Les 4 familles.
Bonsoir à toutes et à tous.
Je viens de découvrir avec un peu de retard le sondage sur les familles de la gauche, réalisé par l'institut LH2, paru dans Libération du 12 septembre. Je ne sais pas quelle valeur accorder à ce sondage, mais il a le mérite d'exister et d'amorcer une réflexion sur l'état de notre électorat. Il en ressort que 4 familles constituent les électeurs de gauche:
- Les antilibéraux, qui se reconnaissent surtout en Besancenot et aussi en Buffet. Ils veulent nationaliser les grandes industries, se réclament de l'altermondialisme, veulent de l'utopie et du rêve en politique. Ils sont 15%.
- Les interventionnistes ou étatistes, qui croient en l'impôt et au service public, adhèrent à la laïcité. Ce sont des socialistes traditionnels, très présents dans les professions intermédiaires. François Hollande, leader populaire auprès des adhérents, leur plaît bien. Ils sont 24%.
- Les socio-libéraux, qui plébiscitent DSK, apprécient Delanoë, ont de la sympathie pour Voynet et une attirance pour Bayrou. Ils sont optimistes, se recrutent souvent chez les cadres supérieurs. Ils militent pour des baisses d'impôts et la réduction des fonctionnaires. Ils sont 26%.
- Les libéraux autoritaires, qui ont voté Royal, regroupent des ouvriers, employés et salariés du privé, pessimistes quant à leur avenir, , favorables à des baisses d'impôts, la réduction des dépenses publiques, la productivité des administrations, le développement des organismes privés en matière de protection sociale. Ils se préoccupent de sécurité et d'immigration. Ils sont 35%.
La surprise de ce sondage, c'est évidemment la 4ème famille, d'un genre tout à fait nouveau, une gauche qu'on pourrait qualifier de "populiste" si ce terme n'était pas polémique et péjoratif. Numériquement, c'est la plus importante, elle détient donc la clé d'une future victoire de la gauche. Son existence n'est certes pas nouvelle. Je ferai remonter à 2002 l'existence d'une telle sensibilité, des électeurs de gauche qui cependant portent des valeurs de droite (tout en gardant un discours de gauche!). Combien de fois, durant la campagne présidentielle de 2002, en ai-je entendu, de ces électeurs de gauche qui nous trouvaient laxistes en matière de sécurité et d'immigration, qui rejetaient les 35 heures, qui estimaient que les socialistes en faisaient "trop pour les pauvres" (critique par exemple de la CMU et de toute aide sociale)!
Il y a toujours eu une gauche autoritaire, soucieuse de sécurité et méfiante envers l'immigration, tout en demeurant très à gauche sur les questions économiques et sociales. Après tout, Chevènement en est l'une des expressions politiques. Mais ce qui est nouveau, c'est que cette gauche-là adhère au libéralisme. Une partie des classes populaires critiquent les services publics, ne croient plus en l'impôt redistributeur et font plus spontanément confiance au privé pour régler leurs problèmes. Voilà la véritable révolution, cette conversion des plus modestes au libéralisme. En même temps, ils restent de gauche, pensent que la droite représentent sociologiquement les catégories les plus aisées et donc ne lui font pas confiance, ne votent pas pour elle.
L'avenir de la gauche est sans doute dans une alliance entre les libéraux autoritaires et les socio-libéraux. Ils s'entendent économiquement mais s'opposent culturellement et sociologiquement. Il faut mettre ensemble Royal et Valls (libéraux autoritaires) et DSK et Delanoë (socio-libéraux). Quant aux étatistes et aux antilibéraux, tout les destine à se retrouver dans ce grand parti anticapitaliste qui rassemblerait de Mélenchon à Besancenot.
Bonne soirée.
