Le temps des fusées.
De Pierre Boulle, tout le monde connaît Le pont de la rivière Kwaï et La planète des singes, parce que ces romans ont été adaptés au cinéma. Le jardin de Kanashima, que j'avais lu adolescent et que j'ai relu cette semaine, est un bon roman peu connu qui conduit aussi à une réflexion politique. Au sens propre du terme, c'est une oeuvre d'anticipation puisque Boulle imagine en 1964 ce que sera la conquête de la Lune, qu'il fixe pour 1970 (au lieu de 1969, pas mal!). La grande différence avec la réalité, c'est que le premier homme sur notre satellite naturel n'est pas américain mais... japonais. Je ne vous en dis pas plus, le dénouement est surprenant. Techniquement, Boulle a bien saisi le problème d'un voyage lunaire: c'est celui du retour et du carburant nécessaire.
Politiquement, le roman me conduit à plusieurs réflexions:
- Nous devons très largement la conquête de l'espace aux travaux de... l'Allemagne nazie, avec ses fusées V1 et V2. Le personnage de Von Schwartz n'est autre que Von Braun, savant allemand récupéré par les américains et père de leur programme spatial.
- Dans les années 50, les pionniers de l'espace sont les soviétiques, qui mettent en orbite le premier satellite, font voyager un homme autour de la planète et atteignent la Lune. C'est la grande époque, oubliée aujourd'hui, du communisme triomphant. L'Amérique est alors perçue comme une nation retardataire et juste bonne à balancer des bombes atomiques.
- Dans les années 60, les américains prendront leur revanche grâce à un homme qui ne verra pas le résultat le plus spectaculaire de sa politique, Kennedy, qui comprend très vite une chose maintenant évidente mais à l'époque discutable: la nation qui mettra le pied sur la Lune accomplira un acte que l'humanité n'oubliera plus jamais et qui effacera des mémoires le rôle initial des russes.
- Et ce sera le début d'une incroyable course à la Lune entre les deux superpuissances, mobilisant des budgets faramineux, usant de la désinformation. On a aussi oublié qu'à l'époque la Lune provoque le scepticisme des politiques, des financiers, des scientifiques. A quoi bon tant d'argent pour une expédition incertaine et inutile? Pour Kennedy, la Lune est avant tout un objectif politique et idéologique.
- J'en termine avec une considération plus générale. L'ordinateur sera sans doute la technique majeure du XXIème siècle, tout comme le moteur au XIXème siècle. Pour le XXème, et on ne le dit pas assez, c'est la fusée. D'abord parce qu'elle a réalisé ce prodige d'atteindre la Lune et d'ouvrir un nouveau cycle dans l'histoire de l'humanité, la conquête de l'espace et des astres. Ensuite, et c'est moins réjouissant, parce que la fusée a bouleversé la stratégie militaire avec l'invention du missile nucléaire et le concept de la dissuasion. La fusée nous fera vivre en allant vers les étoiles ou nous fera mourir dans la guerre atomique.
Bon appêtit et à plus tard.
Politiquement, le roman me conduit à plusieurs réflexions:
- Nous devons très largement la conquête de l'espace aux travaux de... l'Allemagne nazie, avec ses fusées V1 et V2. Le personnage de Von Schwartz n'est autre que Von Braun, savant allemand récupéré par les américains et père de leur programme spatial.
- Dans les années 50, les pionniers de l'espace sont les soviétiques, qui mettent en orbite le premier satellite, font voyager un homme autour de la planète et atteignent la Lune. C'est la grande époque, oubliée aujourd'hui, du communisme triomphant. L'Amérique est alors perçue comme une nation retardataire et juste bonne à balancer des bombes atomiques.
- Dans les années 60, les américains prendront leur revanche grâce à un homme qui ne verra pas le résultat le plus spectaculaire de sa politique, Kennedy, qui comprend très vite une chose maintenant évidente mais à l'époque discutable: la nation qui mettra le pied sur la Lune accomplira un acte que l'humanité n'oubliera plus jamais et qui effacera des mémoires le rôle initial des russes.
- Et ce sera le début d'une incroyable course à la Lune entre les deux superpuissances, mobilisant des budgets faramineux, usant de la désinformation. On a aussi oublié qu'à l'époque la Lune provoque le scepticisme des politiques, des financiers, des scientifiques. A quoi bon tant d'argent pour une expédition incertaine et inutile? Pour Kennedy, la Lune est avant tout un objectif politique et idéologique.
- J'en termine avec une considération plus générale. L'ordinateur sera sans doute la technique majeure du XXIème siècle, tout comme le moteur au XIXème siècle. Pour le XXème, et on ne le dit pas assez, c'est la fusée. D'abord parce qu'elle a réalisé ce prodige d'atteindre la Lune et d'ouvrir un nouveau cycle dans l'histoire de l'humanité, la conquête de l'espace et des astres. Ensuite, et c'est moins réjouissant, parce que la fusée a bouleversé la stratégie militaire avec l'invention du missile nucléaire et le concept de la dissuasion. La fusée nous fera vivre en allant vers les étoiles ou nous fera mourir dans la guerre atomique.
Bon appêtit et à plus tard.
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home