L'Aisne avec DSK

05 octobre 2007

La société d'assistance.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je suis toujours surpris d'entendre brocarder "l'assistanat", attitude désormais partagée par tous, droite et gauche confondues. Non pas que je sois particulièrement favorable à l'assistanat, car mieux vaut, dans la vie, disposer d'un travail stable, d'un salaire correct et ne pas avoir besoin de réclamer l'aide de l'Etat. Il n'empêche que le chômage, la précarité, la misère, ça existe, et qu'il faut bien y remédier par l'assistance sociale. Non, ce qui me surprend, c'est de constater que cette société qui semble unanime à rejeter l'assistanat le pratique et le généralise de plus en plus, comme si elle dénonçait ce qu'elle était. Je vous donne quelques exemples:

- A la moindre difficulté, au plus petit événement malheureux, diverses corporations ou professions quémandent l'aide de l'Etat, qu'il s'agisse des agriculteurs, des commerçants ou entreprises de toute sorte.

- L'assistanat n'est pas seulement financier mais quasiment culturelle, grâce ou à cause de la technologie. Le GPS nous assiste dans notre orientation, l'agenda électronique nous rappelle nos rendez-vous. Je connais des personnes qui sont désormais perdues lorsqu'elles doivent se repérer par elles-mêmes, d'autres qui oublient leur réunion si on ne le leur rappelle pas.

- Enfin, il y a la mode du coach. Pour décorer sa maison, s'habiller correctement, se relooker, éduquer ses enfants, se faire des amis, trouver l'âme-soeur, etc, la demande d'assistance est puissante, nos concitoyens ne savent plus se débrouiller par eux-mêmes dans les décisions les plus élémentaires de l'existence.

- Il y a une cinquantaine d'années, la classe ouvrière et les milieux populaires vivaient dans une relative autonomie. Le jardinage assurait une partie de leur alimentation, le bricolage remédiait aux problèmes pratiques et matériels, les divertissements étaient incomparablement moins sophistiqués qu'aujourd'hui et pouvaient s'organiser à peu de frais (jeu de cartes, pétanque, partie de pêche,...). Aujourd'hui, les individus et les familles sont soumis à la consommation des grands magasins, leur dépendance est profonde, le développement du crédit en est un aspect.

Les "assistés" sont détestés parce qu'ils nous renvoient à nous-mêmes, reflètent en pire ce que nous sommes devenus grâce à ou à cause de la société de consommation. Ils sont méprisés pour une autre raison, leur pauvreté. L'assistanat des riches ne dérange personne.


Bonne soirée.

3 Comments:

  • Il est interdit d'interdire disait on en 1968! Les jeunes qui ont été élevés en ces temps là ont vagabondé dans la vie sans repères ni beaucoup de règles! Ils n'ont pas appris à lutter (mot peut être un peu fort) pour obtenir quelque chose. L'éducation est devenue relativement laxiste. Etant perdus car sans cadre dans lequel évoluer, les jeunes d'antan sont devenus les adultes d'aujourd'hui et n'ont toujours pas plus de repères. Ils ont suivi le mouvement. Ils n'ont d'autres ressources pour ceux qui n'ont pas suffisamment pour subsister que l'assistanat ( y compris pour les responsables d'entreprises qui recherchent la moindre aide et subvention). Se battre est devenu héroîque et quasiment mission impossible! L'Etat (de droite comme de gauche) entretient cela car il est plus facile de manipuler des personnes dépendantes que des volontaires actifs et combattants! La paix sociale est à ce prix!
    Il faut redonner le sens de l'effort et de la volonté! Je ne sais plus qui a dit : ceux qui réussissent sont ceux qui luttent! mais c'est assez juste.
    MD

    By Blogger md, at 10:16 PM  

  • Je suis moi aussi surpris par cet état de l'opinion qui consiste à demander systématiquement une "aide" quelconque pour n'importe quelle activité. Cette forme de moderne mendicité m'irrite. L'aide se mérite et ne doit être accordée qu'en fonction du projet.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:24 PM  

  • Je sais que la formule que je vais vous proposer n'est pas complètement pertinente, mais dans notre réflexion sur l'assistance (et je ne parle pas ici de l'aide légitime aux plus pauvres), elle n'est pas sans intérêt:

    "Ne te demande pas ce que ton pays peut t'apporter mais ce que tu peux apporter à ton pays".

    C'est de J. F. Kennedy (traduction approximative).

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:22 AM  

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