Une France social-démocrate?
Bonjour à toutes et à tous.
Je reprends ma réflexion d'hier sur la culture social-démocrate en France. Le socialisme français, que Jean-Luc Mélenchon qualifie d' "historique", n'a pas de culture social-démocrate, en tout cas beaucoup moins que le PCF (relire mon précédent billet)! Son idéologie ne l'est pas: c'est un composé de radicalisme républicain (1789, la laïcité) et d'ouvriérisme social (Jules Guesde), avec une certaine dose d'opportunisme (Guy Mollet). Nous traînons depuis un siècle cet héritage SFIO qui n'a pas eu que ses heures de gloire. Aujourd'hui encore, dans la culture militante de base, il est flagrant que l'esprit social-démocrate est absent ou laisse perplexe quand on l'évoque.
Je prendrai pour exemple ma section. Il n'y a pas de véritable dialogue, au sens d'un échange dans lequel les points de vue de chacun sont pris en compte afin d'aboutir à un compromis et à un consensus. Non, très vite, les interventions tournent à la stratégie de la tension et à l'affrontement. La politique est vécue alors sur le mode du combat interne. Et nous sommes très loin du "gagnant-gagnant" dont je vous parlais hier! De ces confrontations, il en résulte inévitablement un gagnant et un perdant. Si ma proposition d'une candidature unanime et concertée en vue des élections municipales n'a pas prise, c'est que la démarche, naturelle pour moi, est étrangère à de nombreux camarades. Dans leur culture à eux, basée sur le soupçon, le secret, la tactique permanente, cette proposition ne pouvait que cacher une mauvaise intention!
J'insiste: nous ne sommes pas face à un problème politique (auquel cas il suffirait de se réunir autour d'une table et de réfléchir un peu pour le solutionner), nous sommes face à un problème culturel, l'absence d'une mentalité social-démocrate et de ses vertus, dialogue, confiance, compromis. Ne nous y trompons pas: la brutalité des échanges, les attaques personnels, l'hypocrisie généralisée, l'incapacité à se rassembler, la manie du complot, la méfiance envers l'extérieur (les sympathisants, les nouveaux adhérents, la presse) l'hystérie des fins de réunion, cette ambiance vient de loin et de très profond, elle s'enracine elle aussi dans une culture, à l'opposé de la culture social-démocrate.
Il faudrait aussi osculter la culture communiste, dont les traits sont similaires, à Moscou, à Pékin ou à Cuba. Le PS a hérité de certains réflexes d'un parti considéré longtemps et encore aujourd'hui par certains comme un parti "frère". La représentation de "l'ennemi de classe", par exemple, n'est pas ce qui favorise le mieux la vertu de la tolérance! Les pratiques staliniennes ne sont pas propres au PCF. Certains secteurs de l'extrême gauche et du parti socialiste en sont imprégnés.
Y a-t-il une culture social-démocrate à droite? Normalement non, puisque la social-démocratie est une culture de gauche, égalisatrice, libertaire, réformiste. Nicolas Sarkozy est sans doute l'homme de droite le plus étranger à la social-démocratie et à ses valeurs. C'est l'homme de l'affrontement, pas du compromis. Il croit plus en l'action individuelle qu'aux démarches collectives. Il est certes libéral mais très peu libertaire (sa haine de Mai 68). Pendant la campagne présidentielle et encore aujourd'hui, lorsqu'il s'adresse à la gauche pour récupérer ses électeurs (c'est de bonne guerre, car Sarkozy ne conçoit la politique que sur le mode de la guerre), il s'appuie plutôt sur la culture communiste, "la France qui se lève tôt et qui travaille dure", comme il l'appelle. Sa défense de la "valeur-travail" a des accents stakhanovistes. En revanche, Sarkozy méprise les intellectuels et les bobos, ces derniers étant la nouvelle expression d'une bourgeoisie social-démocrate. A l'inverse, la candidature Bayrou (qui n'est pas social-démocrate mais démocrate-chrétien) a été une tentative plutôt réussie d'attirer à soi les catégories imprégnées de culture social-démocrate.
Bonne matinée.
Je reprends ma réflexion d'hier sur la culture social-démocrate en France. Le socialisme français, que Jean-Luc Mélenchon qualifie d' "historique", n'a pas de culture social-démocrate, en tout cas beaucoup moins que le PCF (relire mon précédent billet)! Son idéologie ne l'est pas: c'est un composé de radicalisme républicain (1789, la laïcité) et d'ouvriérisme social (Jules Guesde), avec une certaine dose d'opportunisme (Guy Mollet). Nous traînons depuis un siècle cet héritage SFIO qui n'a pas eu que ses heures de gloire. Aujourd'hui encore, dans la culture militante de base, il est flagrant que l'esprit social-démocrate est absent ou laisse perplexe quand on l'évoque.
