Le PS avance lentement.
Bonsoir à toutes et à tous.
Ca ne va pas toujours pas très fort à gauche, malgré quelques lignes qui bougent (lentement). Samedi, les syndicats appelaient à manifester contre les franchises médicales. Le mot d'ordre pouvait être populaire, pourtant la mobilisation a été faible.
Du côté des partis, ça n'est guère mieux. Un comité de riposte à la politique gouvernementale s'est mis en place après la fête de l'Humanité. Il se veut unitaire, sauf que les Verts, les radicaux de gauche et la LCR n'ont pas voulu en faire partie. Du coup, le PS se retrouve avec le PCF et le MRC, plus quelques groupes sans véritable représentativité. Dans de telles conditions de désunion, je crois qu'il aurait mieux valu laisser tomber l'initiative, maintenant un peu ridicule.
Les fabiusiens se sont retrouvés ce dimanche à Paris. Pas facile pour Laurent d'exister politiquement! DSK a choisi de se rendre utile au FMI, mais lui, à quoi peut-il maintenant servir? Jamais dans l'histoire de notre parti son aile gauche n'aura été autant marginalisée, alors qu'elle donnait auparavant le ton des débats, même si elle n'était pas majoritaire. Aujourd'hui, elle a perdu tout poids idéologique. C'est pourquoi ses représentants les plus lucides et les plus audacieux pressentent avec raison, de leur point de vue, qu'ils n'ont plus rien à faire au PS, qu'ils leur faut fonder, tel que le propose Jean-Luc Mélenchon, néofabiusien hétérodoxe, une nouvelle organisation. Mais vous imaginez Laurent Fabius entre Buffet et Besancenot? Moi pas, mais peut-être que je me trompe, peut-être que les hommes sont plus cohérents et conséquents que je ne le crois.
Ce qui a surtout retenu mon attention à cette réunion des partisans de Fabius, c'est l'ouverture aux autres courants, puisque Montebourg et Cambadélis étaient invités à s'exprimer à la tribune. En vérité, il faut revoir ce système des courants, qui est devenu néfaste à la vie du parti. Quand je vois des adhérents qui ne se définissent plus comme membres du parti socialiste mais d'abord comme membres d'un courant, je dis qu'une limite a été franchie. Qu'il y ait des sensibilités intellectuelles, comme celle qui s'exprime à travers ce blog, d'accord. Mais des petit partis à l'intérieur du grand, non, ça ne va pas.
De ce point de vue, les lignes bougent un peu, comme je le remarquais au début. Il y a cette ouverture des fabiusiens, qui n'aurait pas été imaginable auparavant. Du côté strauss-kahnien, le départ de Dominique au FMI ne peut qu'accélérer le mouvement de recomposition, qui doit passer par une phase de décomposition des courants. Le Figaro, je crois, rapporte des propos de Cambadélis affirmant qu'il n'y a plus, depuis quelques jours, de "strauss-kahniens", mais des membres d'un courant, "Socialisme et Démocratie" (il va falloir que je songe à modifier le titre de ce blog!).
Je terminerai par cette phrase de Jack Lang, qui fleure bon la langue de bois telle qu'elle ne devrait plus exister. La rumeur court qu'il pourrait entrer dans le gouvernement à l'issue d'un prochain remaniement. Ce serait un nouveau très mauvais coup porté au PS. Au lieu de dire clairement "je n'entrerai jamais dans un gouvernement de droite" (chose qu'un socialiste devrait normalement dire avec beaucoup de facilité), l'ami Jack préfère la réponse suivante: "la question d'une entrée au gouvernement ne se pose pas". Je ne suis pas pinailleur mais je prends les mots très au sérieux, et c'est normal quand on fait de la politique. Lang nous parle de la "question", mais vous et moi, ce qui nous intéresse, c'est la réponse. Or, on ne répond pas à une question en disant que la question ne se pose pas, car cela revient à ne pas répondre, à refuser la question, un peu comme si Lang nous disait: "ne me posez pas cette question, elle me dérange, je n'ai pas envie d'y répondre". Nous sommes presque dans le lapsus freudien, qui révèle sans le dire vraiment ce qu'il tente de cacher, en le laissant sous-entendre. Si la question d'un ralliement de Lang à Sarkozy ne se pose pas aujourd'hui, c'est qu'elle pourrait un jour se poser. Voilà comment j'interprète la formule alambiquée de notre camarade.
Cette réflexion me fait penser à d'autres formules, véritables perles du lapsus politique. Quand j'entends un camarade me préciser qu'il n'est pas candidat à une élection quelconque mais qu'il est "disponible" et qu'il "ne s'interdit rien", j'ai compris: il a une envie folle de se présenter!
Bonne soirée.
