L'Aisne avec DSK

25 août 2007

Raymond Barre.

Bonjour à toutes et à tous.

J'apprends ce matin la mort de Raymond Barre et je me reporte en août 1976. J'ai alors 16 ans, je suis bêtement de gauche, il fait très chaud mais les vieux ne meurent pas, on ne parle pas de "canicule" et seuls les agriculteurs se plaignent. Chez moi, la télévision a été installée depuis quelques semaines seulement. Je suis devant le petit écran. Qui va succéder à Chirac? "Le meilleur économiste de France", proclame Giscard. Je suis dégoûté par tant de prétention. Et puis, pour moi adolescent, l'économie, c'est l'argent, le commerce, les patrons, l'exploitation: beurk! Plus tard, Barre parlera d' "austérité": re-beurk! Traduction de mon grand-père communiste: "il va falloir se serrer la ceinture".

Aujourd'hui, je suis toujours de gauche mais j'ai complétement changé. Ce qui est important en politique, c'est l'économie. Les belles idées ne sont rien sans leurs moyens financiers. L'austérité, que Jacques Delors appellera moins sévèrement la "rigueur" en 1983, est une nécessité: vivre avec une dette extérieure gigantesque et des comptes sociaux totalement déséquilibrés, ce n'est pas sain et ça ne permet pas de mener une politique de gauche.

Je n'en suis pas devenu pour autant barriste, même en ce jour où je rends hommage à celui qui nous a quitté. Raymond Barre était fondamentalement un homme de droite, ce qui n'est pas une tare mais un choix. Il se trouve que je suis fondamentalement un homme de gauche. Ses propos ambigüs lors de l'attentat de Copernic, aggravés par la suite, son assimilation des fonctionnaires à des "nantis", son populisme distingué lorsqu'il dénonçait le "microcosme" politique, tout cela n'entre pas dans ma culture.

Barre, dans la forme, c'était l'anti-Sarkozy. Celui-ci fait tout pour plaire, celui-là faisait tout pour déplaire. Je pourrais apprécier une telle attitude qui tranche avec la démagogie vulgaire de la droite actuelle. Mais je me demande si, chez Barre, être impopulaire n'était pas une forme paradoxale de populisme! Car ne pas vouloir être populaire (à mes yeux une qualité en politique) n'exige pas son contraire, rechercher l'impopularité et s'en délecter.

Je terminerai sur ce qui aura été le dernier grand combat politique national de Raymond Barre, les présidentielles de 1988. Face à Mitterrand, il aurait été le meilleur candidat de la droite, le plus digne, le plus compétent. Mais déjà, la démagogie était la plus forte et c'est Chirac qui l'emportera... pour faire perdre son camp au second tour.


Bonne matinée.

2 Comments:

  • totalement d'accord avec toi sur ton analyse. l'économie est une science excacte , il y a des + et se déduisent les - pour arriver à 1 résultat soit bénéficiaire soit déficitaire. la france vit au-dessus de ses moyens et joue au nouveau riche : en rouge à la banque mais on frime en fringue de marque, voiture de luxe et top high tech à la maison grâce au soutien abusif en trésorerie des prêts conso. on a vu ce que cela donne aux USA....le cri de guerre du gouvernement actuel pourrait ête : VANITAS, VANITATIS... et le citoyen répondrait : "AMEN"... VAL

    By Anonymous Anonyme, at 10:36 AM  

  • L'économie est une science mais je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle est exacte (voir un récent échange entre jpb et moi), car elle concerne les hommes, leur travail, leurs échanges, qu'elle a une dimension sociologique, psychologique et politique. Certes, je ne nie pas que l'économie a une part mathématique et statistique, mais pas entièrement, loin de là. D'où d'aileurs la difficulté à faire des prévisions économiques. Même la météorologie n'est pas une science exacte!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 1:04 PM  

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