La vérité d'août.
Bonsoir à toutes et à tous.
Le début août est l'inconscient de tout gouvernement. Les français sont en vacances, les syndicats et les partis d'opposition sont démobilisés, le pouvoir est en situation de faire adopter les mesures inavouables et contestables. C'est le moment où les crédits ministériels sont accordés, où les ministres s'apprêtent à partir en vacances, période intermédiaire, no man's land où tout est possible, tout est permis. C'est le moment de vérité pour Sarkozy, le moment de dévoilement de son projet. Le "paquet fiscal" offrait des cadeaux sous forme d'exonérations, il fallait bien qu'ils soient payés d'une façon ou d'une autre. Depuis aujourd'hui, 1er août, nous savons, mais n'importe quel citoyen attentif au programme de Sarkozy savait depuis très longtemps.
Résumons la philosophie gouvernementale telle qu'elle éclate en plein jour, au soleil d'août: allégements fiscaux pour les plus riches, à charge pour eux de rester ou de revenir en France pour faire redémarrer l'économie. Qui paie ces cadeaux qui se veulent économiquement vertueux? D'abord l'Etat, qui lui aussi subit des allégements, mais qui l'appauvrissent alors que les allégements fiscaux enrichissent leurs bénéficiaires. 22700 postes de fonctionnaires ne seront pas renouvelés, un fonctionnaire sur trois. Ensuite l'ensemble de la population, avec les scandaleuses franchises médicales. Xavier Bertrand, celui qui aujourd'hui veut nous dissuader de faire grève, avait inauguré cette méthode issue du monde de l'assurance lorsqu'il était à la Santé, en multipliant ce genre de forfaits et les déremboursements de médicaments. Les classes populaires et les classes moyennes vont pourvoir aux besoins des riches. Tous pour quelques uns, voilà la devise gouvernementale.
Une franchise, c'est une somme que vous payez de votre poche pour vous soigner, alors que vous cotisez depuis des années pour cela, qui est un droit. Cette mesure bafoue le principe sur lequel est établie la Sécurité sociale, qui est un principe de solidarité. Chacun cotise selon ce qu'il gagne, tous sont à peu près gratuitement soignés. Avec la franchise, les premiers soins ne seront plus gratuits. Fin du principe de solidarité, fin du principe de gratuité, fin du principe d'équité. Car pour une fois, la droite défend l'égalité, parce que ça l'arrange. Riches ou pauvres, c'est le même montant de franchise que vous payez. Ce qui crée une profonde injustice, puisqu'une dépense de pauvre, lourde et vitale, n'est pas une dépense de riche, même si la somme est identique.
Venons en maintenant aux chiffres. 50 euros de franchises par an, 50 centimes par médicament et acte paramédical, 2 euros par déplacement en ambulance, certains parmi vous trouveront sans doute ces sommes légères, indolores (50 euros, ce n'est après tout qu'un restau avec ciné pour un couple!). En soi, oui, pourquoi pas, dans ma grande clémence de social-démocrate et de socialiste économiquement réaliste, je serai prêt à recevoir cet argument, d'autant que l'objectif de ce dispositif est le financement de la lutte contre Alzheimer et le cancer. Mais je vais vous dire pourquoi je ne suis toujours pas convaincu, même en faisant des efforts.
L'argument précédent, la relative modicité des sommes demandées, n'enlève pas ce qu'il y a de plus scandaleux dans le principe de la franchise: l'atteinte aux principes d'équité, de gratuité et de solidarité de la Sécurité sociale. Et les principes, ça compte dans la vie, surtout en politique! Mais, allez-vous me dire, les déficits abyssaux de la Sécurité sociale n'exigent-ils pas des mesures du type franchise, afin de sauver la Sécurité Sociale? C'était l'argument pervers de Bertrand quand il était à la Santé: sauver la Sécu en cassant la Sécu! Il fallait y penser. En vérité, le plus scandaleux, c'est que le système des franchises s'inscrit dans un projet politique général totalement déséquilibré en faveur des plus aisés. Ca ne me dérange pas qu'on demande aux pauvres de faire des efforts, à condition qu'on demande aux riches de faire encore plus d'efforts. Or, la politique de Sarkozy, c'est l'inverse: on soulage les riches, on presse les pauvres.