Je viens de découvrir avec un peu de retard le sondage sur les familles de la gauche, réalisé par l'institut LH2, paru dans Libération du 12 septembre. Je ne sais pas quelle valeur accorder à ce sondage, mais il a le mérite d'exister et d'amorcer une réflexion sur l'état de notre électorat. Il en ressort que 4 familles constituent les électeurs de gauche:
- Les antilibéraux, qui se reconnaissent surtout en Besancenot et aussi en Buffet. Ils veulent nationaliser les grandes industries, se réclament de l'altermondialisme, veulent de l'utopie et du rêve en politique. Ils sont 15%.
- Les interventionnistes ou étatistes, qui croient en l'impôt et au service public, adhèrent à la laïcité. Ce sont des socialistes traditionnels, très présents dans les professions intermédiaires. François Hollande, leader populaire auprès des adhérents, leur plaît bien. Ils sont 24%.
- Les socio-libéraux, qui plébiscitent DSK, apprécient Delanoë, ont de la sympathie pour Voynet et une attirance pour Bayrou. Ils sont optimistes, se recrutent souvent chez les cadres supérieurs. Ils militent pour des baisses d'impôts et la réduction des fonctionnaires. Ils sont 26%.
- Les libéraux autoritaires, qui ont voté Royal, regroupent des ouvriers, employés et salariés du privé, pessimistes quant à leur avenir, , favorables à des baisses d'impôts, la réduction des dépenses publiques, la productivité des administrations, le développement des organismes privés en matière de protection sociale. Ils se préoccupent de sécurité et d'immigration. Ils sont 35%.
La surprise de ce sondage, c'est évidemment la 4ème famille, d'un genre tout à fait nouveau, une gauche qu'on pourrait qualifier de "populiste" si ce terme n'était pas polémique et péjoratif. Numériquement, c'est la plus importante, elle détient donc la clé d'une future victoire de la gauche. Son existence n'est certes pas nouvelle. Je ferai remonter à 2002 l'existence d'une telle sensibilité, des électeurs de gauche qui cependant portent des valeurs de droite (tout en gardant un discours de gauche!). Combien de fois, durant la campagne présidentielle de 2002, en ai-je entendu, de ces électeurs de gauche qui nous trouvaient laxistes en matière de sécurité et d'immigration, qui rejetaient les 35 heures, qui estimaient que les socialistes en faisaient "trop pour les pauvres" (critique par exemple de la CMU et de toute aide sociale)!
Il y a toujours eu une gauche autoritaire, soucieuse de sécurité et méfiante envers l'immigration, tout en demeurant très à gauche sur les questions économiques et sociales. Après tout, Chevènement en est l'une des expressions politiques. Mais ce qui est nouveau, c'est que cette gauche-là adhère au libéralisme. Une partie des classes populaires critiquent les services publics, ne croient plus en l'impôt redistributeur et font plus spontanément confiance au privé pour régler leurs problèmes. Voilà la véritable révolution, cette conversion des plus modestes au libéralisme. En même temps, ils restent de gauche, pensent que la droite représentent sociologiquement les catégories les plus aisées et donc ne lui font pas confiance, ne votent pas pour elle.
L'avenir de la gauche est sans doute dans une alliance entre les libéraux autoritaires et les socio-libéraux. Ils s'entendent économiquement mais s'opposent culturellement et sociologiquement. Il faut mettre ensemble Royal et Valls (libéraux autoritaires) et DSK et Delanoë (socio-libéraux). Quant aux étatistes et aux antilibéraux, tout les destine à se retrouver dans ce grand parti anticapitaliste qui rassemblerait de Mélenchon à Besancenot.
Bonne soirée.
8 Comments:
Cette classification me laisse un peu dubitatif.Je me sens plutot interventionniste,du moins je crois au role de l'état,de l'impot,etc
Tant mieux si Hollande est comme ça et si on est 24% à penser de la sorte. Mais pourquoi diable veux tu absolument que tout me destine à rejoindre Besancenot et Mélanchon. Il y aurait donc parmi les électeurs de gauche 24% + 15%=39% de personnes qui ne veulent absolument pas participer à un gouvernement et qui se situent uniquement dans la contestation.
