L'Aisne avec DSK

24 août 2007

Zorro est arrivé.

Un ami me fait remarquer que je parle trop de Nicolas Sarkozy sur ce blog, que c'est lui fait trop d'honneur, que je me transforme en agent publicitaire, que j'entre dans son jeu qui consiste à se placer constamment au centre du jeu, etc. Je réponds à mon ami qu'on me faisait le même reproche il y a quelques années en dénonçant Le Pen et le danger de l'extrême droite. Chut, n'en parlez pas, ne leur faites pas de publicité.

J'avoue ne pas comprendre cette critique. Si ce n'était pas un ami, je ne serai pas loin de le soupçonner de lâcheté. Faire de la politique, c'est avoir des opinions et les exprimer, quand on a la chance de vivre en démocratie. Le reste, les conséquences, les avis des uns et des autres, je m'en fiche. Sarkozy aime qu'on parle de lui, je parle de lui, et alors? Mon but est de convaincre que sa politique est néfaste, en argumentant mes objections, voilà tout. Pour ce faire, il faut bien que j'en parle, je ne vais pas rester muet ou allusif. Je vais même plus loin. Sarkozy a choisi de se placer au centre de la vie politique. Eh bien, rajoutons-en, parlons de lui jusqu'au dégoût, insistons chaque jour sur la responsabilité qui est la sienne, puisqu'il l'a voulu ainsi.

De fait, nous soulignerons une grave maladie de la société française. Car un peuple qui croit que la résolution de ses problèmes passe par l'action d'un seul homme vit un état infantile, régressif. Aucune société normale, pacifique, démocratique dans le monde ne fait reposer son sort sur un unique individu, aussi énergique et talentueux soit-il. J'aurais même tendance à croire qu'une société ne surmonte ses difficultés que par une mobilisation collective, pas dans une aventure personnelle.

Prenez les déclarations de Sarkozy, mais oui, encore lui, ce matin au pays basque. En commentant un fait divers tragique où le criminel a été rendu irresponsable par la médecine, le chef de l'Etat a dit, en substance, qu'il ne fallait plus désormais penser aux délinquants mais se préoccuper du "droit des victimes". Ces propos, qui ne sont pas nouveaux dans la bouche du premier magistrat de France, sont proprement odieux, indignes d'un président de la République. On ne joue pas ainsi, par démagogie, pour plaire, pour satisfaire les bas instincts qui sont en chacun, avec des crimes abominables. Je ne sais pas ce qu'est le "droit des victimes", je ne connais que le droit tout court, la loi égale pour tous. Parler d'un "droit des victimes", c'est supposer qu'il y aurait un "droit des bourreaux", ce qui est tout aussi faux, absurde, inintelligent.

Bien sûr, je ne suis pas naïf, Sarkozy est un malin, qui veut faire croire qu'avant lui, moderne Zorro, les victimes étaient abandonnées et les délinquants acquittés, du moins moralement. Comme si, avant Zorro Sarkozy, il n'y avait pas de procureurs, de juges, d'avocats, bref de justice et de lois chargés de défendre la société, de protéger et d'indemniser les victimes, de punir et d'emprisonner les coupables! Comme s'il n'existait pas des sciences, la psychiatrie, la psychanalyse, qui ont des informations pertinentes à donner sur l'état mental des accusés. Qui est-il, lui, Sarkozy, pour prétendre tout savoir, tout faire, tout être, justicier, médecin et le reste? Je continuerai donc à en parler, à le critiquer, à dénoncer ses faits et gestes, à démonter sa politique, jusqu'à ce qu'il parte, et même après.


Bon après-midi.

2 Comments:

  • Je suppose que pour Nicolas Sarkozy envisager de faire déclarer par un tribunal en présence des proches des victimes le verdict de démence lors des fait leur permettra de mieux faire leur deuil. Une scénographie est sans doute nécessaire pour inscrire dans la représentation la conclusion de l'histoire et non pas seulement un jugement sans temps et sans visage. Si cela permet de diminuer la souffrance des proches des victimes, pour ma part je ne m'y opposerais pas bien au contraire.

    By Blogger jpbb, at 6:02 PM  

  • Cette interprétation bienveillante des propos de Sarkozy et de sa bonté envers les victimes sont évidemment discutables. Pour ma part, je retiens la dimension populiste et démagogique du personnage, mais je pèche peut-être par l'excès inverse, la marveillance.
    En matière de "scénographie" et "travail de deuil", je ferai plus confiance à l'avis d'un expert que d'un homme politique.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 8:05 PM  

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