L'Aisne avec DSK

06 octobre 2007

Le nouveau BHL.

Bonsoir à toutes et à toutes.

Un nouveau livre de Bernard Henri Lévy, c'est comme le prochain film de Woody Allen, on l'attend, on espère, on compare avec les précédents. Sauf ceux qui se croient très intelligents, qui n'aiment pas les belles gueules, les chemises blanches échancrées et les grosses fortunes, donc qui détestent BHL. Ne comptez pas sur moi pour jouer à "plus intelligent que moi, tu meurs". Je ne sais pas si BHL marquera l'histoire de la philosophie, pas plus que je ne sais si DSK marquera l'histoire de la politique. Ce qui m'intéresse chez l'un et chez l'autre, c'est leur capacité à me faire réfléchir et les nombreuses idées que je partage avec eux.

Je n'ai pas encore lu le nouveau BHL, Le grand cadavre à la renverse, mais j'ai pioché sur internet quelques informations qui m'ont mis l'eau à la bouche. Le bouquin paraît mardi prochain, je l'achèterai. En attendant, voilà quelques entrées avant d'attaquer le plat de résistance:

- BHL commence par un portrait de Sarkozy qui justifie que notre ancien "nouveau philosophe" ne l'ait pas rallié. Ce n'est pas rien, quand on saît que son copain Glucksmann et d'autres intellectuels ont fait le pas.

- BHL veut lui aussi refonder la gauche, qui demeure sa famille, et il explique comment. Il propose d'abandonner le terme de "socialiste", comme Valls, car il rappelle trop, à nos amis des pays de l'Est, les dictatures qu'ils ont subis. Il n'a pas tort. Pour le reste, histoire, valeurs, idées, BHL revendique l'héritage.

- Sur la droite, on comprend pourquoi il n'en fera jamais partie. Trois évènements le lui interdisent: Vichy, le colonialisme, Mai 68. Sur ce dernier évènement, BHL en fait le point d'achoppement entre Sarkozy et lui. Très bien vu.

- Puis BHL entre dans la récente actualité. Pas de langue de bois, les émeutiers de 2005 sont des "barbares", et l'état catastrophique des banlieues ne justifie en rien le vandalisme et la délinquance, contrairement à ce que croit une gauche romantique toujours prête à justifier n'importe quelle révolte.

- BHL prend la défense de Ségolène Royal, qu'il a soutenue sans être toujours d'accord avec elle. Son livre nous apprend que Chevènement, qu'il déteste, a exercé une étrange influence sur elle. Etrange parce que Chevènement est carrément antilibéral, à la différence de Ségolène, mais avec elle il partage un certain autoritarisme sur les questions de société. J'ai le sentiment que BHL perçoit Ségolène comme une femme en recherche, ne sachant trop à qui se confier, écartelée entre BHL et Chevènement.

- Les communistes et l'extrême gauche en prennent pour leur grade, ce qui n'est pas pour surprendre. BHL déteste l'antilibéralisme, il ne considère pas cette sensibilité comme faisant partie de la famille de gauche. Il y a des moments où je ne suis pas loin de penser comme lui, s'il n'y avait... les impératifs électoraux.

- BHL a deux ennemis. D'abord le socialisme national, que Chevènement incarne depuis 40 ans, anti-européen, anti-américain et fondamentalement droitier. Ensuite le "fascislamisme",, antisémite, antidémocrate, terroriste, qu'une certaine gauche soutient parce qu'il se présente faussement comme le "parti des pauvres". Là encore, rien à redire, BHL a raison.

J'attends mardi, l'achat et la lecture de l'ouvrage pour vous en dire plus.


Bonne soirée.

7 Comments:

  • Je n'ai pas compris l'alliance Royal-Chevènement. Car ce qui les rapproche ("l'autoritarisme") me semble anecdotique par rapport à ce qui les sépare (Europe, politique énergétique, ...).
    Sur le net, les blogs antilibéraux "vomissent" sur BHL ; je lirai donc son bouquin.
    Thierry

    By Anonymous Anonyme, at 9:41 PM  

  • BHL explique que Chevènement, au début de 2007, a eu une influence prépondérante auprès de Ségolène Royal et de son staff de campagne. De fait, dans l'Aisne, le MRC s'est montré d'un soutien absolu, ce qui m'a beaucoup surpris. L'archaïsme de Chevènement ne cadrait pas avec le modernisme de Ségolène. Il y a là quelque chose d'étrange. Je ne sais pas ce qu'il en restera et ce qu'il en deviendra. On dit aussi que les petites troupes du MRC pourraient entrer dans un PS "ségolénisé". Je ne sais vraiment pas ce qu'il faut en penser. Tout cela me parait idéologiquement confus.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 10:49 PM  

  • Remarquez Emmanuel, le titre est bon, on imagine sans peine Ségolène, blême, les bras en croix, les cuisses écartées, exhalant un doux parfum de putréfaction, morte sur le champ de bataille, le sein glacé par la lente brume montant des fossés emplis de bruyère. Tout passe, les rêves de gloire, le long sanglot d'une trompette couinant les réveils douloureux. Que cela vous mette l'eau à la bouche, je ne vous savais pas charognard. Bon, que voulez vous, même les hommes en noir ont des goûts qui leur sont personnels.

