Leçons de mémoire.
Bonjour à toutes et à tous.
J'ai regardé hier soir le deuxième volet du documentaire "Comme un juif en France", consacré cette fois à la période d'après-guerre. J'ai retenu quatre leçons de mémoire:
1- Au retour des camps de concentration, les juifs se sont enfermés dans le silence, celui de l'horreur indicible. La spécificité du génocide n'était pas alors mise en avant, mais l'ensemble des victimes de la barbarie hitlérienne, et au premier plan, non les juifs, mais les politiques, les résistants, parce qu'ils donnaient de la France (qui avait besoin de rachat après le déshonneur pétainiste) une image valeureuse et glorieuse. Dans cette immédiate après-guerre, les juifs se sont tus et la France les a, sinon oubliés, du moins minorés.
2- La naissance de l'Etat d'Israël a tout changé. Au départ, toute la gauche est derrière lui, le soutenant, quand son existence est remise en question. A l'époque, dans les années 50 et 60, il n'est pas question d'antisionisme, ni d'Israël "valet de l'impérialisme américain", mais d'un petit peuple courageux qui lutte pour sa survie après avoir été décimé par le génocide. Le juif offre de lui une nouvelle image, qui détruit celle qu'imposaient depuis des siècles les antisémites (le juif commerçant, financier, cosmopolite, fourbe, lâche): il devient bâtisseur, agriculteur, patriote et guerrier!
3- Dans les années 70 et 80, au sein d'une société qui revendique de plus en plus le droit à la différence, où cette affirmation de la différence est un gage de respect, les juifs, comme d'autres, vont cultiver leur spécificité, s'exprimer en tant que communauté, retrouver leur racines et leur histoire. La diffusion très regardée du film de télévision "Holocaust" va participer de ce mouvement. Quoi de plus normal et de plus banal? Sauf que pour les juifs, c'est une rupture avec toute une attitude d'effacement, de "privatisation" de leur identité.
4- A partir de l'attentat de la rue Copernic, les années 80 et 90 vont être celles de l'incroyable retour, celui de l'antisémitisme, des vieux clichés (juif=riche) et d'un nouveau racisme (l'antisionisme). Mais la culture antisémite française, si ancienne, avait-elle disparu? Je ne pense pas, elle a été réduite après-guerre et surtout refoulée. Bein sûr, ne faisons pas d'amalgame: le nazisme n'est pas de retour, mais l'antisémitisme, oui, lorsqu'on s'en prend violement, physiquement, à des juifs en France en les tenant pour complices et responsables de la politique israëlienne, qui peut être critiquée comme celle de n'importe quel autre Etat.
Bonne matinée (je vais faire ma rentrée des classes).
J'ai regardé hier soir le deuxième volet du documentaire "Comme un juif en France", consacré cette fois à la période d'après-guerre. J'ai retenu quatre leçons de mémoire:
1- Au retour des camps de concentration, les juifs se sont enfermés dans le silence, celui de l'horreur indicible. La spécificité du génocide n'était pas alors mise en avant, mais l'ensemble des victimes de la barbarie hitlérienne, et au premier plan, non les juifs, mais les politiques, les résistants, parce qu'ils donnaient de la France (qui avait besoin de rachat après le déshonneur pétainiste) une image valeureuse et glorieuse. Dans cette immédiate après-guerre, les juifs se sont tus et la France les a, sinon oubliés, du moins minorés.
2- La naissance de l'Etat d'Israël a tout changé. Au départ, toute la gauche est derrière lui, le soutenant, quand son existence est remise en question. A l'époque, dans les années 50 et 60, il n'est pas question d'antisionisme, ni d'Israël "valet de l'impérialisme américain", mais d'un petit peuple courageux qui lutte pour sa survie après avoir été décimé par le génocide. Le juif offre de lui une nouvelle image, qui détruit celle qu'imposaient depuis des siècles les antisémites (le juif commerçant, financier, cosmopolite, fourbe, lâche): il devient bâtisseur, agriculteur, patriote et guerrier!
3- Dans les années 70 et 80, au sein d'une société qui revendique de plus en plus le droit à la différence, où cette affirmation de la différence est un gage de respect, les juifs, comme d'autres, vont cultiver leur spécificité, s'exprimer en tant que communauté, retrouver leur racines et leur histoire. La diffusion très regardée du film de télévision "Holocaust" va participer de ce mouvement. Quoi de plus normal et de plus banal? Sauf que pour les juifs, c'est une rupture avec toute une attitude d'effacement, de "privatisation" de leur identité.
4- A partir de l'attentat de la rue Copernic, les années 80 et 90 vont être celles de l'incroyable retour, celui de l'antisémitisme, des vieux clichés (juif=riche) et d'un nouveau racisme (l'antisionisme). Mais la culture antisémite française, si ancienne, avait-elle disparu? Je ne pense pas, elle a été réduite après-guerre et surtout refoulée. Bein sûr, ne faisons pas d'amalgame: le nazisme n'est pas de retour, mais l'antisémitisme, oui, lorsqu'on s'en prend violement, physiquement, à des juifs en France en les tenant pour complices et responsables de la politique israëlienne, qui peut être critiquée comme celle de n'importe quel autre Etat.
Bonne matinée (je vais faire ma rentrée des classes).
2 Comments:
la spécificité juive existe depuis l'antiquité. le peuple hébreux à l'époque n'a connu que 50 ans de calme et de paix pendant le régne de salomon.les 14éme et 15ème siécles, en europe, ont connu des massacres et actes de barbarie à leur encontre. l'église catholique les a jugé responsables de tous les maux , même la peste noire....
il est regrettable que le devoir de mémoire de notre société chrétienne soit sélectif . je constate que nous ne savons pas tirer les conséquences du passé.
mais je constate également que la communauté juive a quant à elle tiré les leçons du passé.
l'honneur, la solidarité, la culture, la fidélité , entre'aide sont des qualités qui la caractérise et qui nous font bien défaut. VAL
By Anonyme, at 5:31 PM
Cinquième leçon de mémoire, grâce à notre historienne VAL!
By Emmanuel Mousset, at 8:10 PM
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