L'Aisne avec DSK

17 octobre 2007

Maturité et "vieille politique".

Bonsoir à toutes et à tous.

Dans quelques jours, nous connaitrons à Saint-Quentin le nom de notre tête de liste aux élections municipales. Notre ville, la première de l'Aisne, est la seule du département où l'on ne sache pas exactement qui sera "le premier des socialistes", selon la terminologie exacte. Ce n'est pas grave, d'ailleurs. Mieux vaut prendre son temps, discuter, se concerter, que de se donner un candidat dans la précipitation, ou pire, dans la résignation. La bataille électorale sera trop difficile pour qu'on se donne un candidat par défaut. Qui sera désigné? Je ne sais pas, tout est ouvert, le seul objectif est d'investir celui ou celle qui sera jugé le meilleur et le plus rassembleur. Ce sera moi (je le souhaite, évidemment) ou un autre (ce n'est pas impossible), mais, au risque de vous surprendre, je pense que l'essentiel est ailleurs.

Dans quelques jours, ce ne sera pas avec des candidatures individuelles que nous aurons rendez-vous, mais avec notre maturité politique. Je me bats là dessus depuis un an, depuis ces législatives où nous avons eu deux candidates à la candidature, c'est-à-dire, selon moi, une de trop, compromettant ainsi notre unité. Quand on est en situation de faiblesse, on n'a pas le droit de se diviser. Quand on est fort, qu'on occupe le pouvoir, c'est différent, on peut se permettre beaucoup de choses, quoique la division soit toujours mauvaise conseillère. Pour des municipales, la division est encore plus destructrice puisque c'est un scrutin de liste, où l'on doit impérativement rassembler une fois qu'on a été désigné.

En matière de maturité politique, je suis plutôt confiant pour les prochains jours. L'idée d'unité a fait des progrès parmi nos camarades, et d'abord dans ma tête! J'ai fait les efforts nécessaires pour comprendre les autres, me rapprocher de ceux desquels je m'étais éloigné. Bref, je trouve que le climat est meilleur, la conscience politique plus forte, l'intérêt collectif mieux saisi, et c'est cela que j'appelle la maturité politique. Nous saurons bientôt si cette maturité ira jusqu'à son terme. Si nous aboutissons à une candidature unanime, nous aurons surmonté la première étape et la première épreuve de la campagne, nous aurons dépassé les ambitions personnelles (par ailleurs légitimes) pour nous élever à l'intérêt général. Moi ou un autre, peu importe, car ce qui importe, c'est la candidature unanime, rassembleuse, c'est-à-dire efficace, gagnante. S'il y a la semaine prochaine plusieurs candidatures, nous aurons raté notre entrée en campagne, nous aurons réactivé les germes de la division, nous n'aurons pas atteint la maturité politique.

Je suis plutôt optimiste pour le proche avenir, mais je reste lucide, la "vieille politique" n'est pas morte, et elle peut resurgir à n'importe quel moment (y compris dans quelques jours!). C'est pourquoi je veux à nouveau, ici, et inlassablement, la dénoncer. En quoi consiste-t-elle, et pourquoi est-elle mortifère?

1- D'abord, cette "vieille politique" repose exclusivement sur les détestables rapports de force, qui en vérité nous affaiblissent. C'est l'éternelle tentation de "se compter", comme on dit, tentation d'autant plus forte qu'on est minoritaire. Le rapport de force entre camarades qui devraient cultiver entre eux la fraternité est un signe d'immaturité absolue, le besoin d'exister à tout prix. La conséquence en est la démission de l'intelligence et le triomphe de l'infantilisme. On ne réfléchit plus, on ne se rencontre pas, on ne discute pas, mais on s'affronte puis on passe au vote. Oui, cet état d'esprit est détestable, je le refuse totalement.

2- La "vieille politique" utilise des moyens aussi détestables que son état d'esprit: le cynisme, le double langage, la manipulation, quand ce n'est pas, parfois, le chantage. La faculté de s'adapter à son interlocuteur, de tenir le discours qu'il attend de vous, de le flatter pour le corrompre, cette politique misérable, je la rejette. Pour ma part, qu'on soit d'accord ou pas avec mes analyses et mes propositions, je tiens à tous mes camarades le même langage. Autres pratiques détestables: le goût du secret, les conciliabules de coulisses, les tractations de comptoir, les paroles codées,... Ce que j'ai à dire, je le dis à tous, publiquement, dans les réunions du parti, dans mes rencontres, sur ce blog. Je n'ai rien de fondamental à cacher. C'est pourquoi j'ai annoncé très tôt que je serai candidat, pour la simple et bonne raison que j'y ai pensé très tôt! La maturité politique, c'est aussi la transparence (et la sincérité).

3- Ce que je reproche enfin à la "vieille politique", ce sont ses ressorts psychologiques. Elle évolue plus dans le sentimental, dans l'affectif, que dans la rationalité politique. Pardonnez-moi de revenir à ma candidature, mais on ne parle bien que de ce qu'on connait, et je suis celui qui me connait quand même le moins mal! La "vieille politique" cultive à l'excès le besoin de reconnaissance, la vanité, le narcissisme, les effets de miroir qui sont dévastateurs quand ils entraînent des phénomènes de groupe irrationnels. On n'est pas candidat pour son plaisir ou pour régler un compte avec soi-même, désir de revanche ou besoin de reconnaissance. Qu'est-ce qui m'autorise alors à dire que je n'entre pas, moi aussi, dans ce schéma psychologique que je trouve politiquement très mauvais? Ecoutez, je suis professeur de philosophie, j'adore mon métier, je pourrais préparer un doctorat, écrire des livres, j'ai des responsabilités associatives relativement importantes, nombreuses et variées, j'aime la vie que je mène, quelle reconnaissance personnelle voudriez-vous que je recherche dans un statut d'élu municipal!? Si j'étais sage, avisé, prudent, malin, si surtout je n'avais pas la passion de la politique, je ne ferais pas ce que je fais, un point c'est tout.

Peut-être ce billet vous a-t-il fait sourire, peut-être allez-vous me taxer de naïf et me dire que ce que j'appelle "la vieille politique", à laquelle j'oppose la maturité politique, c'est la politique de toujours et de partout, à Saint-Quentin comme ailleurs? Vous n'auriez pas tort, à ceci près que vous oublieriez une chose: je suis socialiste, c'est-à-dire, en partie, idéaliste. Quand on se prétend de gauche, on ne pratique pas la "vieille politique".


Bonne soirée.

2 Comments:

  • Tout à fait, il faut tenir le langage de la vérité, la sienne bien entendu, ce qui permet d'être transparent et de ne pas se prendre les pieds dans le tapis. Partir du réel, et proposer une utopie réalisable. Le futur en quelque sorte... ;-)

    By Blogger jpbb, at 10:03 PM  

  • dés lors qu'à - de 6 mois d'1 échéance, aucune stratégie, aucun programme ne soient élaborés, je considére qu'il n'y a aucune maturité voire aucune vieille politique. je ne vois qu'irresponsabilité.

    By Anonymous Anonyme, at 12:42 PM  

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