Je prendrai pour exemple ma section. Il n'y a pas de véritable dialogue, au sens d'un échange dans lequel les points de vue de chacun sont pris en compte afin d'aboutir à un compromis et à un consensus. Non, très vite, les interventions tournent à la stratégie de la tension et à l'affrontement. La politique est vécue alors sur le mode du combat interne. Et nous sommes très loin du "gagnant-gagnant" dont je vous parlais hier! De ces confrontations, il en résulte inévitablement un gagnant et un perdant. Si ma proposition d'une candidature unanime et concertée en vue des élections municipales n'a pas prise, c'est que la démarche, naturelle pour moi, est étrangère à de nombreux camarades. Dans leur culture à eux, basée sur le soupçon, le secret, la tactique permanente, cette proposition ne pouvait que cacher une mauvaise intention!
J'insiste: nous ne sommes pas face à un problème politique (auquel cas il suffirait de se réunir autour d'une table et de réfléchir un peu pour le solutionner), nous sommes face à un problème culturel, l'absence d'une mentalité social-démocrate et de ses vertus, dialogue, confiance, compromis. Ne nous y trompons pas: la brutalité des échanges, les attaques personnels, l'hypocrisie généralisée, l'incapacité à se rassembler, la manie du complot, la méfiance envers l'extérieur (les sympathisants, les nouveaux adhérents, la presse) l'hystérie des fins de réunion, cette ambiance vient de loin et de très profond, elle s'enracine elle aussi dans une culture, à l'opposé de la culture social-démocrate.
Il faudrait aussi osculter la culture communiste, dont les traits sont similaires, à Moscou, à Pékin ou à Cuba. Le PS a hérité de certains réflexes d'un parti considéré longtemps et encore aujourd'hui par certains comme un parti "frère". La représentation de "l'ennemi de classe", par exemple, n'est pas ce qui favorise le mieux la vertu de la tolérance! Les pratiques staliniennes ne sont pas propres au PCF. Certains secteurs de l'extrême gauche et du parti socialiste en sont imprégnés.
Y a-t-il une culture social-démocrate à droite? Normalement non, puisque la social-démocratie est une culture de gauche, égalisatrice, libertaire, réformiste. Nicolas Sarkozy est sans doute l'homme de droite le plus étranger à la social-démocratie et à ses valeurs. C'est l'homme de l'affrontement, pas du compromis. Il croit plus en l'action individuelle qu'aux démarches collectives. Il est certes libéral mais très peu libertaire (sa haine de Mai 68). Pendant la campagne présidentielle et encore aujourd'hui, lorsqu'il s'adresse à la gauche pour récupérer ses électeurs (c'est de bonne guerre, car Sarkozy ne conçoit la politique que sur le mode de la guerre), il s'appuie plutôt sur la culture communiste, "la France qui se lève tôt et qui travaille dure", comme il l'appelle. Sa défense de la "valeur-travail" a des accents stakhanovistes. En revanche, Sarkozy méprise les intellectuels et les bobos, ces derniers étant la nouvelle expression d'une bourgeoisie social-démocrate. A l'inverse, la candidature Bayrou (qui n'est pas social-démocrate mais démocrate-chrétien) a été une tentative plutôt réussie d'attirer à soi les catégories imprégnées de culture social-démocrate.
Bonne matinée.
2 Comments:
Sur le forum de la rénovation, un stalinien quelconque du PS pour me dézinguer a tenté de nier le fait que j'étais au PS en m'ordonnant d'aller poster sur les forums UMP. Je venais de détecter un sombre crétin, hériter de cette culture archaïque de gauche. Je ne pouvais que le renvoyer illico dans les cordes, pauvre de lui. Si dans la pratique politique, dans un rapport de force donnée, on tient le bon bout, il n'y a pas de raison d'en laisser un morceau aux ennemis naturels de la sociale démocratie. Il faut également savoir être ferme sur nos valeurs et notre identité personnelle.
Ausculter c'est bien, opérer pour enlever l'os, c'est mieux, bien qu'il me semble plus relever de la chose inconsciente, et donc le recours à la puissance du verbe. :-)
By jpbb, at 11:06 AM
Sur "L'Aisne avec DSK", JPB peut s'exprimer sans crainte!
En plus, il me permet de corriger mes fautes de français, qui font très mauvais effet quand on est prof: j'ai écrit ce matin "osculter" alors quil fallait écrire "ausculter". Encore un relâchement de vacances!
By Emmanuel Mousset, at 12:46 PM
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