    Revenons donc au texte...

    C'est étonnant que BHL veuille refonder la gauche, je ne l'ai pas croisé sur le forum idoine. Ah bon, il veut juste changer un mot. Bien.

    BHL soutient donc le délicieux cadavre, c'est du Jospin ça, bien que cela lui pèse sur les bras. Chevènement pratique le vaudou ? et pas BHL ? Et les deux égorgent un poulet noir au dessus de la sainte dépouille. Méfiez-vous Emmanuel, et cessez ces ridicules coat-coat, vous allez vous faire repérer. Plus que l'écarteler, aimeriez-vous qu'on la démembre ? Vous sauveriez votre peau.

    Donc pour vous faire élire, vous êtes prêts à manigancer avec tous les tordus de gauche. Je sens que je ne vous aide pas, là. Finalement je trouve BHL sympathique, malgré mon intelligence porté en écharpe et mon anorak par ces temps frais. Parce que Chevènement, on en rit et on en pleure, toute la crasse intellectuelle de gauche réunie en toute gentillesse. Le curare n'explique pas tout. Bon, on ne va pas chipoter, vu son âge, inutile d'agiter le scalpel, on sait qu'une grosse tarte marxiste oblitère tout avenir sur un esprit terne porté par une défroque clownesque. A mardi donc...

    By Blogger jpbb, at 10:50 PM  

  • JPB fait dans la poésie trash... "Le grand cadavre", c'est toute la gauche, pas le ségolénisme!

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:28 PM  

  • Comment le savez vous ? C'est quand même la candidate qui a versé dans le fossé le char du PS et qui s'est crachée, en plus elle suppose qu'on lui a planté un poignard dans le dos. Et comme BHL est un romantique à col blanc, il faut bien sûr derrière les mots trouver l'hommage à la dame morte. Comme vous le savez, en Chine le blanc est la couleur du deuil. Plein de bravoure notre philosophe, depuis le vert des bouquets de fleurs embaument la sainte relique ;-)

    By Blogger jpbb, at 11:39 PM  

  • Deux précisions (et correctifs) par rapport à l'ouvrage de BHL:

    1- "Le grand cadavre à la renverse", expression qu'il reprend à Jean-Paul Sartre, désigne le concept de nation auquel il reproche à une partie de la gauche de se raccrocher.

    2- BHL parle de "barbarie" à propos des émeutes de 2005 mais ajoute que la Commune de Paris a en son temps, elle aussi, été considérée comme "barbare" et que toute insurrection sociale enferme une part de violence.

    By Blogger Emmanuel Mousset, at 11:29 AM  

  • Voilà, Nation, drapeaux à la fenêtre, discours de Ségolène Royal, blanc blanc blanc, grand champ de neige recouvrant le champ de bataille, et dans un coin, un oeil à gauche et l'autre à droite, seul et misérable Jean Sol Parte. La trompette, c'était donc celle de Boris Vian. Eh bien dites donc Emmanuel, ensuite certains rationalistes prétendent que l'inconscient n'existe pas. Vous en avez la preuve sous les yeux. Je suppose que BHL n'aime pas le canard (de barbarie) et qu'au trombone à coulisse de Finkielkraut, il préfère la voix suave de sa femme. Vous voyez, Freud était beaucoup plus intelligent que Marx et en plus il respectait l'homme, femme incluse. D'ailleurs quand vous faites l'union des deux au sens mathématique du terme, vous obtenez la bête à deux dos, celle que Brassens chantait. Finalement tout finit en chant son, mon, ton, ma, taratata. Vous pouvez rajouter « Le temps des cerises », poignante et qui ravive une blessure au cœur. Faut que ça saigne bien fort donc, et on retombe sur Vian. Je suis étonné que vous ne l'ayez pas encore cité, pourtant c'est un auteur majeur, qui a inspiré tous les charlies hebdoseurs de la planète. L'arrache cœur, c'est quand même quelque chose, un mélange de Verlaine et de Céline. Mais c'est vrai la violence fait partie de l'humain. Le tout est d'arriver à la chevaucher...

    By Blogger jpbb, at 11:07 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home