Invitation.

Ca y est, j'ai fait ma rentrée. Dans mon casier, en salle des profs, j'ai trouvé une invitation de l'Amicale du personnel. Je suis adhérent, mais nous sommes peu nombreux et nos activités attirent peu de collègues, alors que nous sommes environ 200, toutes catégories confondues, au collège et lycée Henri Martin. Vous voyez à nouveau une illustration de mon billet d'hier, "L'individualisme-roi". Je vais vous citer le début de cette invitation à partager le beaujolais nouveau parce que, mine de rien, nous pouvons e faire une intéressante lecture politique:

"A l'heure de la mondialisation, de la concurrence effrénée, de la recherche d'efficacité et de performance à tout prix, prenons le temps de nous retrouver sans stress [...] pour partager un moment de convivialité simple et décontracté (sans prise de tête comme diraient les élèves!)"

Et alors, me direz-vous? Eh bien voilà: sous les banalités d'usage et peut-être l'humour de cet extrait d'invitation, je lis, je sens plusieurs choses, mais je le peux sans doute parce que je vis dans ce milieu professionnel:

1- La reconnaissance d'une souffrance du métier (pas de "stress", décontraction), dont témoignent les conversations mais qui a toujours du mal à s'exprimer.

2- Le refus d'intellectualiser la rencontre, d'évoquer les problèmes, peut-être d'entrer dans des conflits (syndicaux, politiques, pédagogiques, etc).

3- Le regard négatif porté sur la "mondialisation", la "concurrence", l' "efficacité" et la performance", qui trahit une hantise, une obsession envers des phénomènes contemporains, des valeurs actuelles que pour ma part j'assume, qu'il nous faut, selon moi, et dans notre perspective d'enseignants, reprendre à notre compte.

Dire ce qui ne va pas dans le métier, y réfléchir même au prix de désaccords entre nous, ne pas craindre la société et le monde modernes, y compris en les contestant.

Mais peut-être fais-je trop parler une simple invitation à consommer le beaujolais nouveau!


Bon après-midi.