Ca ne va pas toujours pas très fort à gauche, malgré quelques lignes qui bougent (lentement). Samedi, les syndicats appelaient à manifester contre les franchises médicales. Le mot d'ordre pouvait être populaire, pourtant la mobilisation a été faible.
Du côté des partis, ça n'est guère mieux. Un comité de riposte à la politique gouvernementale s'est mis en place après la fête de l'Humanité. Il se veut unitaire, sauf que les Verts, les radicaux de gauche et la LCR n'ont pas voulu en faire partie. Du coup, le PS se retrouve avec le PCF et le MRC, plus quelques groupes sans véritable représentativité. Dans de telles conditions de désunion, je crois qu'il aurait mieux valu laisser tomber l'initiative, maintenant un peu ridicule.
Les fabiusiens se sont retrouvés ce dimanche à Paris. Pas facile pour Laurent d'exister politiquement! DSK a choisi de se rendre utile au FMI, mais lui, à quoi peut-il maintenant servir? Jamais dans l'histoire de notre parti son aile gauche n'aura été autant marginalisée, alors qu'elle donnait auparavant le ton des débats, même si elle n'était pas majoritaire. Aujourd'hui, elle a perdu tout poids idéologique. C'est pourquoi ses représentants les plus lucides et les plus audacieux pressentent avec raison, de leur point de vue, qu'ils n'ont plus rien à faire au PS, qu'ils leur faut fonder, tel que le propose Jean-Luc Mélenchon, néofabiusien hétérodoxe, une nouvelle organisation. Mais vous imaginez Laurent Fabius entre Buffet et Besancenot? Moi pas, mais peut-être que je me trompe, peut-être que les hommes sont plus cohérents et conséquents que je ne le crois.
Ce qui a surtout retenu mon attention à cette réunion des partisans de Fabius, c'est l'ouverture aux autres courants, puisque Montebourg et Cambadélis étaient invités à s'exprimer à la tribune. En vérité, il faut revoir ce système des courants, qui est devenu néfaste à la vie du parti. Quand je vois des adhérents qui ne se définissent plus comme membres du parti socialiste mais d'abord comme membres d'un courant, je dis qu'une limite a été franchie. Qu'il y ait des sensibilités intellectuelles, comme celle qui s'exprime à travers ce blog, d'accord. Mais des petit partis à l'intérieur du grand, non, ça ne va pas.
De ce point de vue, les lignes bougent un peu, comme je le remarquais au début. Il y a cette ouverture des fabiusiens, qui n'aurait pas été imaginable auparavant. Du côté strauss-kahnien, le départ de Dominique au FMI ne peut qu'accélérer le mouvement de recomposition, qui doit passer par une phase de décomposition des courants. Le Figaro, je crois, rapporte des propos de Cambadélis affirmant qu'il n'y a plus, depuis quelques jours, de "strauss-kahniens", mais des membres d'un courant, "Socialisme et Démocratie" (il va falloir que je songe à modifier le titre de ce blog!).
Je terminerai par cette phrase de Jack Lang, qui fleure bon la langue de bois telle qu'elle ne devrait plus exister. La rumeur court qu'il pourrait entrer dans le gouvernement à l'issue d'un prochain remaniement. Ce serait un nouveau très mauvais coup porté au PS. Au lieu de dire clairement "je n'entrerai jamais dans un gouvernement de droite" (chose qu'un socialiste devrait normalement dire avec beaucoup de facilité), l'ami Jack préfère la réponse suivante: "la question d'une entrée au gouvernement ne se pose pas". Je ne suis pas pinailleur mais je prends les mots très au sérieux, et c'est normal quand on fait de la politique. Lang nous parle de la "question", mais vous et moi, ce qui nous intéresse, c'est la réponse. Or, on ne répond pas à une question en disant que la question ne se pose pas, car cela revient à ne pas répondre, à refuser la question, un peu comme si Lang nous disait: "ne me posez pas cette question, elle me dérange, je n'ai pas envie d'y répondre". Nous sommes presque dans le lapsus freudien, qui révèle sans le dire vraiment ce qu'il tente de cacher, en le laissant sous-entendre. Si la question d'un ralliement de Lang à Sarkozy ne se pose pas aujourd'hui, c'est qu'elle pourrait un jour se poser. Voilà comment j'interprète la formule alambiquée de notre camarade.
Cette réflexion me fait penser à d'autres formules, véritables perles du lapsus politique. Quand j'entends un camarade me préciser qu'il n'est pas candidat à une élection quelconque mais qu'il est "disponible" et qu'il "ne s'interdit rien", j'ai compris: il a une envie folle de se présenter!
Bonne soirée.
7 Comments:
Effectivement, la gauche est en pleine effervescence. Ce qui se joue, c'est d'obtenir un positionnement clair et lucide pour aller à la bataille avec une chance sérieuse de séduire l'électorat par une vision cohérente et des représentants solides duquel émergera notre candidat en 2012. C'est une véritable mutation. Un courant doit donc s'imposer, et balayer les diverses impasses actuelles tant idéologiques que personnelles. C'est le prix à payer.
