Récidive.
Bonsoir à toutes et à tous.
De retour de ses vacances américaines, Nicolas Sarkozy s'est empressé d'exprimer sa colère devant le crime d'un pédophile récidiviste et d'annoncer de nouvelles mesures contre de tels actes. Vous pensez peut-être que l'indignation du chef de l'Etat est exemplaire, qu'il n'y a rien à redire à sa réaction. Détrompez-vous, le comportement de Sarkozy est contestable à plusieurs titres:
1- Le nouveau président de la République a une méthode, réagir à chaud à l'actualité, faire de l'action un mode de gouvernement. Non, ce n'est pas ce que nous sommes en droit d'attendre. L'action n'est valable que si elle est précédée par la réflexion, l'anticipation. S'il faut qu'un crime ait lieu pour que les pouvoirs publics prennent les mesures adéquates, j'affirme que ce n'est pas sérieux.
2- En vérité, Sarkozy sait cela aussi bien que moi. Mais à la différence de moi, il veut plaire à l'opinion, hurler avec ceux qui hurlent. Les cris de douleur restent des cris. Un chef de l'Etat doit demeurer maître de lui, prendre de la hauteur face à l'événement, surtout lorsque celui-ci est tragique. Le comportement de Sarkozy est l'exemple même de ce qu'il ne faut pas faire.
3- Mais il nous dit se mettre "à la place des victimes" et que c'est bien ainsi. Non, non et non, un chef de l'Etat doit rester un chef de l'Etat, garder la tête froide, réfléchir et ne pas se laisser aller à ses sentiments. Je vais vous faire un aveu: si quelqu'un faisait du mal à l'un de mes proches, je serai capable de le tuer. Normal, humain. Mais ce qui est compréhensible au niveau de la victime, dans le coeur meurtri qui est le sien, ne l'est absolument pas au niveau du chef de l'Etat. Lui, sa fonction, sa mission, c'est d'incarner la justice, la défense et la protection de la société, et ne pas se laisser prendre à des actes de vengeance personnelle, aussi légitimes soient-ils. Car tuer un pédophile ne fera hélas pas disparaitre ce mal abominable qu'est la pédophilie. J'attends donc autre chose du chef de l'Etat que son assimilation empathique à la famille de la victime. Au nom de l'efficacité et de la justice, je demande qu'il prenne de la hauteur, s'il en est capable.
4- Sarkozy a brandi la "castration chimique" contre les pédophiles. C'est un abus démagogique de langage. Quand on entend castration, on se dit, à juste titre: on va leur couper les couilles. C'est la pulsion la plus populaire contre le violeur d'enfant. Mais ce n'est pas la réalité désignée par cette expression, qui vise seulement à administrer des médicaments diminuant les pulsions du malade, sans nullement lui enlever sa capacité sexuelle. Là encore, l'objectif est de plaire à l'opinion, peu importe la crédibilité des propos qu'on tient.
5- Il y a quinze jours, une loi a été votée contre la récidive. Aujourd'hui, Sarkozy en rajoute par rapport à cette loi. Mais pourquoi? Etait-elle insuffisante? Ce serait la preuve que le gouvernement a été incompétent. Est-ce cela que veut nous dire Sarkozy? Ce serait alors étrange... Non, ce qu'il suggère, sans le dire ouvertement, c'est que les lois sont peu de choses, que ce qui compte fondamentalement, c'est agir, agir, agir, qu'importe les conséquences, quelles qu'en soient les causes, agir jusqu'à l'épuisement, agir parce cela plaît, pour un temps, aux français. Comme s'il était le premier à agir, comme si personne avant lui ne le faisait!
Bonne nuit.
De retour de ses vacances américaines, Nicolas Sarkozy s'est empressé d'exprimer sa colère devant le crime d'un pédophile récidiviste et d'annoncer de nouvelles mesures contre de tels actes. Vous pensez peut-être que l'indignation du chef de l'Etat est exemplaire, qu'il n'y a rien à redire à sa réaction. Détrompez-vous, le comportement de Sarkozy est contestable à plusieurs titres:
1- Le nouveau président de la République a une méthode, réagir à chaud à l'actualité, faire de l'action un mode de gouvernement. Non, ce n'est pas ce que nous sommes en droit d'attendre. L'action n'est valable que si elle est précédée par la réflexion, l'anticipation. S'il faut qu'un crime ait lieu pour que les pouvoirs publics prennent les mesures adéquates, j'affirme que ce n'est pas sérieux.
2- En vérité, Sarkozy sait cela aussi bien que moi. Mais à la différence de moi, il veut plaire à l'opinion, hurler avec ceux qui hurlent. Les cris de douleur restent des cris. Un chef de l'Etat doit demeurer maître de lui, prendre de la hauteur face à l'événement, surtout lorsque celui-ci est tragique. Le comportement de Sarkozy est l'exemple même de ce qu'il ne faut pas faire.
