Situationniste de droite.
Bonjour à toutes et à tous.
Comment qualifier politiquement Nicolas Sarkozy? Il faut connaître l'identité de l'adversaire pour le combattre efficacement. Je lis fréquemment que le chef de l'Etat s'inscrirait dans le "bonapartisme". Ce serait une sorte de petit Napoléon qui s'agiterait sur le devant de la scène, empruntant comme son illustre prédécesseur à la droite et à la gauche, Napoléon ayant concilié l'héritage de la Révolution avec les fastes d'Ancien Régime.
Je ne partage pas cette interprétation, qui me semble fausse et superficielle. Comment parler de "bonapartisme" en ce début de XXIème siècle? La référence est beaucoup trop anachronique. Surtout, Sarkozy n'a rien à voir avec Bonaparte ni avec Napoléon, tant du point de vue des idées que de l'action. Si j'avais à caractériser politiquement Nicolas Sarkozy, je le définirais comme un situationniste de droite. Je m'explique:
Le situationnisme est un courant politique, littéraire et artistique né dans les années 50 et fortement à l'origine du mouvement de Mai 68, du moins en ce qui concerne l'apport idéologique. Ce courant d'idées, situé à l'ultra gauche, très provocateur, reposait sur trois thématiques:
1- une intention de rupture et de radicalité à l'égard de la société existante.
2- une critique acerbe de la "société du spectacle" (c'est le titre de l'ouvrage de Guy Debord, paru en 1967).
3- une préoccupation pour la vie quotidienne dans l'objectif de la changer, de l'émanciper (dans l'ouvrage de Raoul Vaneigem, Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations, paru lui aussi en 1967).
Et quel rapport avec Sarkozy? Je vous le dis: une nouvelle version du situationnisme, mais cette fois de droite. Ce n'est pas un paradoxe: il y a bien des anarchistes de droite (les libertariens) et, à l'inverse, des gaullistes de gauche. Je vous accorde que ces espèces politiques sont rares, et certaines en voie de disparition. Mais ce n'est pas le nombre qui compte, c'est la qualité intellectuelle. Donc, pourquoi Sarkozy est-il selon moi un situationniste de droite? Parce qu'il reprend les trois thématiques exposées et les retourne à son profit, les vide de leur contenu progressiste pour les inclure dans un projet réactionnaire. Suivez-moi, si vous le voulez bien:
1- la "rupture" est prônée, répétée, proclamée par Sarkozy et ses fidèles. Hier encore, à Strasbourg, Fillon devant des parlementaires UMP impatients a redit que la "rupture" était toujours à l'ordre du jour. Sarkozy ne cesse pas de mettre en avant une "radicalité" dans ses projets, ses actes, ses paroles, son style, qui le distingue de la droite traditionnellement conservatrice. Je pense même que cette caractéristique lui a gagné des voix dans un électorat de gauche habitué lui aussi à la rhétorique de la "radicalité".
Bien sûr, nous savons à quoi nous en tenir: Sarkozy veut rompre avec 50 ans de conquêtes sociales, sa radicalité en matière de justice ou de questions de société est d'essence réactionnaire. Mais comme les situationnistes, il adopte la posture de celui qui veut rompre avec l'ordre des choses, et qui méprise les sages réformateurs (dont je suis) ou les gestionnaires de l'ordre établi (la droite classique).
2- Nicolas Sarkozy n'existe que par les médias. Son agenda est fabriqué en fonction des journaux télévisés. Jusqu'à maintenant, la "bonne communication", pour un président de la République, consistait à ménager ses effets, ne pas banaliser son image. Sarkozy fait tout le contraire: c'est un activiste des médias. Je ne sais pas s'il a lu Guy Debord, mais il a compris intuitivement son message: la société contemporaine est une société de spectacle. Sarkozy en tire toutes les conséquences: il crée presque jour l'événement, il fait son show devant une gauche médusée, essoufflée et inadaptée à la "situation".
3- Nicolas Sarkozy, comme Raoul Vaneigem, pense que la vie et la politique ne passent plus par les grandes idées ou les grandes structures mais par le quotidien. D'où l'intérêt du chef de l'Etat pour le moindre fait divers, qui le conduit à intervenir, se déplacer, recevoir les personnes concernées. Vaneigem s'intéressait à l'ordinaire en vue de sa subversion, Sarkozy à des fins réactionnaires, mais la démarche, hormis la finalité, est la même.
Bonne journée.