D'autre part, je réprouve le chantage morale et le vice tactique qui président à ces fameuses et fâcheuses franchises, contre lesquelles j'espère les français vont se révolter à la rentrée. Le chantage moral consiste à dire, comme Roselyne Bachelot ce matin sur France-Inter: que ne ferait-on pas pour nos vieux et demain pour nous mêmes atteint ou menacé par Alzheimer! La guérison en échange d'une injustice, voilà le chantage et le scandale. Le vice, c'est la dimension homéopathique de l'opération: à quoi bon s'offusquer puisque le mal est léger? En effet, je connais des poisons qui agissent sans faire souffrir, ce n'est pas une raison pour les accepter.
Une dernière remarque, la ministre de la Santé, à la question d'un éventuel nouvel impôt pour financer la lutte contre la terrible maladie, s'est courroucée:un nouvel impôt, vous n'y pensez pas, les français sont déjà suffisamment imposés comme ça. Et une franchise, c'est quoi? Certes, pas un impôt, qui aurait l'avantage d'être égalitaire et progressif, mais une taxe, ce qui revient au même en beaucoup moins bien et en beaucoup moins juste: les français sont de toute façon obligés de payer.
Ce 1er août 2007, je souhaite de tout coeur qu'il soit le premier d'un grand mouvement contre la politique de Nicolas Sarkozy, puisque désormais son injustice est manifeste.
Bonne soirée.
Le début août est l'inconscient de tout gouvernement. Les français sont en vacances, les syndicats et les partis d'opposition sont démobilisés, le pouvoir est en situation de faire adopter les mesures inavouables et contestables. C'est le moment où les crédits ministériels sont accordés, où les ministres s'apprêtent à partir en vacances, période intermédiaire, no man's land où tout est possible, tout est permis. C'est le moment de vérité pour Sarkozy, le moment de dévoilement de son projet. Le "paquet fiscal" offrait des cadeaux sous forme d'exonérations, il fallait bien qu'ils soient payés d'une façon ou d'une autre. Depuis aujourd'hui, 1er août, nous savons, mais n'importe quel citoyen attentif au programme de Sarkozy savait depuis très longtemps.
Résumons la philosophie gouvernementale telle qu'elle éclate en plein jour, au soleil d'août: allégements fiscaux pour les plus riches, à charge pour eux de rester ou de revenir en France pour faire redémarrer l'économie. Qui paie ces cadeaux qui se veulent économiquement vertueux? D'abord l'Etat, qui lui aussi subit des allégements, mais qui l'appauvrissent alors que les allégements fiscaux enrichissent leurs bénéficiaires. 22700 postes de fonctionnaires ne seront pas renouvelés, un fonctionnaire sur trois. Ensuite l'ensemble de la population, avec les scandaleuses franchises médicales. Xavier Bertrand, celui qui aujourd'hui veut nous dissuader de faire grève, avait inauguré cette méthode issue du monde de l'assurance lorsqu'il était à la Santé, en multipliant ce genre de forfaits et les déremboursements de médicaments. Les classes populaires et les classes moyennes vont pourvoir aux besoins des riches. Tous pour quelques uns, voilà la devise gouvernementale.
Une franchise, c'est une somme que vous payez de votre poche pour vous soigner, alors que vous cotisez depuis des années pour cela, qui est un droit. Cette mesure bafoue le principe sur lequel est établie la Sécurité sociale, qui est un principe de solidarité. Chacun cotise selon ce qu'il gagne, tous sont à peu près gratuitement soignés. Avec la franchise, les premiers soins ne seront plus gratuits. Fin du principe de solidarité, fin du principe de gratuité, fin du principe d'équité. Car pour une fois, la droite défend l'égalité, parce que ça l'arrange. Riches ou pauvres, c'est le même montant de franchise que vous payez. Ce qui crée une profonde injustice, puisqu'une dépense de pauvre, lourde et vitale, n'est pas une dépense de riche, même si la somme est identique.