3- Mais il nous dit se mettre "à la place des victimes" et que c'est bien ainsi. Non, non et non, un chef de l'Etat doit rester un chef de l'Etat, garder la tête froide, réfléchir et ne pas se laisser aller à ses sentiments. Je vais vous faire un aveu: si quelqu'un faisait du mal à l'un de mes proches, je serai capable de le tuer. Normal, humain. Mais ce qui est compréhensible au niveau de la victime, dans le coeur meurtri qui est le sien, ne l'est absolument pas au niveau du chef de l'Etat. Lui, sa fonction, sa mission, c'est d'incarner la justice, la défense et la protection de la société, et ne pas se laisser prendre à des actes de vengeance personnelle, aussi légitimes soient-ils. Car tuer un pédophile ne fera hélas pas disparaitre ce mal abominable qu'est la pédophilie. J'attends donc autre chose du chef de l'Etat que son assimilation empathique à la famille de la victime. Au nom de l'efficacité et de la justice, je demande qu'il prenne de la hauteur, s'il en est capable.
4- Sarkozy a brandi la "castration chimique" contre les pédophiles. C'est un abus démagogique de langage. Quand on entend castration, on se dit, à juste titre: on va leur couper les couilles. C'est la pulsion la plus populaire contre le violeur d'enfant. Mais ce n'est pas la réalité désignée par cette expression, qui vise seulement à administrer des médicaments diminuant les pulsions du malade, sans nullement lui enlever sa capacité sexuelle. Là encore, l'objectif est de plaire à l'opinion, peu importe la crédibilité des propos qu'on tient.
5- Il y a quinze jours, une loi a été votée contre la récidive. Aujourd'hui, Sarkozy en rajoute par rapport à cette loi. Mais pourquoi? Etait-elle insuffisante? Ce serait la preuve que le gouvernement a été incompétent. Est-ce cela que veut nous dire Sarkozy? Ce serait alors étrange... Non, ce qu'il suggère, sans le dire ouvertement, c'est que les lois sont peu de choses, que ce qui compte fondamentalement, c'est agir, agir, agir, qu'importe les conséquences, quelles qu'en soient les causes, agir jusqu'à l'épuisement, agir parce cela plaît, pour un temps, aux français. Comme s'il était le premier à agir, comme si personne avant lui ne le faisait!
Bonne nuit.
3 Comments:
Je ne dirai rien de plus sur ton analyse du comportement de Sarkozy. Beaucoup d'esbroufe, de belles paroles dans le sens du poil et peu de réflexions. Agir à chaud est la pire réaction car l'émotion laisse peu de place à la réflexion, à l'analyse, à la prise de hauteur par rapport aux faits et aux conséquences des mesures prises.
Il y a une anomalie dans le comportement des gens. Il s'insurge (à juste titre) sur la pédophilie, les rapts d'enfants, les viols.... mais ils laissent pourtant seuls et sans surveillance leurs enfants. Comment un gamin de cinq ans peut il être enlevé si son père est là? Comment se fait-il qu'une fille de treize soit dehors seule tard dans la nuit (elle devrait soit être chez elle au lit soit avec un adulte connu de ses parents et même là il y a risque) comme j'ai pu le constater à maintes reprises? Même dans la jungle, les animaux protègent leurs petits parfois au péril de leur vie! Nous n'en sommes pas là mais le minimum serait que les adultes soient un peu plus responsables. Bien sur, les âmes bien pensantes vont me repondre qu'il faut faire confiance. Certes mais la confiance n'exclut ni le contrôle ni l'éducation! L'autonomie des enfants n'est pas l'abandon et le laisser aller. Elle s'appren et c'est très long! mais je suis surement un vieux réac.
MD
By md, at 11:46 PM
d'accord pour décrier l'hyper activité du nain . son flot de promesses d'action en jouant sur l'émotion face au fait est une simple manoeuvre dilatoire pour éxonérer l'état de sa responsabilité dans ces cas de pédophilie récidivante . les textes existent déjà dans le code pénal et de procédure pénale mais les moyens financiers et les moyens en personnel ne suivent pas . la question intelligente que devrait poser l'opposition serait : pourquoi accorde t'on des cadeaux fiscaux aux plus riches et pourquoi de donnons nous pas les moyens à la justice de faire son travail?
Autre constat : les victimes de pédophilie sont toutes issues de milieux modestes ou défavorisés, les gosses de riches n'excitent ils pas les pervers? ou les revenus de leurs parents leur procurent ils une protection anti pédophile?
par contre pas d'accord avec analyse de MD liant pédophilie et abandon éducatif des parents . les victimes de ces actes n'étaient pas livrés à eux même mais dans le cadre d'activités normales pour les enfants ( parcours d'école, aire de jeu, colonnie de vacances...) ou ayant échappé de courts instants à la surveillance des parents. VAL
By Anonyme, at 8:47 AM
- A Michel et à Val, je rappelle ce chiffre éloquent: 9 cas de pédophilie sur 10 ont lieu dans le cadre familial. Ne faisons pas non plus semblant de découvrir ce mal, qui est très ancien, mais jadis caché. Ne laissons pas croire que l'origine en serait le délitement de la société (depuis 68!). La vraie et difficile question est de savoir comment guérir de la pédophilie, comment libérer un individu de ce type de pulsions. Il y a bien sûr des réponses médicales. Mais politiquement, que faire?
- Val cerne très bien le problème de la Justice, qui ne consiste pas à rajouter des lois aux lois mais à se donner les moyens matériels, humains et financiers d'appliquer les lois, ce à quoi le gouvernement actuel tourne le dos.
By Emmanuel Mousset, at 9:07 AM
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