By jpbb, at 9:34 PM
Dire que la gauche du PS a perdu tout poids idéologique relève peut etre de l'incantation mais pas de la réalité.
Lorsque j'écoute et que je lis Laurent Fabius sur:
-la crise financière et les moyens d'y faire face
-son analyse des enjeux du futur
-la gauche moderne qui n'est pas nécessairement droitière
-lorsque je vois la qualité des débats samedi dernier à Paris. Le monde dans la salle,a l'extérieur et devant la télévision; Je me dis qd mm que l'on n'a pas nécessairement bcp de dirigeants de cette qualité.
Laurent Fabius veut simplement un PS à 35% au premier tour en rassemblant à gauche. As tu qqch contre?
Pour le reste entièrement d'accord avec ton analyse des courants qui me "gonflent"aussi.
By Anonyme, at 10:31 PM
Qui n'est pas pour un PS à 35%, et même plus! Mais je pourrais retourner contre Fabius le reproche que tu me fais de l'incantation... Ne te laisse pas abuser par un rassemblement parisien sans doute important et intellectuellement de bon niveau, mais qui n'empêchera pas que les idées de Fabius n'ont plus aujourd'hui prise sur le PS. Je ne m'en réjouis pas, je crois faire un constat assez objectif. Je suis même parfois un peu inquiet devant un PS qui a tendance à se "droitiser" beaucoup trop. D'où ma défiance pendant la campagne interne envers Ségolène Royal. Et pourtant, un strauss-kahnien est plutôt indulgent en la matière!
By Emmanuel Mousset, at 10:53 PM
Cette fois je crois que c'est toi qui est dans le commentaire et non pas dans l'argumentation.Si parler de la crise financière et des enjeux du futur c'est de l'incantation alors effectivement faut arréter de discuter.
Par ailleurs qu'est ce qui te fait dire que ses idées n'ont plus prise sur le PS.Tu mesures comment et c'est quoi ton instrument de mesure? Tu écrivais hier par exemple ,ou avant hier que les strauss-khaniens et donc les idées de DSK ne pesaient pas bien lourd dans la section ,mais elles pèsent lourd ou?
By Anonyme, at 12:12 AM
Cher AV, pourquoi compliques-tu notre échange alors que tout est tellement simple:
- L'incantation ne concernait pas les idées de Fabius (qui sont estimables et remarquables) mais son voeu d'un PS à 35%. Tu sais bien que je respectes toutes les idées, et encore plus quand elles proviennent d'un camarade.
- Mon instrument de mesure est le dernier en date, le vote des adhérents lors de la désignation de notre candidat à la présidentielle. Tu connais les résultats nationaux:
ROYAL: 60%
DSK: 20%
FABIUS: 20% (en réalité, Fabius a fait un peu moins que DSK et est arrivé en 3ème position, mais je ne veux pas chipoter bêtement).
Voilà où nous en sommes. Je ne te dis pas que les rapports de forces ne peuvent pas évoluer, mais les derniers instruments de mesure donnent ces résultats là.
- Les idées de DSK dans la section de Saint-Quentin représentaient 16% lors de ce scrutin, c'est donc moins qu'au niveau national. Dans certaines fédérations, DSK fait un chiffre plus important. Mais l'essentiel est ailleurs: il y a une compatibilité politique entre DSK et Ségolène, qui forment à eux deux un bloc d'environ 80% et que je qualifierai de "moderniste", face auquel l'aile gauche, Fabius-Mélenchon-Filoche-Dollez me semble très marginalisée. Je ne m'en réjouis pas, je ne m'en désole pas, je constate. Maintenant, si tu peux me démontrer que les idées de Fabius sont majoritaires actuellement au sein du PS, je veux bien t'écouter...
By Emmanuel Mousset, at 9:50 AM
Ce sur quoi nous pouvons probablement nous mettre d'accord c'est ceci:
-arretons de parler de courants
-arretons de parler des personnes;
DSK est au FMI, laissons le travailler.
Fabius se retire sur son aventin,laissons le prendre du champ.
Ségolène semble se désintégrer toute seule ,laissons faire.
Mais reconnaissons et acceptons le fait que nous puissions avoir des sensibilités différentes à l'intérieur du meme parti et faisons et laissons vivre ces sensibilités en leur accordant une place raisonnable sans nécessairement se compter à chaque instant.
By Anonyme, at 1:59 PM
Entièrement d'accord avec toi, avec seulement une petite réserve: je ne suis pas certain que Ségolène soit en train de se "désagréger", elle reste populaire dans le parti, il faudra faire avec. Mais elle est socialiste elle aussi, non?
By Emmanuel Mousset, at 9:02 PM
Enregistrer un commentaire
<< Home