Venons en maintenant aux chiffres. 50 euros de franchises par an, 50 centimes par médicament et acte paramédical, 2 euros par déplacement en ambulance, certains parmi vous trouveront sans doute ces sommes légères, indolores (50 euros, ce n'est après tout qu'un restau avec ciné pour un couple!). En soi, oui, pourquoi pas, dans ma grande clémence de social-démocrate et de socialiste économiquement réaliste, je serai prêt à recevoir cet argument, d'autant que l'objectif de ce dispositif est le financement de la lutte contre Alzheimer et le cancer. Mais je vais vous dire pourquoi je ne suis toujours pas convaincu, même en faisant des efforts.
L'argument précédent, la relative modicité des sommes demandées, n'enlève pas ce qu'il y a de plus scandaleux dans le principe de la franchise: l'atteinte aux principes d'équité, de gratuité et de solidarité de la Sécurité sociale. Et les principes, ça compte dans la vie, surtout en politique! Mais, allez-vous me dire, les déficits abyssaux de la Sécurité sociale n'exigent-ils pas des mesures du type franchise, afin de sauver la Sécurité Sociale? C'était l'argument pervers de Bertrand quand il était à la Santé: sauver la Sécu en cassant la Sécu! Il fallait y penser. En vérité, le plus scandaleux, c'est que le système des franchises s'inscrit dans un projet politique général totalement déséquilibré en faveur des plus aisés. Ca ne me dérange pas qu'on demande aux pauvres de faire des efforts, à condition qu'on demande aux riches de faire encore plus d'efforts. Or, la politique de Sarkozy, c'est l'inverse: on soulage les riches, on presse les pauvres.
D'autre part, je réprouve le chantage morale et le vice tactique qui président à ces fameuses et fâcheuses franchises, contre lesquelles j'espère les français vont se révolter à la rentrée. Le chantage moral consiste à dire, comme Roselyne Bachelot ce matin sur France-Inter: que ne ferait-on pas pour nos vieux et demain pour nous mêmes atteint ou menacé par Alzheimer! La guérison en échange d'une injustice, voilà le chantage et le scandale. Le vice, c'est la dimension homéopathique de l'opération: à quoi bon s'offusquer puisque le mal est léger? En effet, je connais des poisons qui agissent sans faire souffrir, ce n'est pas une raison pour les accepter.
Une dernière remarque, la ministre de la Santé, à la question d'un éventuel nouvel impôt pour financer la lutte contre la terrible maladie, s'est courroucée:un nouvel impôt, vous n'y pensez pas, les français sont déjà suffisamment imposés comme ça. Et une franchise, c'est quoi? Certes, pas un impôt, qui aurait l'avantage d'être égalitaire et progressif, mais une taxe, ce qui revient au même en beaucoup moins bien et en beaucoup moins juste: les français sont de toute façon obligés de payer.
Ce 1er août 2007, je souhaite de tout coeur qu'il soit le premier d'un grand mouvement contre la politique de Nicolas Sarkozy, puisque désormais son injustice est manifeste.
Bonne soirée.
3 Comments:
le pouvoir anésthésique du président: juillet je passe mes lois et j'envoie les sous fifres se faire casser la tête. août france out; vacances et on verra bien aprés; septembre : coupe du monde de rugby; octobre : on prépare les fêtes et tout va passer comme un suppositoire: ça fait mal au début puis aprés ça passe. cela semble plaire à tout le monde. au fait quelqu'un a vu que la libération médiatique des infirmières correspondait à des contrats d'armes et de nucléaire? ah non, c'est les vacances, on perd son cerveau .ben moi , j'envisage sérieusement de quitter ce pays de merde; val
By Anonyme, at 12:20 PM
Bonjour Val.
Il ne faut pas avoir une vision aussi pessimiste et peu réaliste. "Tout le monde il est beau, tout le monde il est pour Sarkozy", ça n'aura qu'un temps et ça finira plus vite qu'on ne le croit. C'est ainsi, c'est la loi de la politique, tout change, à un moment et à un autre.
La vraie vie, contrairement à ce que croyait Rimbaud, n'est pas ailleurs mais ici et maintenant, dans la réflexion, l'action et la vie.
By Emmanuel Mousset, at 2:43 PM
C'est au mois d'août qu'on met les bouts
Qu'on fait les fous les gros matous les sapajous
C'est l'été les vacances le soleil doux, doux, doux, doux
http://www.paroles.net/chansons/11897.htm
By jpbb, at 2:47 PM
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