politique, c'est un autre anarchiste, Bakounine. Sur l'image que nous nous faisons de Marx et de sa pensée, le XXème siècle communiste a apporté un filtre qui nous les rend aujourd'hui difficilement lisibles. En son temps, par comparaison avec les anarchistes, Marx est un brave social-démocrate, politiquement modéré (je dis bien: par rapport aux anarchistes, qui sont à tout point de vue des radicaux).

Ses propositions n'ont rien d'extravagantes ou d'utopiques, il y a du réalisme en lui. Les moyens qu'il préconise ne sont pas exceptionnels. Je me demande même si, à la fin de sa vie, Marx est encore révolutionnaire (au sens d'un renversement du pouvoir par la violence). La société sans classes? Il ne l'évoque qu'en quelques pages, très vaguement, comme si l'essentiel n'était pas là.
Où alors? En fait, la radicalité de Marx, car elle existe, sinon l'Histoire n'aurait pas retenu son nom, est philosophique, elle réside dans son analyse fondamentale (c'est-à-dire qui descend jusqu'aux fondements) du capitalisme. Il en décrypte comme personne et surtout pas les anarchistes le mécanisme et le devenir. Marx est même l'inventeur d'une nouvelle catégorie de pensée, la philosophie économique. Avant lui, il y a eu la philosophie morale, la philosophie politique, la philosophie esthétique.

La radicalité politique des anarchistes les condamnait à disparaitre. Pourtant, ils ont eu une terrible lucidité à propos de Marx et de ses idées. On se demande à partir de quand le communisme est devenu liberticide. La réponse est chez Bakounine, au IIème congrès de la Ligue pour la paix et la liberté, à Berne, en fin septembre 1868 (cité par Jacques Attali, page 348):

"Je déteste le communisme parce qu'il est la négation de la liberté et que je ne puis concevoir rien d'humain sans liberté. Je ne suis point communiste parce que le communisme concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l'Etat, parce qu'il aboutit nécessairement à la centralisation de la propriété entre les mains de l'Etat." (c'est moi qui souligne)

Et certains intellectuels oseront dire, bien plus tard, qu'ils ne savaient pas? Et toute une partie de la gauche devra attendre plus d'un siècle après ce texte pour enfin ouvrir les yeux?

Je vous laisse méditer tout cela en cet après-midi où le soleil nous revient.


A tout à l'heure.

2 Comments:

  • Marx n'a jamais été un révolutionnaire, tout juste un évolutionnaire. Il attendait benoîtement l'avènement de la société sans classe faisant suite au capitalisme en engrossant sa femme et sa bonne. Je le considère comme un quelconque utopiste s'imaginant trouver la pierre philosophale du sens de la vie, ce qui explique le dédain de Darwin à ses demandes qui lui élaborait une théorie explicative de l'évolution de la vie fondée sur le hasard et l'adaptation des gênes aux conditions du moment. J'en profite pour vous recommander la lecture de Axel Kahn, « L'homme ce roseau pensant... » Essai sur les racines de la nature humine ISBN 978-2-84111-342-6 aux éditions NiL qui fait une lecture transversale de nos différentes interrogations blogiennes. ;-)

    By Blogger jpbb, at 2:17 PM  

  • Marx n'avait-il pas droit à un peu de bon temps entre ses lectures au British Museum et la rédaction du Capital?

    La rencontre avec Darwin aurait pu être un grand moment, mais les sciences politiques et les sciences naturelles ne font pas nécessairement bon ménage.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 2:48 PM  

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