Tout cela n'est pas très convaincant et ne saurait à mon avis prospérer.
By Anonyme, at 11:22 PM
En ce qui me concernr, je me sens à la fois interventionniste et socio-libéral
By Anonyme, at 12:06 PM
J'ai moi-même fait part de mes réserves sur ce sondage au début de mon billet.
Pour ma part, s'il faut choisir, je me range bien sûr parmi les socio-libéraux, mais je ne me reconnais pas entièrement dans le portrait qui en est fait.
By Emmanuel Mousset, at 12:35 PM
Quand on additionne les socio-libéraux qui seuls développent une vision crédible et cohérente pour le futur, avec les interventionnistes ou étatistes, qui croient en l'impôt et au service public, adhèrent à la laïcité et qui sont donc ceux qui suivent le mouvement sans rien proposer, nous sommes à 50 %
Si on rajoute les 35 % de la nouvelle gauche autoritaire qui adhère au libéralisme on arrive à 85 %
En gros, c'est ce que vise le « Manifeste pour un socialisme nouveau » que l'on peut télécharger sur:
http://moscovici.typepad.fr/blognational/2007/10/manifeste-de-so.html
Les antilibéraux n'ont plus leur place au PS. Besancenot et Buffet les attendent impatiemment pour former le parti des impuissants. En nous allégeant de ce poids mort et en présentant une nouvelle image à l'électorat qui soit séduisante, nous renouerons avec le succès électoral.
By jpbb, at 3:20 PM
Je suis choqué par cette classification.
- Les sociaux-libéraux apprécient en même temps Voynet (libertaire, antinucléaire) et Bayrou (conservateur "anti 68", pro-nucléaire) ? Sans parler des programmes économiques...Quelle cohérence ?
- Royal classée parmi les "libéraux autoritaires", je me marre !!!
Ses 100 propositions étaient étatististes au possible (créations de nouveaux services publics), et leur coût a été jugé exorbitant par les libéraux.
Ensuite, elle n'a jamais proposé de baisses d'impôts.
Enfin, ce sondage oublie qu'elle est la socialiste préférée des "écolos" (souvent bobos) proches de Voynet.
Alors :
- soit ce sondage est truffé d'approximations et d'erreurs
- soit les électeurs n'ont rien compris aux positionnements de nos leaders, dans un malentendu généralisé.
Thierry, DDA Aisne
PS : J'aime pas Valls-le-sécuritaire, ni Montebourg-le-pro-nucéaire. Dans le genre, je préfère associer Royal à Peillon.
By Anonyme, at 6:38 PM
Je comprends les réticences envers Valls et Montebourg, mais Peillon, je ne vois pas quelles idées il défend. Son courant, le NPS, est pratiquement mort.
By Emmanuel Mousset, at 7:16 PM
A propos des "gauchistes" qui s'intéressent aux "valeurs de droite"...
La Droite comme la Gauche partagent (presque) les mêmes valeurs : liberté, égalité, solidarité, ... Ce qui change, c'est "ce qu'on met" derrière ces mots abstraits.
Exemples :
La solidarité de Gauche, c'est les services publics. La Droite préfère miser sur la solidarité familiale.
La liberté de Droite, c'est le "laissez-faire" économique. La liberté de Gauche, c'est la liberté d'expression et des moeurs.
D'autre part et tout bien réléchi, je supprimerai la 4e famille (qui n'est qu'une variante de la 3e).
Thierry
By Anonyme, at 8:39 PM
Mais non Thierry, les libéraux autoritaires ne sont pas une variante du social-libéralisme! Ils se rejoignent dans une même adhésion au libéralisme économique, mais la ressemblance s'arrête là (ce qui est déjà beaucoup, il est vrai). Pour le reste, tout les oppose, sociologiquement et culturellement. Par exemple, les socio-libéraux revendiquent l'héritage de Mai 1968, les libéraux autoritaires le récusent.
By Emmanuel Mousset, at 11:12 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home