Comment qualifier politiquement Nicolas Sarkozy? Il faut connaître l'identité de l'adversaire pour le combattre efficacement. Je lis fréquemment que le chef de l'Etat s'inscrirait dans le "bonapartisme". Ce serait une sorte de petit Napoléon qui s'agiterait sur le devant de la scène, empruntant comme son illustre prédécesseur à la droite et à la gauche, Napoléon ayant concilié l'héritage de la Révolution avec les fastes d'Ancien Régime.
Je ne partage pas cette interprétation, qui me semble fausse et superficielle. Comment parler de "bonapartisme" en ce début de XXIème siècle? La référence est beaucoup trop anachronique. Surtout, Sarkozy n'a rien à voir avec Bonaparte ni avec Napoléon, tant du point de vue des idées que de l'action. Si j'avais à caractériser politiquement Nicolas Sarkozy, je le définirais comme un situationniste de droite. Je m'explique:
Le situationnisme est un courant politique, littéraire et artistique né dans les années 50 et fortement à l'origine du mouvement de Mai 68, du moins en ce qui concerne l'apport idéologique. Ce courant d'idées, situé à l'ultra gauche, très provocateur, reposait sur trois thématiques:
1- une intention de rupture et de radicalité à l'égard de la société existante.
2- une critique acerbe de la "société du spectacle" (c'est le titre de l'ouvrage de Guy Debord, paru en 1967).
3- une préoccupation pour la vie quotidienne dans l'objectif de la changer, de l'émanciper (dans l'ouvrage de Raoul Vaneigem, Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations, paru lui aussi en 1967).
Et quel rapport avec Sarkozy? Je vous le dis: une nouvelle version du situationnisme, mais cette fois de droite. Ce n'est pas un paradoxe: il y a bien des anarchistes de droite (les libertariens) et, à l'inverse, des gaullistes de gauche. Je vous accorde que ces espèces politiques sont rares, et certaines en voie de disparition. Mais ce n'est pas le nombre qui compte, c'est la qualité intellectuelle. Donc, pourquoi Sarkozy est-il selon moi un situationniste de droite? Parce qu'il reprend les trois thématiques exposées et les retourne à son profit, les vide de leur contenu progressiste pour les inclure dans un projet réactionnaire. Suivez-moi, si vous le voulez bien:
1- la "rupture" est prônée, répétée, proclamée par Sarkozy et ses fidèles. Hier encore, à Strasbourg, Fillon devant des parlementaires UMP impatients a redit que la "rupture" était toujours à l'ordre du jour. Sarkozy ne cesse pas de mettre en avant une "radicalité" dans ses projets, ses actes, ses paroles, son style, qui le distingue de la droite traditionnellement conservatrice. Je pense même que cette caractéristique lui a gagné des voix dans un électorat de gauche habitué lui aussi à la rhétorique de la "radicalité".
Bien sûr, nous savons à quoi nous en tenir: Sarkozy veut rompre avec 50 ans de conquêtes sociales, sa radicalité en matière de justice ou de questions de société est d'essence réactionnaire. Mais comme les situationnistes, il adopte la posture de celui qui veut rompre avec l'ordre des choses, et qui méprise les sages réformateurs (dont je suis) ou les gestionnaires de l'ordre établi (la droite classique).
2- Nicolas Sarkozy n'existe que par les médias. Son agenda est fabriqué en fonction des journaux télévisés. Jusqu'à maintenant, la "bonne communication", pour un président de la République, consistait à ménager ses effets, ne pas banaliser son image. Sarkozy fait tout le contraire: c'est un activiste des médias. Je ne sais pas s'il a lu Guy Debord, mais il a compris intuitivement son message: la société contemporaine est une société de spectacle. Sarkozy en tire toutes les conséquences: il crée presque jour l'événement, il fait son show devant une gauche médusée, essoufflée et inadaptée à la "situation".
3- Nicolas Sarkozy, comme Raoul Vaneigem, pense que la vie et la politique ne passent plus par les grandes idées ou les grandes structures mais par le quotidien. D'où l'intérêt du chef de l'Etat pour le moindre fait divers, qui le conduit à intervenir, se déplacer, recevoir les personnes concernées. Vaneigem s'intéressait à l'ordinaire en vue de sa subversion, Sarkozy à des fins réactionnaires, mais la démarche, hormis la finalité, est la même.
Bonne journée.
3 Comments:
Plutot que Sarkosy n'est ce pas plutot la politique toute entière,de droite comme de gauche ,qui est devenue"situationniste".Souviens toi c'était il y a peu de temps:
-la démocratie participative;les "vrais gens";la mise en scène permanente de sa personne etç...etç...
