L'Aisne avec DSK

23 août 2007

La République des Idées.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je vous recommande vivement, dans notre objectif de refonder une social-démocratie pour notre temps, la lecture de tous les ouvrages de la collection "La République des Idées". Ce sont des livres très courts (une bonne centaine de pages), très denses et qui donnent à réfléchir pour qui veut moderniser le socialisme. Le directeur de collection est Pierre Rosanvallon, un rocardien historique, sociologue et politologue de renom (ses travaux sur la représentation politique, la légitimité du pouvoir démocratique et l'histoire de la République sont remarquables). Si vous passez par la librairie parisienne Gibert, comme je l'ai fait la semaine dernière, allez au rayon "philosophie politique", vous aurez la plus belle exposition que je connaisse, dans la capitale, des ouvrages de cette collection. Tous les thèmes centraux de l'époque (insécurité, questions sociales, femmes, immigration, etc) sont abordés.

Je vous donne un exemple d'un livre de la République des Idées (titre au demeurant fort bien choisi, car la République se meurt de ne pas avoir suffisamment d'idées) dont j'ai lu certains passages et qui m'a semblé utile à mes réflexions sociologiques: La fatigue des élites, sous-titré Le capitalisme et ses cadres, de François Dupuy, paru en 2005. Je résume la thèse, qui corrobore certaines idées que j'ai développées sur ce blog: les cadres, qui représentaient 4% des actifs en 1960, sont passés aujourd'hui à 15%. Ils forment une véritable classe sociale, en crise, ni dirigeants de l'entreprise, ni purs exécutants. Ils traversent une crise d'identité qui est aussi une crise d'expansion, de transformation de leur fonction, de fragilisation de leur condition. Pour Dupuy, les ferments d'un changement social, d'une contestation efficace du capitalisme, ce sont eux, les personnels d'encadrement, et non pas la classe ouvrière traditionnelle. Je vais vite dans la synthèse, mais lisez, c'est stimulant pour l'esprit.

A cette collection, qui doit être la référence et la lecture de base de tout bon social-démocrate, le vade-mecum du réformiste authentique, j'opposerai une autre collection qui, étrangement, lui ressemble dans le format (livres courts, très maniables, sujets polyvalents): la collection "Raisons d'agir", d'inspiration radicale, gauchiste, extrême gauche, gauche de gauche, altermondialiste, antilibérale, prenez l'expression qui vous convient, vous m'avez compris. Je prends là aussi un exemple d'un titre tout à fait éloquent, feuilleté chez Gibert la semaine dernière: Le mythe du trou de la Sécu, par Julien Duval, chercheur au CNRS. Pour lui, il n'y a pas de déficit de la Sécurité sociale, pourvu qu'on revienne sur toutes les exonérations de charges sociales accordées ces dernières décennies aux patrons. Je me souviens d'une blague pas très finaude dans mon enfance: si ma tante en avait, on l'appellerait mon oncle. C'est un peu le même raisonnement conditionnel de Duval. Autre formule de mon enfance: avec des "si", on mettrait Paris en bouteille. J'aimerais tellement que le "trou" de la Sécu soit un mythe! Politiquement, l'avenir de la société française serait plus serein. Hélas, je suis persuadé, comme tout le monde sauf Duval et les tracts lambertistes que je reçois dans mon lycée, que le déficit des comptes sociaux est un réel et cruel problème. Quand aux exonérations patronales, elles ont leur utilité pour inciter à la création d'emplois.


Bonne soirée.

2 Comments:

  • Les ferments d'un changement social, d'une contestation efficace du capitalisme s'appuyant sur les cadres ne peut aller que sur son renforcement. Les cadres veulent plus d'argent, plus de pouvoir social, plus de vacances. N'essayez pas de leur plaquer dessus du marxisme à deux balles. Ils sont nécessaires au fonctionnement du système de production de richesses, et on ne peut pas les manipuler à loisir comme le PC a su le faire avec un prolétariat inculte. On ne peux que négocier avec eux. Quand à la classe ouvrière traditionnelle elle aspire à ce que ces enfants parvienne à accéder à cette classe sociale, par le biais des études. Tous ont doc les mêmes désirs, en avoir +.

    Le réformisme au PS sera radical ou ne serra pas. Il devra se séparer des vieilles lunes, celles accrochées à leur idées sclérosées et inopérantes qui freinent le navire. Au besoin nous les jetterons par dessus bord pour l'alléger. Ils pourront toujours aller radoter avec Arlette et ses sbires. Le futur s'imagine avec une pensée neuve et claire.

    By Blogger jpbb, at 9:59 AM  

  • Il y a toujours des chercheurs bidons qui n'ont jamais mis le pied dans une entreprise, discuté avec des cadres, des ouvriers, des patrons, et qui s'imaginent avoir trouvé la solution. Et quand on y regarde de plus près, on constate que leur travail répond à un a-priori qui trouve son écho dans une partie de la population et qui consacre ainsi la légitimité de leur travail.
    Les charges sociales sont entièrement répercutées sur le prix de vente des produits et des services. Nous vivons dans un système économique ouvert sur le monde, et si nos produits sont trop chers, les Chinois ne nous les achèteront pas, les usines fermeront et tout le monde sera au chômage, patrons exceptés qui seront directement au RMI.

    By Blogger jpbb, at 10:08 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Home