Autre chose qui n' a rien à voir,le "situationnisme" local dans l'Aisne nouvelle d'aujourd'hui n' est pas mal non plus.
Entre Freddy qui n'a pas entièrement tort,le secretaire fédéral qui est plutot mal à l'aise,le secrétaire de la section qui connait l'accord mais qui ne l'a pas cautionné et donc qui ne se sent pas tenu de l'appliquer.
Si l'on ajoute un conseiller qui ne siège pas et qui donc ne représente rien mais dont on dit que ,qd mm,il peut servir à qqch.
Donc Freddy est disponible pour etre rassembleur et toi tu l'es déja. Comment on va faire? Si tu as trouvé les bases d'un accord entre les hollandais et les stauss-khaniens ,j'espère que tu vas vite trouver un accord avec le 3ème courant de façon à ce que chacun ne soit pas obligé de se compter en section.Voila voila ce serait bcp plus simple non? Trop simple peut etre?
By Anonyme, at 4:07 PM
La simplicité est en effet une vertu majeure en politique, avec la clarté et la vérité. Soyons donc clairs et respectons la vérité: il n'y a pas d'accord entre strauss-kahniens (qui ne pèsent pas lourds dans la section) et les "hollandais" (je ne sais pas qui revendique cette étiquette parmi nos camarades). Ma candidature n'est pas une candidature de courant qui passerait par des tractations entre courants. C'est une candidature de rassemblement qui repose sur une volonté et trois points politiques forts:
1- l'unanimité autour de cette candidature (ou d'une autre, peu importe, pourvu qu'il y ait unanimité).
2- Une liste socialiste et ouverte.
3- Une campagne de propositions et non pas de contestation.
Voilà les "bases d'un accord", et j'attends de voir et d'entendre les points de vue de chacun sur ces trois points.
Tout ça n'a rien à voir avec des tractations entre courants dont les résultats ne pourraient être que stériles. Je respecte tout camarade pour ce qu'il est et pour ce qu'il apporte, pas parce qu'il appartient à tel ou tel courant. Je respecte Jean-Louis Cabanes parce qu'il est secrétaire de section, peu importe son courant. Je respecte Anne Ferreira parce qu'elle est députée européenne, peu importe son courant.
AV, permets moi d'être un peu brutal mais très clair et très simple en ce dimanche matin: les courants, je m'en fous, ils pourrissent la vie du parti. En revanche, je suis très attaché aux sensibilités intellectuelles, telle que celle que j'essaie d'exposer sur ce blog.
Quant à Freddy, dont j'apprécie le dynamisme, je n'apprécie pas qu'il porte des critiques dans la presse ou ailleurs contre le PS, qu'il joue la Fédération contre la section. Et je le lui dirais quand je le verrais. Je l'ai déjà dit lors de la dernière réunion de section: quand on veut rassembler, on ne commence pas par diviser.
By Emmanuel Mousset, at 9:14 AM
La critique de la "société du spectacle" par les situationnistes est fondée sur une conception du spectacle en tant que séparation et aliénation de la vie (ex : passivités du public, dont relève la FASCI-nation).
Le situationnisme n'est pas la critique de l'utilisation traditionnelle des appareils (en tant que producteurs de spectacles, entre autres) sur laquelle il ne fait que reposer. Il est effectivement une action sur eux.
Cette action est elle aussi singulière, et n'est pas du tout le moyen mais la fin : elle n'est pas du tout le moyen, pour le pouvoir, d'exercer la fascination dont il dépend, mais la fin, pour tous les hommes, de s'approprier leur temps, leur énergie, et d'exercer leur liberté sur le mode actif et ludique d'un dialogue artistique complètement en "rupture" avec cette FASCI-nation (passive).
L'action situationniste consiste en la destruction de toute forme de séparation, notamment entre travail, création, réflexion, vie quotidienne. La réunification des activités humaines dans le temps, dans l'espace et dans toutes les modalités de leurs exercices, est le JEU. ce qui conduit Debord à écrire "ne travaillez jamais" (travail au sens traditionnel). Ce qui n'a rien à voir avec
TRAVAILLEZ PLUS...
Le situationnisme n'a pas, et n'a jamais eu le monopole du lexique de la rupture. La rupture situationniste est singulière : elle est une rupture avec le rapport mercantile en tant que fondement de la société humaine traditionelle, en tant que motivation principale de ses membres. Ceci n'a rien à voir avec...
... POUR GAGNER PLUS.
Vous me semblez avoir oublié un point fondamental : le situationnisme n'est pas une rhétorique.
Pour ces raisons, je trouve votre article assez dangereux.
By Anonyme, at 11:41 AM
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